Catéchèse sur la Messe – 3

Faites ceci en mémoire de moi…

I – QUELQUES NOTIONS GÉNÉRALES
A – SENS ET NATURE DE LA MESSE

  1. La Messe est le sacrement du sacrifice du Christ
    A la Cène, Jésus a offert sa vie en sacrifice pour le salut de la multitude en rémission des péchés. Il a dit “Ceci est mon corps livré pour vous … ceci est mon sang versé pour vous”. De plus, Il a institué le sacrement de l’Eucharistie en disant à ses disciples “faites ceci en mémoire de moi”. Ainsi Il a confié à son Église la mission de faire le mémorial de son sacrifice. Saint Paul le dit : “Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne”.
    La Messe perpétue donc et rend présent le sacrifice de la croix. C’est le même sacrifice, mais à la Messe le Christ s’offre d’une manière sacramentelle (=mystérieuse), non sanglante. A la Messe, comme à la Cène, le Christ est à la fois le prêtre qui offre et la victime qui est offerte. La Messe, comme la Cène, est à la fois un sacrifice d’action de grâce et un sacrifice d’expiation pour le péché. Le Christ nous associe à son sacrifice et la Messe devient ainsi le sacrifice de l’Église. Le sacrifice de la Messe est offert pour les vivants et pour les défunts qui ne sont pas encore purifiés de leurs péchés.
  2. La Messe est le repas du Seigneur
    Au repas pascal de la Cène, Jésus rendit grâce, bénit le pain, le rompit et le donna à ses disciples. A la suite de ce geste, le terme de “fraction du pain” ou “rompre le pain” est habituellement utilisé dans l’Église primitive pour désigner l’Eucharistie. L’eucharistie est aussi appelée parfois “repas du Seigneur”.
    L’Eucharistie est présentée par Saint Jean comme “le pain de vie” qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. L’Eucharistie est une nourriture spirituelle. “Celui qui me mange vivra par moi” a dit Jésus. Par la communion nous recevons des forces pour vivre dans l’amour et pour lutter contre le péché. L’Eucharistie efface nos péchés véniels. Elle renforce, enfin, l’unité de l’Église, Corps mystique du Christ.
  3. Comment sont vécus par l’Église ces divers aspects de la Messe ?
    Tout en tenant compte de l’ensemble du «repas sacrificiel», le rite du pape saint Pie V, depuis le Concile de Trente, insiste plus sur l’aspect sacrificiel de l’Eucharistie: la Messe est célébrée sur “l’autel du sacrifice”. La Liturgie du pape Sant Paul VI, à la suite du Concile de Vatican II, remarque plus en valeur le repas du Seigneur: la Messe est célébrée sur la “table du Seigneur”.

    B – LES DIFFÉRENTS NOMS DE LA MESSE
  4. La «fraction du Pain» et le «repas du Seigneur»
    L’Église apostolique, que l’on connaît par les Actes des apôtres et les Épîtres, appelle la célébration “fraction du pain” et parfois “repas du Seigneur”. A la Cène, Jésus a pris du pain, l’a béni, l’a rompu et l’a donné à ses disciples en disant: “Ceci est mon corps livré pour vous”. Après sa résurrection, le geste de la fraction du pain est le signe de la présence du Christ ressuscité comme on le voit dans l’épisode de l’apparition aux disciples d’Emmaüs. L’expression «fraction du pain» désigne l’ensemble de la célébration en mettant au premier plan le geste de rompre –et partager- le pain.
  5. L’ «Eucharistie»
    Au 2ème siècle, l’expression «fraction du pain» est remplacée par le terme «eucharistie», mot grec qui signifie «action de grâce». En effet la prière d’action de grâce s’est développée au cours du temps. On rend grâce à Dieu pour tout ce que Jésus a fait pour notre salut par sa mort et sa résurrection. L’action de grâce chrétienne a remplacé l’action de grâce du repas pascal pour la libération de l’Égypte. La prière d’action de grâce a donné son nom à l’ensemble de la célébration, d’où le nom «Eucharistie». Ce mot grec n’a plus été employé dans le monde latin pour désigner la cérémonie quand la langue grecque a été remplacée par le latin dans la Liturgie (à la fin du 4ème siècle). Mais le mot eucharistie a continué à être utilisé au point vue théologique -par les Conciles et les théologiens- pour désigner le «sacrement de l’Eucharistie». La réforme liturgique de Saint Paul VI, qui a souligné l’importance de la Prière eucharistique et qui a proposé plusieurs prières eucharistiques, a remis en valeur l’expression «Eucharistie» pour désigner la cérémonie.
  6. Le «Sacrifice» ou le «saint Sacrifice»
    Dès le 3ème siècle le terme «sacrifice» a été employé dans le monde latin pour désigner la cérémonie. Ce terme, qui évoque les sacrifices du temple de Jérusalem, reprend un aspect essentiel de la célébration de la Cène: Jésus a donné son sang pour la rémission des péchés. La théologie de Saint Augustin sur le sacrifice de la Messe -sacrifice du Christ et sacrifice de l’Église- a beaucoup contribué à la désignation de la cérémonie comme «sacrifice». Au cours du Moyen Age, et à la suite du Concile de Trente, la cérémonie a été présentée essentiellement comme «le saint Sacrifice».
  7. La «Messe» ou la «sainte Messe»
    A partir du 5ème siècle dans le monde latin, le terme «messe» a remplacé le mot «eucharistie» pour désigner la cérémonie. Le terme «messe» vient du latin «missa», qui veut dire “le renvoi”. Ce mot était courant dans l’antiquité pour signifier la clôture d’une assemblée. Dans la Liturgie, il désigne le geste de renvoi avec une bénédiction à la fin de la célébration. A la fin de la Messe, le prêtre dit: «Allez dans la paix du Christ». Le texte latin est: «Ite, missa est», ce qui donne en français: «Allez, c’est l’envoi». Autrement dit: «Allez, vous pouvez partir».
    Jadis, il y avait un autre renvoi: à la fin de la Liturgie de la Parole; car étaient exclus de la Liturgie eucharistique les chrétiens mis en pénitence et les catéchumènes, c’est-à-dire les croyants non encore baptisés qui poursuivaient leur formation religieuse. Le fait d’être renvoyé au cours de la réunion liturgique pour indignité ou manque de préparation a dû tellement impressionner les esprits que dès le 5ème siècle ce «renvoi» -cette «missa»- a donné le nom “la Messe” au sacrement de l’Eucharistie.
  8. La «divine Liturgie»
    La tradition orientale utilise d’autre vocabulaire pour désigner la cérémonie de la Messe: c’est la divine Liturgie, ou bien le mot synaxe, pour parler du rassemblement de la Liturgie de la parole.
  9. Autres noms: service divin, culte, sainte Cène.
    D’autres termes ont été utilisés. Au moment du concile de Trente on parlait du «service divin». Les Églises luthériennes ont gardé l’expression Service Divin. Les Églises réformées utilisent habituellement les mots Culte et Sainte Cène.