Dimanche 6 juin – Fête Dieu

LA FÊTE DIEU Gén 14,18-20; 1Cor 11,23-26; Lc 9,11b-17

   

LE SENS DE LA FÊTE

            Le temps pascal s’est désormais terminé avec le dimanche de Pentecôte. Toutefois l’Eglise nous permet de sentir encore son atmosphère de fête grâce à des solennités qui en perpétuent non seulement le souvenir, mais qui nous permettent aussi d’approfondir le grand mystère du Christ qui, dans la Pâque de la Résurrection, a atteint son point culminant.

            Parmi ces solennités, celle du Corps et du Sang du Seigneur est une fête très sentie par la piété populaire. Elle veut nous rendre de plus en plus conscients du grand mystère d’amour que Dieu a transmis aux hommes, allant jusqu’à se faire nourriture pour nous tous : c’est l’Eucharistie.

            La Fête-Dieu fut instituée par le Pape Urbain IV qui l’étendit en 1264 à l’Eglise universelle à la suite de l’extraordinaire miracle eucharistique de Bolsena, en Italie. En réalité, cet événement prodigieux fut simplement une «provocation» presque providentielle qui fit surgir ce qui avait mûri depuis longtemps dans la conscience du peuple chrétien. Qu’est-ce qui avait mûri dans la conscience des chrétiens ?

            – Tout d’abord, un besoin profond d’exprimer sa stupeur face à ce don ineffable de Dieu qui est la Sainte Eucharistie ;

            – Ensuite, un besoin de manifester de la manière la plus solennelle sa joie pour la présence réelle et royale du Christ dans l’Eucharistie ;

            – Enfin, le souhait d’exprimer le remerciement à Celui qui, grâce au sacrement de l’Eucharistie, a voulu établir sa demeure parmi nous, se faire nourriture pour nous alimenter au long du difficile parcours de notre vie, et ainsi rassasier cette faim de Dieu qu’au fond  tout homme éprouve.

            En d’autres paroles, la piété chrétienne a ressenti le besoin d’une manifestation joyeuse et solennelle de sa foi à l’égard de Jésus eucharistique. Et, étant donné qu’on ne peut promouvoir une telle démonstration le Jeudi Saint –le jour où l’Eucharistie fut instituée mais qui ouvre aussi le grand jour de la Passion– l’Eglise, dans toute son universalité, lance en ce jour un hymne de joie et conduit Jésus eucharistie dans les rues des villes et villages en Lui témoignant publiquement l’adoration et l’honneur qui Lui sont dus, en tant qu’Il s’est donné Lui-même comme nourriture vivante de nos âmes.

            Nous pouvons résumer ce qu’on vient de dire avec une prière de St Jean Paul II composée justement à l’occasion d’une Fête-Dieu :

«Aujourd’hui par un acte public et solennel, nous glorifions et nous adorons

Le Pain et le Vin devenus vrai Corps et vrai Sang du Rédempteur.

Nous célébrons aujourd’hui une fête solennelle qui exprime l’émerveillement étonné du Peuple de Dieu : un émerveillement plein de reconnaissance pour le don de l’Eucharistie.

Nous t’adorons, notre Rédempteur, Toi qui t’es incarné dans le sein très pur de la Vierge Marie.

Nous te rendons grâce, Seigneur, pour ta présence eucharistique dans le monde.

Pour nous, Tu as accepté de souffrir,

Et sur la croix, Tu as manifesté jusqu’au bout ton amour pour l’humanité entière.

Nous t’adorons, Viatique quotidien de nous tous, pèlerins sur la terre» (Jean-Paul II).

MESSAGE AUX PARENTS

            Il y a un moment précis, dans la Messe, qui devrait attirer notre attention, car à ce moment-là nous disons une parole qui pourrait avoir des conséquences extrêmes dans notre vie. Ce moment solennel, c’est quand nous recevons l’Eucharistie des mains du prêtre ou du ministre de la Communion. Ceux-ci disent : “Le Corps du Christ”, et nous répondons “AMEN”.

            Ce simple petit mot -AMEN- est plein de signification. La fête aujourd’hui -celle du Corps et du Sang du Christ- nous rappelle, entre autres, le sens du mot AMEN.

            Plutôt que «ainsi soit-il», AMEN signifie : «Oui, je crois». «Oui, je crois que ce petit morceau de pain est vraiment le Corps et le Sang du Christ». «Oui, je crois que c’est Lui, Jésus vivant, qui fait de nous tous un seul corps, une seule famille”.

            Ce petit AMEN que nous prononçons de nos lèvres, parfois timidement, c’est notre façon à nous -le petit peuple de Dieu- de dire “oui” à la grande doctrine de l’Eucharistie.

            Ce grand mystère de notre religion veut tout simplement nous dire ceci : “Chaque fois que nous recevons l’Eucharistie, nous sommes unis au Christ ; nous faisons UN avec Jésus lui-même. En plus, nous sommes unis, nous, tous les baptisés, en formant un peuple, une communauté avec toute la grande famille des enfants de Dieu”.

