HOMELIE du 12 novembre 2023 – 32ème DIMANCHE ORDINAIRE – Père Bertrand MONNARD

Etre prévoyant en vue du Royaume de Dieu, être prêt pour le retour du Seigneur, et donc à chaque instant pouvoir accueillir le Seigneur ; Voilà le grand appel que renferme cette parabole. Mais avant même de voir comment vivre cet accueil, arrêtons-nous sur l’essentiel.

“ Voici l’Epoux, Sortez à sa rencontre”.

C’est un cri de joie et de foi.
Car cette annonce nous parle de Dieu, tel qu’il se révèle à nous.
Le Seigneur vient, nous allons en prendre conscience à nouveau durant tout le temps de l’avent, dans quelques semaines.
Le Seigneur vient à notre recherche, à notre rencontre.
Cette phrase peut sembler normale à nos oreilles habituées de croyants !
Et pourtant quelle extraordinaire révélation !
Le Seigneur vient à notre rencontre. Une foi vivante ne peut que nous maintenir dans un véritable étonnement devant cette révélation.
Qui donc est Dieu ? Mais aussi qui donc est l’homme ?
Qui donc est l’homme pour être destinataire d’une telle révélation ?
Il ne peut être réduit à une petite poussière dans l’immense cosmos, ou un simple amas de cellules ou à un animal bien évolué.
Créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, “ il est appelé à être pour toujours avec le Seigneur” (pour reprendre l’affirmation de St Paul dans la seconde lecture).
Et qui donc est Dieu, ce Seigneur qui vient à notre rencontre ?
Il n’est donc pas ce lointain et abstrait principe ou cause première ce grand horloger comme disait un certain philosophe : Ce dieu d’un déisme, séparé de l’homme.

En effet, Celui qui vient, est appelé l’Epoux. Derrière ce mot, nous trouvons là ce grand thème de l’Alliance qui est central dans la révélation biblique pour dire cette relation du Seigneur aux hommes.
Et peu à peu, le peuple d’Israël va découvrir que cette Alliance n’est pas celle d’un moment ; elle est de toujours à toujours, de la Création à l’accomplissement de notre vie et de toute l’histoire en Dieu.
Dans l’histoire il y a cette première alliance avec le peuple d’Israël, appelée à manifester cette rencontre de Dieu voulue avec nous les peuples et enfin avec le sommet unique et indépassable de la Venue, (avec un grand V), c’est la Venue en notre chair de la Parole, du Verbe même de Dieu : Le Christ Jésus.
Oui, la belle image de l’Epoux nous parle de ce Dieu d’Amour. Il est l’Unique, l’Ami de l’homme, tourné vers lui, jusqu’à partager notre commune condition humaine, dans ce désir de salut et de communion.
Cet Epoux se fait attendre, nous dit la parabole. Et nous, croyants, sommes dans cette attente, c’est le temps de l’histoire.
Et l’Eglise organise, entretient, éveille en nous cette attente :

  • Chaque matin, elle nous invite à prier dans l’espérance du jour du Christ ;
  • Chaque soir, elle nous redit de le faire dans la certitude de son retour ;
  • Et chaque dimanche, elle nous rassemble dans l’attente de sa venue.

  • C’est pour cela qu’elle nous rappelle les faits et gestes du Christ, qu’elle nous donne ses paroles à réentendre et qu’en mémoire de lui, nous réalisons ensemble ce qui nous constitue déjà en Corps du Christ.
    Enfin la parabole nous précise que les jeunes filles prévoyantes ont pris de l’huile en réserve pour leur lampe, pour être prêtes, pour le moment de la venue de l’Epoux.
    Qu’est ce donc que cette huile sans laquelle il est dit que nous n’entrerons pas dans cette salle de noces ?
    L’huile de notre lampe, c’est l’amour.
    La foi alimente en nous la lumière, l’espérance entretient la flamme ; mais c’est l’amour qui rend vivante la lampe de nos vies.
    Viendra d’ailleurs un jour, dans le face à face avec le Seigneur, où la foi disparaitra, où l’espérance n’aura plus lieu d’exister car nous verrons Dieu tel qu’il est.

  • Mais l’AMOUR, lui, demeurera et grandit à tout jamais (St Paul 1 co)
    Alors, il s’agit pour nous, selon la phrase de Ste Thérèse de Lisieux, d’entretenir le feu de l’amour. Voilà pourquoi, écrit Thérèse de Lisieux, “ Il faut entretenir le feu de l’Amour. Mais le bois, explique-t-elle, Ne se trouve pas toujours à notre portée.
    Quand nous sommes dans les ténèbres ou dans la sécheresse.
    Du moins, pouvons-nous y jeter de petites pailles…
    J’en ai fait l’expérience, continue-t-elle, quand je ne suis rien,
  • Que je suis incapable de prier, de pratiquer la vertu,
  • C’est alors le moment de chercher de petites occasions,
  • Des riens qui font plaisir, plus plaisir à Jésus que l’empire du monde ou le martyre ;
  • Par exemple un sourire, une parole aimable,
  • Alors que j’aurais envie de ne rien dire
  • Ou d’avoir l’air ennuyée…
  • Voilà, en vérité, conclut-elle,
  • Ce qui entretient le feu”

Que ce sacrement de l’AMOUR ravive en nous ce feu de charité et d’amour. Amen.

Père Bertrand MONNARD