Catéchèse du 3 avril

Le Sacrement des Malades en temps de confinement

LE SACREMENT DES MALADES EN TEMPS DE CONFINEMENT

Le sacrement des malades, sacrement de vie

Méconnu et confondu avec l’extrême-onction, le sacrement des malades, tel qu’il a été redéfini par le Concile Vatican II, est un sacrement de vie, de pardon, d’espérance, qui octroie au chrétien la force de supporter l’épreuve de la maladie ou de la vieillesse, et l’assure de l’indéfectible présence du Christ à ses côtés.

Le sacrement des malades n’est pas réservé aux mourants

L’extrême-onction, depuis le XIIe, était administrée aux mourants pour le salut de leur âme. Mais en 1972, la réforme liturgique initiée par le concile Vatican II, fait de l’onction des malades un sacrement ayant pour but d’apporter, par la grâce de l’Esprit Saint, une force, une énergie, un soutien, à tout chrétien confronté à une maladie grave ou aux faiblesses du grand âge.

Le sacrement des malades, source de paix

«Venez à moi vous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous soulagerai», dit Jésus (Mt 11, 28). C’est exactement ce que le Christ nous propose par le sacrement des malades : remettre sa souffrance à Dieu et en ressentir un réconfort, un repos, et une paix intérieure.

Un sacrement qui rejaillit sur les proches du malade

Paix avec Dieu, paix avec soi-même, mais également paix avec ses proches. Le sacrement des malades se vit en communauté, lors d’une Messe, d’un pèlerinage, ou de manière plus intime dans une chapelle, à la maison ou à l’hôpital. C’est l’occasion de réunir ses proches, et de vivre, grâce à la prière commune, un moment privilégié.

Signe de miséricorde divine

La célébration du sacrement consiste en l’imposition des mains, qui appelle la descente de l’Esprit Saint, suivie de l’onction faite sur le front et les paumes des mains du malade avec l’huile bénie lors de la messe chrismale. A ce moment-là, le prêtre dit :

«Par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève»

L’Onction des malades et le sacrement de la Réconciliation ont en commun d’être qualifiés de sacrements de guérison. Ils signifient que le salut du Christ concerne notre être tout entier, dans ses dimensions spirituelle, psychique et physique. Si l’onction des malades est plus spécifiquement donnée comme sacrement du réconfort, en cas de faiblesse physique, elle fortifie aussi le malade pour son combat spirituel et a également pour effet la rémission des péchés. Pour autant, il convient de proposer aussi le sacrement de la réconciliation.

Ainsi, l’onction est signe efficace de la miséricorde divine envers les personnes qui souffrent. C’était déjà le cas dans les premières communautés chrétiennes ; on trouve dans l’épître de Saint Jacques les phrases suivantes : «Si l’un de vous est malade, qu’il fasse appeler les anciens (= presbytéroi) de la communauté qui prieront pour lui en pratiquant une onction d’huile au nom du Seigneur. Leurs prières, inspirées par la foi, sauveront le malade, le Seigneur le relèvera, et s’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés» (Jc 5, 14-15).

Une union très forte avec le Christ souffrant

Le sacrement des malades permet de vivre une communion très intense avec Dieu, puisque Lui aussi a souffert sur la Croix. Monseigneur Olivier Leborgne, évêque d’Amiens, explique en quoi «ce sacrement sauvera le malade : il lui donnera la grâce de communier avec le Christ, au cœur même de son épreuve, et le Christ viendra la vivre avec lui. Et si elle paraît ne pas changer, il pourra sans doute la vivre autrement, avec une énergie, une puissance nouvelle ».

Le Sacrement des malades en temps de confinement

Alors que le nombre de victimes du covid-19 augmente chaque jour, le rôle des prêtres, malgré le confinement imposé par les autorités civiles pour limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus, est essentiel. Au regard du contexte épidémique en France, le Parlement a adopté l’état d’urgence sanitaire dans le pays dimanche 22 mars. Une situation qui se traduit entre autres par la limitation des libertés individuelles, dont celles «d’aller et venir».

Mais qu’en est-il des déplacements des prêtres dans le cadre de leur ministère, par exemple pour donner le sacrement des malades aux personnes en fin de vie ?

L’essayiste Christophe Eoche-Duval, a bien expliqué le conflit possible : «La question d’un des devoirs du ministre du culte révèle, en pleine crise de pandémie de coronavirus, un conflit possible et sérieux entre devoir moral, relevant du pouvoir spirituel, et devoir civique, relevant du pouvoir temporel». 

Est-il licite de porter le sacrement des malades en période légalement prescrite et sanctionnée de confinement ? Quelle réponse un prêtre peut-il donner à la demande de fidèles de recevoir le sacrement des malades ?

«Oui, le prêtre peut administrer le sacrement des malades, même en période de confinement», précise le père Thierry Magnin, secrétaire général de la Conférence des évêques de France (CEF) :

«Avec l’accord du ministère de l’Intérieur et en remplissant la case ‘assistance aux personnes vulnérables’ [de l’attestation de déplacement dérogatoire] un prêtre peut aller donner le sacrement des malades et le viatique aux personnes en fin de vie ».