            Comme vous le voyez, il y a des conséquences, quand nous disons Amen au moment de recevoir le Corps et le Sang du Christ. Si vraiment nous voulons former un seul corps avec Lui, il faut entretenir ce corps, le renforcer, le réparer s’il était brisé et conserver son unité. Vue sous cet angle, l’Eucharistie est à la fois un immense cadeau du ciel, mais aussi une véritable responsabilité. 

            Il y a une image qui pourrait nous aider à mieux comprendre ce mystère. Il y a des personnes qui sont très familières à la réalité de la pêche. Imaginez un très grand filet qui servirait à prendre du poisson. Ce filet est composé de milliers de fils, ou de brins de corde, qui sont tous tissés ensemble et qui forment des mailles. Or, comme vous le savez, il arrive assez facilement que quelques brins, ici et là, soient brisés ou coupés ; ce qui fait que le filet n’est pas aussi fort qu’il devrait être. Un filet comportant quelques trous dans son intérieur peut faire l’affaire pour une pêche simple. Mais si les trous deviennent trop grands, il devient inutile : il laisse filer le poisson. Une des principales tâches d’un pêcheur, est justement de vérifier, de s’assurer que son filet soit en bon état et de le réparer si cela fut nécessaire.

            Dans l’Église, les chrétiens sont comme les mailles d’un filet. Jésus lui-même compare l’Église à un filet de pêcheurs. Comme de bons pêcheurs, les chrétiens –et de façon particulière les prêtres- doivent réparer le filet de l’Église quand il est brisé, pour lui garder sa capacité d’accueillir des nouveaux fidèles en son sein. Le meilleur moyen de nous assurer que nous ayons un bon filet chrétien, c’est de prier chaque jour, de pratiquer la charité, de recevoir le sacrement de la pénitence quand le péché a brisé notre filet, d’être serviables envers les autres …

            Chers, parents, l’Église est un peuple en marche. Dieu lui a donné une nourriture spirituelle pour le chemin. Que notre communion au pain des forts, aujourd’hui, nous donne un regain d’énergie (de vie divine) pour réparer le tissu communautaire de l’Église, afin qu’il ait un véritable attrait pour ceux qui voudraient se joindre à nous, et partager notre joie … 

MESSAGE AUX ENFANTS

            Les enfants, vous allez communier pour la première fois aujourd’hui, après avoir fait une longue démarche de préparation. En cette grande occasion, j’aimerais vous dire trois choses :

            Tout d’abord, soyez convaincus que la Messe du dimanche est le rendez-vous le plus important de la semaine pour un catholique. À la Messe, nous écoutons la Parole de Dieu, ce qui est vital. C’est en écoutant Dieu que l’homme apprend à orienter sa vie ; à faire le bien et à combattre le mal sans relâche. Ensemble, nous devenons vraiment un seul peuple avec une seule âme et un seul cœur.

            Ensuite, rappelez-vous que chaque dimanche, en célébrant l’Eucharistie, nous sommes des témoins d’un grand mystère. Lorsque le prêtre offre le Pain et le Vin et redit les paroles que Jésus a prononcées le soir du Jeudi Saint ; ce pain et ce vin deviennent réellement le Corps et le Sang de Jésus, mort et ressuscité. À ce moment-là nous faisons mémoire, tous ensembles, de la Mort et de la Résurrection de Jésus. Et en participant à la communion eucharistique, nous avons part à la vie même de Jésus ; Sa vie divine devient la nôtre ; avec Lui, nous devenons fils et filles de Dieu.

            Enfin, la participation à l’Eucharistie chaque dimanche renforce notre relation fraternelle. Par cette fraternité nous sommes mieux à même de nous aimer les uns les autres ; nous sommes mieux à même de partager notre foi avec ceux qui ne croient pas et de rendre ce monde meilleur.

            Il y a plus de 50 ans (le 8 décembre 1965) en Argentine mon pays, j’étais à votre place. Je me souviens très bien de mon curé d’alors et l’ambiance festive de la célébration eucharistique. Je n’ai jamais oublié ma joie d’enfant pour ce grand jour de ma vie, où je prenais place pour la première fois au milieu des adultes dans la file de communion … Depuis ce jour-là, j’ai communié des milliers de fois comme fidèle baptisé (adolescent, étudiant, professionnel) et puis comme séminariste et prêtre. Croyez-moi : c’est toujours la même et unique Eucharistie qui se réalise pour moi ; c’est toujours la même et unique joie ; le même et unique émerveillement spirituel.

            Je demande au Seigneur que cet émerveillement eucharistique vous puissiez, vous aussi, le ressentir dans quelques instants. C’est ce que je vous souhaite du plus profond de mon cœur.

            Prions tous ensemble, pour ces enfants, qui vont communier aujourd’hui pour la première fois au Corps du Christ, afin qu’ils demeurent toujours des chrétiens fidèles, forts et heureux dans la foi de leur baptême. Et prions aussi pour leurs parents, catéchistes et tous ceux qui les ont accompagnés dans leur démarche de préparation, pour que Dieu les bénisse et les illumine pour les soutenir. Amen.