“Il commença à les envoyer en mission”

Dimanche 11 juillet 2021- 15ème dimanche du Temps Ordinaire (B)

« Il COMMENÇA À LES ENVOYER EN MISSION … »

            Au début de sa magnifique Exhortation sur Évangélisation et monde moderne (1975) -qu’il faudrait encore relire et méditer-, le Pape St Paul VI écrivait (§ 5) :

“La présentation du message évangélique n’est pas pour l’Eglise une contribution facultative ; c’est le devoir qui lui incombe par mandat du Seigneur Jésus, afin que les hommes puissent croire et être sauvés. Oui, ce message est nécessaire, il est unique. Il ne saurait être remplacé. Il ne souffre ni indifférence, ni syncrétisme, ni accommodation. C’est le salut des hommes qui est en cause (…) Il comporte une sagesse qui n’est pas de ce monde ; il est capable de susciter, par lui-même, la foi ; une foi qui repose sur la puissance de Dieu. Il est la Vérité. Il mérite que l’apôtre y consacre tout son temps, toutes ses énergies, qu’il y sacrifie, au besoin, sa propre vie”.

            Son successeur, St Jean Paul II, n’a cessé de parcourir le monde en proclamant partout la nécessité d’une «nouvelle évangélisation». L’évangile de ce jour nous aide à réfléchir à cette mission capitale, qui est celle de tout baptisé.

1. JESUS ENVOIE EN MISSION DOUZE APÔTRES

            Très vite, Jésus avait été suivi par beaucoup de gens. Un jour, après un long temps de prière, parmi ses disciples Il en avait choisi 12, signe évident de reconstruction de l’Israël aux 12 tribus. Pas de compétences à faire valoir, pas d’examen à subir ; de sa propre initiative, Jésus désigne les hommes qu’Il veut … Plus tard Il les enverra en mission, mais auparavant il faut «qu’ils restent avec Lui». Certes pour écouter ses enseignements, pour apprendre son message, mais surtout pour mieux Le connaître, Lui, et L’aimer. Le disciple ne peut être apôtre que si au préalable il a eu un long temps de vie partagée avec Jésus : plus que de doctrines, c’est de Lui qu’Il faudra parler aux gens.

            Après des semaines ou des mois de pérégrination ensemble à travers les villages de Galilée, le moment est venu : Jésus juge que ces hommes sont prêts à assumer sa mission. Voici l’évangile de ce jour: Jésus appelle les Douze et, pour la première fois, Il les envoie deux par deux. Il leur donne pouvoir sur les esprits mauvais et leur prescrit de ne rien emporter pour la route si ce n’est un bâton ; de n’avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie : «Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange». Il leur dit encore : «Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage». Ce texte nous éclaire sur les méthodes et le contenu de la mission.

2. COMMENT EVANGELISER ?

«Jésus les envoie deux par deux»

            Au presbytère de notre paroisse, ils ne sont jamais venus, mais peut-être ont-ils déjà frappé à votre porte : deux hommes très élégants, avec cravate, cheveux coupés assez courts, portant en badge leur nom sur leur chemise blanche. Ils sont envoyés passer une année en Europe pour nous apporter la «bonne nouvelle» du salut selon la révélation particulière faite à Joseph Smith, afin de nous permettre d’adhérer à «l’Église de Jésus-Christ des saints du dernier jour», c’est-à-dire à l’Église des Mormons.

            Ou peut-être ce sont les Témoins de Jéhovah qui, aussi deux par deux, ont sonné chez vous. Si vous leur ouvrez, vous risquez d’en avoir pour plus d’une heure d’exposé biblique, illustré de citations scripturaires contre lesquelles vous avez de la peine à répondre. Et à la fin, vous vous trouverez lestés d’une série de brochures «la Tour de garde».

            Il faut reconnaître -et même admirer- leur courage et leur dévouement, même s’ils ne sont pas, comme nous le verrons, envoyés par Jésus. D’anciens adeptes ayant quitté le mouvement expliquent le pourquoi des «deux par deux» : c’est pour exercer une surveillance sur la vérité de la doctrine et sur le comportement de l’autre. Jésus envoie les douze «deux par deux», mais non pas pour les contrôler ; le «deux par deux» s’explique parce que la mission est une entreprise d’une telle richesse qu’elle ne peut se réaliser qu’ensemble, dans la complémentarité des dons de chacun.

