Catéchèse sur la Messe – 5

II – LES PRÉALABLES POUR BIEN PARTICIPER
A – LES LIEUX DE LA MESSE

Les chrétiens et la Liturgie


Les chrétiens authentiques sont des personnes qui croient en Jésus-Christ et qui se rassemblent chaque
dimanche à l’église pour célébrer une Liturgie,

  • Le dimanche c’est le dies dominicus le «jour du Seigneur». Ce jour-là, les chrétiens célèbrent la Résurrection
    du Christ et pensent à leur propre résurrection.
  • L’église (avec un ‘e’ minuscule) est le lieu de réunion des chrétiens. L’Église (avec un ‘E’ majuscule) est
    l’ensemble des chrétiens. Église vient du mot grec ecclesía qui veut dire «assemblée par convocation»,
    «assemblée du peuple». Chez les Romains la salle de réunion s’appelait «basilica»: une salle rectangulaire
    ouverte sur portique, précédée d’un «atrium», souvent divisée en piliers, et terminée par une abside.
  • Liturgie c’est un mot qui vient, lui aussi, du grec: leitourghía qui veut dire «service public». La Liturgie est la
    prière officielle et publique de l’Eglise.

L’intérieur de l’église

  • Le bénitier. C’est un récipient (bassin, vasque ou coupe) contenant de l’eau bénite, situé à l’entrée de l’église.
    Il rappelle aux fidèles leur baptême et la nécessité pour eux de se purifier avant d’entrer dans le lieu saint.
  • La nef. Ce mot vient du latin navis qui signifie «navire» par analogie de forme. C’est la partie de l’église
    comprise entre l’entrée et le chœur -dans le sens longitudinal- où se trouvent les fidèles.
  • Le chœur. C’est la partie de l’église en tête de la nef, réservée au clergé, aux ministres et aux chanteurs.
  • Le sanctuaire. Ce mot vient du latin sanctus qui veut dire «saint». C’est la partie de l’église située autour de
    l’autel, le lieu le plus saint, réservé au célébrant.
  • Le tabernacle. C’est un habitacle destiné à recevoir les hosties consacrées, c’est-à-dire la présence réelle
    et substantielle du Christ tout entier, Dieu et homme. Une bougie ou une lampe rouge en signale la présence.
    «Tabernacle» c’est un mot qui vient du latin tabernaculum qui signifie “petite tente”. Cela nous fait penser à la
    tente qui abritait l’Arche d’Alliance et qui était le lieu de la présence de Dieu au milieu de son peuple.
  • L’autel. De l’adjectif altus qui veut dire «haut» et «ara» (le mot ara existe en latin). Chez les romains, l’ «ara»
    était le petit autel domestique; et l’ «altare» le grand autel monumental où l’on offrait les sacrifices publics.
    L’autel contient des reliques de saints en souvenir du temps où l’on disait la Messe sur les tombeaux des
    martyrs.
  • La croix. C’est le signe qui rappelle le sacrifice du Christ sur le Calvaire qui sur l’autel est actualisé.
  • Le cierge. C’est le signe de la lumière. Une colonne lumineuse guidait les Hébreux dans le désert.
    L’empereur romain avait le “privilège du cierge”; puis, les hauts magistrats furent précédés de quatre cierges.
    Dans la Liturgie, le cierge signifie Jésus ressuscité qui dissipe les ténèbres de notre esprit et de notre cœur
  • La chaire. C’est le lieu où le prêtre siège pour présider la cérémonie. Il dirige l’assemblée et sa prière. De
    cet endroit, il accomplit les rites d’ouverture; il écoute la Parole de Dieu et il donne congé à l’assemblée après
    la bénédiction finale.
  • L’ambon. Ce mot vient du grec ana-bainein qui veut dire «monter». L’ambon est une tribune un peu élevée
    sur laquelle on monte pour lire ou pour prêcher, afin d’être vu et entendu. L’ambon est aussi appelé «jubé»
    parce que c’était là qu’on demandait la bénédiction (en latin: “jube, domine, benedicere”).
  • Les vêtements liturgiques nous rappellent que la Messe n’est pas une action ordinaire. La Messe nous
    met en contact avec Dieu. La diversité des vêtements nous permet de reconnaître la fonction propre de chaque
    ministre. On en parlera au moment précis.

