Homélie 5ème dimanche de Carême – 29 mars 2020

Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra”

            La liturgie de ce dimanche continue à nous préparer au renouvellement des promesses de notre baptême pendant la Liturgie de la Vigile pascale. Dans l’épisode de la Samaritaine, Jésus nous a révélé qu’Il est la Source d’eau vive ; lors de sa rencontre avec l’aveugle de naissance, il se présente comme la Lumière du monde ; aujourd’hui, à travers la résurrection de Lazare, il dit à Marthe qu’Il est la Résurrection et la Vie.

            Avant même d’être frappé par l’épidémie de virus Corona, il faut avouer que nous vivions dans un monde de morts violentes et de tyrans de toutes sortes pour qui la vie des autres n’a aucune valeur. Les films d’horreur, de vengeance et de guerres, les jeux électroniques, la télévision et l’Internet semblent incapables d’assouvir la soif de violence et de destruction de notre monde. Combien de personnes aiment suivre les drames passionnels, les attaques terroristes et les guerres dans toutes les parties du globe, en direct et en couleurs !

            La résurrection de Lazare, dans l’évangile de Saint Jean, est le dernier miracle de Jésus, le dernier ‘signe’ offert dans cet éternel procès entre la lumière et les ténèbres. Peu après commencera le drame de sa Passion. En retournant en Judée pour sauver son ami, Jésus risque sa vie et va au-devant de sa propre mort.

            Le point culminant du texte d’aujourd’hui est le dialogue entre Marthe et Jésus. Marthe proclame sa foi au Christ : «Tu es le Messie … le Fils de Dieu». C’est là la profession de foi que les autres évangélistes mettent sur les lèvres de Pierre. Le Christ dit alors à Marthe : «Moi je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et toute personne qui vit et qui croit en Moi ne mourra jamais».

            Face à la mort, il existe deux attitudes fondamentales :

– La première est celle des personnes qui croient que la mort est la fin de tout. Aucune intervention chirurgicale, aucun médicament-miracle, aucune crème rajeunissante, aucune diète spéciale ne peut changer cela. Cette attitude est très présente dans le monde d’aujourd’hui.

– La seconde est partagée par ceux et celles qui croient qu’après la mort la vie continue, mais elle est changée ; il y a un changement dans la façon d’exister. Ceci est la base de la foi chrétienne. Et cette espérance donne un sens non seulement à notre mort, mais aussi à notre vie de tous les jours, à nos fêtes, à nos joies, à nos maladies, nos souffrances et nos angoisses.

            Le Christ nous a révélé que non seulement nous serons transformés et que nous continuerons à vivre après la mort, mais Il nous invite à vivre pleinement dès maintenant. Il a dit : «Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance» (Jean 10,10). Ce qu’aujourd’hui pourrait être traduit ainsi : «Sortez de vos tombeaux, de vos vies sans espérance. Recommencez à respirer la vie à pleins poumons». Ou bien : «Secouez votre inertie et votre passivité et participez à la construction d’un monde meilleur, plus juste, plus fraternel». Ou encore : «Mettez de côté votre égoïsme afin de partager la tendresse de Dieu envers ceux et celles qui sont blessés par la vie et qui ont besoin d’amour et d’affection», comme l’a bien souligné le Pape François, vendredi 27 mars 2020, lors de la méditation qui a précédé sa bénédiction Urbi et Orbe.

            Avec Dieu, il y a toujours un nouveau printemps à l’horizon, une nouvelle saison qui fait reverdir ce que le froid hivernal semblait avoir fait mourir. Comme au grain de blé que l’on met en terre et qui semble se décomposer et mourir, l’Esprit de Dieu peut nous redonner une vitalité créatrice, une vie nouvelle.

            Le prophète Osée exprime cette renaissance de façon poétique : «Je vous guérirai de votre infidélité, Je vous prodiguerai mon amour … Je serai pour Israël comme la rosée, il fleurira comme le lys, il étendra ses racines comme les arbres du Liban. Ses jeunes pousses vont grandir, sa parure sera comme celle de l’olivier, son parfum comme celui de la forêt du Liban … » (Osée 14, 5-8)

            Encore une fois : la promesse du Christ nous invite à une vie pleine d’espérance et de projets nouveaux maintenant, et nous promet une vie nouvelle après la mort. Il ne faut jamais nous résigner devant la fin de la vie temporelle. La résignation n’est pas une attitude chrétienne. À travers cette civilisation attirée par la destruction et la mort, le Christ nous parle aujourd’hui de vie et d’espérance : «Celui qui croît en moi a –maintenant- la vie éternelle!»

Conclusion

            Chers frères et sœurs, en ce jours, prions, pour que cette terrible crise sanitaire fasse retrouver à l’humanité le sens de son unité, que notre société retrouve sa sensibilité aux questions spirituelles et religieuses. Prions notamment pour les soignants, les malades, les défunts et leur famille : qu’ils connaissent la paix que Jésus répand dans les âmes. Si nous devrons fêter Pâques dans l’isolement du confinement, dans la peine du deuil, la promesse de Pâques sera notre consolation : «Je suis la Résurrection et la Vie… Celui et celle qui croit en moi, même s’il meurt vivra».

                                                                                                Père Sergio PEREZ