            On a dit que les mormons et les témoins de Jéhovah ne sont, malgré leur dévouement, leur connaissance de l’Écriture et leur «deux à deux», pas des vrais envoyés de Jésus. Rappelons-nous que c’était les douze apôtres qui ont reçu de Jésus l’autorité et qui furent envoyés. Leur futur ministère apostolique tient son autorité d’une seule source : l’envoi par Jésus. Si nous disons que l’Église est apostolique, cela signifie qu’à travers les évêques elle remonte jusqu’aux apôtres. Par conséquent, si quelqu’un vient nous parler au nom de l’évangile, voyons s’il est dans la lignée apostolique, c’est-à-dire, s’il tient son mandat des successeurs des apôtres, les évêques avec le Pape à leur tête !

«Il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route»

            Ensuite Jésus insiste fortement sur la nécessaire pauvreté des missionnaires : ne s’en aller qu’avec le strict nécessaire. Il y a là non une exigence d’ascèse mais d’authenticité. En effet, comment faire croire qu’arrive le Royaume de Dieu -donc de l’amour, et donc du partage- si les messagers ne sont pas détachés des biens de la terre ?

            Et dans ce dénuement accepté, les apôtres vont devoir dépendre des personnes rencontrées : donc l’acceptation du message se traduira dans les faits par l’accueil de ces missionnaires pauvres. L’Evangile ne sera pas une vague idée mais un fait : il va pénétrer au cœur des familles. Les premiers chrétiens ne bâtirent ni d’églises ni de chapelles : toute la vie de communauté se déroulera à l’intérieur des maisons. Et les apôtres devront demeurer au lieu de leur invitation initiale, sans chercher une autre maison où l’on mange peut-être mieux !

            Mais d’autre part, évidemment, ils auront aussi des refus : on leur claquera la porte au nez, on se moquera de ces farfelus. Les envoyés montreront alors à ces gens la gravité de leur décision : «Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage». Ne pas accepter la Bonne Nouvelle de la Vie signifie s’enfermer dans un monde voué à la mort et à la poussière ! On ne se moque pas de Dieu !

2. LE CONTENU DE L’EVANGELISATION

            Comme le Seigneur, les apôtres lanceront le cri essentiel : «Le Règne de Dieu est tout proche: convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle” (Mc 1, 15).

            Le peuple d’Israël avait des défauts, comptait en ses rangs des malfaiteurs, mais il était sans doute le plus religieux, et le plus honnête de l’époque. Et pourtant, l’accueil du Royaume du Père en et par Jésus exige une conversion, un changement de style de vie ; option tellement radicale qu’elle suscitera une opposition farouche. La foi n’est pas une assurance sur une existence honnête ni une consolation grâce à des cérémonies rituelles, mais une nouvelle façon de vivre qui tranche sur celle des autres.

            La mission est un combat terrible ; non contre des hommes mauvais, des organisations impies ou des armées adverses, mais contre des puissances démoniaques, ce mal mystérieux mais redoutable qui se dressera toujours contre Dieu pour entraîner l’humanité sur les chemins de mort …

            Il faut pourtant faire confiance en Jésus ; Il a reçu de Dieu une force supérieure que rien ne peut vaincre et Il a voulu transmettre ce pouvoir à ses envoyés. En offrant la miséricorde infinie, ils manifesteront la victoire définitive du Christ sur le mauvais et sur tout mal.

CONCLUSION

            Le monde a besoin de la lumière du christianisme. Quelle paix, quelle joie, quelle vie trouve-t-on chez ceux qui connaissent et qui aiment Dieu ! Notre message est un message de salut, un message de confiance et d’espérance, un message de joie.

            À l’aube du XXIe siècle, la Bonne Nouvelle n’est toujours pas arrivée partout, ni avec l’intensité qui est nécessaire. Nous, qui avons reçu la Bonne Nouvelle, la connaissons-nous à sa juste valeur ? Sommes-nous conscients de cette grâce ? Sommes-nous reconnaissants ? Considérons-nous comme des disciples missionnaires, poussés à annoncer la Bonne Nouvelle par notre exemple et, si nécessaire, par la parole afin qu’elle soit reçue par ceux que Dieu a mis sur notre chemin ?

            Chers frères et sœurs, Jésus nous envoie aujourd’hui comme Il a fait ses premiers apôtres. Il nous invite à évangéliser, à annoncer la Bonne Nouvelle, à combattre le mal et à venir en aide à ceux qui souffrent. L’évangélisation proclame qu’ensembles nous pouvons vaincre la violence, l’injustice, la solitude et le découragement. Le Christ nous envoie ; Il a besoin de nous ; Il nous fait confiance. Nous devons être ses mains et son cœur dans un monde qui a besoin d’amour et de tendresse.