B – L’AUTEL, SYMBOLE DU CHRIST

  1. La pierre angulaire de toute l’Église
    Dans la pénombre ou en pleine lumière, le centre de l’église est “habité” par l’autel. Un édifice ne peut être
    considéré comme «église» que s’il a un autel fixe car ce n’est pas un meuble (mobile) mais une construction
    stable autour de laquelle toute la cathédrale est bâtie. Il représente, de façon permanente et inamovible, le
    Christ, pierre angulaire de l’Église: “La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, merveille
    devant mes yeux!” (Ps 118). C’est Jésus Lui-même qui s’applique cette citation (cf Lc 20,17; Ac 4,11).
    Cette pierre angulaire a son sens profond dans la construction d’une Église faite de “pierres vivantes” (I P 2,
    5-8). Saint Paul affirme: “Vous êtes la maison que Dieu construit, établis sur les fondations que sont les apôtres
    et dont la pierre angulaire est Christ. En Lui tout édifice trouve sa solidité et son unité” (Eph 2, 19-21). C’est
    pourquoi la consécration d’une église est d’abord celle de l’autel majeur. Il doit être oint avec le saint chrême
    (de l’huile sainte) puisque Christ signifie «oint» (par Dieu).
  2. L’autel dans l’Ancien Testament
    Dans l’Ancien Testament, l’autel marque l’endroit où Dieu se manifeste pour conclure une alliance. Avant la
    construction du Temple de Jérusalem, des autels avaient été bâtis par les Patriarches et les Prophètes:
  • Noé, Abraham et Jacob élevèrent des pierres là où ils rencontrèrent Dieu. Ces lieux devinrent des sanctuaires,
    comme Bethel, la “maison de Dieu”.
  • Moïse éleva aussi un autel lorsqu’il célébra l’alliance au pied du mont Sinaï
  • Le prophète Élie, à son tour, en bâtit un avec douze pierres pour signifier les douze tribus d’Israël, lorsqu’il
    rivalisa avec les prophètes de Baal sur le Mont Carmel.
  • Enfin David éleva l’autel de Jérusalem à l’emplacement où son fils Salomon devait construire le Temple. Cet
    autel, véritable “cœur” du Temple, est devenu le centre vital de la nation sainte.
    Cependant, du fond de son exil, le prophète Ezéchiel contemplait un nouvel autel d’où jaillirait l’eau vive …
    Au centre du Temple, lors des grandes cérémonies, les prêtres immolaient des victimes sur l’autel. Ces
    sacrifices actualisaient l’alliance avec Dieu. Il y avait ainsi un petit autel pour l’offrande quotidienne des
    parfums. L’autel majeur, en pierre, était surélevé de quelques marches. Seul le prêtre pouvait y accéder, après
    une série de purifications rituelles dont il reste une trace dans la liturgie chrétienne: le lavabo de l’offertoire.
    L’autel n’était pas une “table”, mais l’unique lieu où le sacrifice pouvait être offert. Autrefois, dans les églises,
    la “table” de communion, distincte de l’autel, était une colonnade basse, séparant le chœur de la nef, où les
    fidèles recevait l’hostie.

3. L’autel dans le Nouveau Testament

  • L’Épitre aux Hébreux démontre que le nouvel autel institué par Dieu, le lieu de son Alliance définitive avec
    les hommes, est le Christ en croix: “Jésus-Christ est le même hier et aujourd’hui et pour les siècles […] Nous
    avons un autel […] C’est … Jésus” (Hb 13, 8.10.12). Sur cet autel “le sang du Christ […] purifie notre
    conscience des œuvres de mort pour que nous rendions un culte au Dieu vivant” (Hb 9, 14).
  • L’Apocalypse fait tourner toute la Liturgie céleste autour d’un autel des holocaustes où se trouvent les âmes
    des martyrs (Ap cf. 6,9) et d’un autel des parfums d’où montent les prières des saints (cf. Ap 8,3). Ainsi l’Église
    se trouve associée au sacrifice et à la prière du Christ, Agneau immolé et toujours vivant. L’inclusion de
    reliques lors de la construction d’un autel, ou dans la pierre placée à l’endroit où le prêtre célèbre, signifie cette
    participation des saints à l’offrande de Jésus.

4. L’autel, symbole du Christ
Toute l’Église s’unit au sacrifice rédempteur du Christ qui intercède pour Elle tant que dure l’Histoire. Ce n’est
donc pas seulement sa personne qui est signifiée par l’autel, mais son action en faveur des hommes; c’est
pourquoi cinq croix, représentant les plaies de la Passion, sont gravées sur la pierre d’autel.
Le Christ est la “pierre” (cf. Ac 4,11; Rm 9,32) comme Dieu est le “rocher” chanté par Moïse (cf. Dt 32,
4.15.18.30-31). Cette pierre où s’accomplit le mystère de notre salut évoque celle du tombeau où fut déposé
et ressuscita le corps très saint du Christ. Les nappes qu’on y déploie rappellent le suaire et les linges, en
particulier le “corporal”, dont le nom signifie: “tissus pour le Corps”.
En vénérant l’autel, en l’embrassant au début et au terme de la Messe, le prêtre fait un geste d’adoration au
Christ dans sa Passion et sa Résurrection; il est donc souhaitable qu’à proximité soit dressé un crucifix. Et
comme en ce lieu se réalise l’Alliance nouvelle et éternelle, c’est là que, autrefois, les époux signaient le
registre au terme de la cérémonie de mariage (actuellement le Rituel du mariage stipule qu’il vaut mieux éviter
de signer les registres sur l’autel).

En dehors de la célébration de la Messe et de l’Adoration aucune autre activité n’y est permise, à l’exception
de l’autel de la chapelle Sixtine où est placée l’urne dans laquelle les cardinaux déposent leur bulletin de vote
lors d’un conclave.