Catéchèse sur la Messe – 6

Les ornements liturgiques



Dieu est le Créateur du ciel et de la terre, présent dans son œuvre. Cela signifie que le monde matériel et
sensible, est un moyen important à travers lequel Dieu se manifeste à l’homme et à travers lequel l’homme
peut communiquer avec Dieu.

  1. L’habillement dans la célébration liturgique
    La Liturgie de l’Église réserve un rôle important aux signes sensibles, et donc aussi à l’habillement des
    personnes qui y participent; en comprenant plus profondément les signes des actions liturgiques on saisit le
    sens du sacré. Le culte liturgique implique, d’ailleurs, la personne entière, son âme et son corps, sa
    dimension intérieure et extérieure. La droite disposition intérieure exigée par le service envers Dieu,
    s’exprime aussi dans le comportement extérieur et dans l’habillement.
    Les vêtements dans la célébration expriment la foi et la dévotion de ceux qui les ont commissionnés,
    confectionnés et de ceux qui les portent. En plus d’exprimer, ces vêtements peuvent aussi favoriser,
    alimenter et renforcer la foi et la dévotion de tous les participants à la célébration liturgique. Ce qui compte le
    plus c’est non seulement ce qu’ils écoutent, mais aussi ce qu’ils voient. Par contre, la négligence, même
    dans la façon de s’habiller, est souvent un indice que la foi est affaiblie et que l’importance attribuée à
    l’action qu’on est en train d’accomplir est insuffisante. Le soin particulier dans l’habillement utilisé pour la
    célébration des sacrements exprime, d’ailleurs, la distinction entre le sacré et le profane dans la vie
    quotidienne. Il faut redécouvrir, montrer et respecter la sacralité du mystère de Dieu qui se fait présent et qui
    agit de manière spéciale dans les Sacrements institués par le Christ et gardés et célébrés avec dévotion
    dans l’Église tout au long des siècles.
    Enfin, le décorum et la beauté des vêtements dans les célébrations liturgiques expriment et rappellent la
    dignité et la beauté des réalités surnaturelles ou divines. En effet:
  • Ils manifestent, quoique de manière limitée, la Beauté même de Dieu. Même à travers la beauté de
    l’habillement liturgique, l’homme est invité à y trouver quelque chose de l’infinie beauté de Dieu.
  • Les dons divins du monde matériel sont formés par des mains humaines dans une expression de beauté
    qui glorifie et loue le Créateur. Il est juste de chercher toujours à offrir à Dieu tout ce qui existe de bon et de
    meilleur.
  • La solennité et la beauté des vêtements, en particulier ceux qu’on a le dimanche pour participer à la
    Messe, expriment un sens profond et pénétrant de joie pour notre foi en la Résurrection du Christ. C’est
    exactement le dimanche que le Christ est ressuscité; il est donc juste que cet événement central de la foi
    chrétienne soit célébré avec dignité; et cela doit transparaître aussi dans la manière de s’habiller des
    chrétiens qui participent à la célébration eucharistique dominicale.
  • Enfin l’habillement festif des fidèles chrétiens anticipe et préfigure la déification de l’humanité appelée à
    partager la vie resplendissante, la joie parfaite et la gloire lumineuse de Dieu au ciel, à la fin des temps, et
    pour toute l’éternité.
  1. Les costumes latins
    Le costume liturgique latin n’est qu’une adaptation aux fonctions sacrées du costume civil gréco-romain en
    usage dans l’Empire aux premiers siècles du christianisme. En 382, une loi des trois empereurs (Gratien,
    Valentinien et Théodose) fixe le nombre et la nature des vêtements concédés à chaque classe de la société.
    Tandis que l’Ordre monastique retiendra pour soi, en signe d’humilité, l’uniforme des esclaves (tunique,
    ceinture et coule), l’Église adopte pour ses ministres le costume de ville des sénateurs. Nous avons là
    l’origine des principales pièces du costume liturgique latin.
    L’aube, le cordon et l’amict
  • Du latin alba qui signifie “blanc”, l’aube est une tunique longue de couleur blanche portée par les clercs,
    les diacres et ceux qui participent `l’office (servants et enfants de chœur). Elle trouve son origine dans la
    tunica talaris des Romains, tunique à longs pans, tombant jusqu’aux chevilles et fixée à la taille par un
    cordon. Elle est le symbole de l’innocence, de la condition de baptisé et le vêtement des élus.
  • Dans l’Ancien Testament l’aube rappelle le vêtement du Fils de l’Homme décrit par le prophète Daniel (cf.
    Dn 7) et celui des anges dans les visions d’Ezéchiel. Selon le livre du Lévitique, la tunique de lin blanc est
    l’habit sacerdotal (cf. Lev 8).
  • Dans l’Apocalypse, les élus reçoivent une aube blanche (cf. Ap 6,11; 7, 9.13) et Saint Jean contemple
    “l’épouse de l’Agneau [l’Église] à qui ‘on a donné de se vêtir de lin d’une blancheur éclatante; le lin, c’est les
    oeuvres bonnes des saints’” (Ap 19,8). Cette blancheur n’est pas le fruit des efforts humains car les
    vainqueurs “ont blanchi leurs vêtements dans le sang de l’Agneau” (Ap 7,14). Le vêtement blanc est donc
    symbole de la justice que le Christ nous obtient par son sang, Lui, la vérité qui nous rend libres.
    L’aube se porte obligatoirement à la Messe sous la chasuble ou la dalmatique.
  • Le cordon ou cingulum qui serre l’aube à la taille évite que son ampleur ne gêne les mouvements. Dans la
    symbologie liturgique il signifie la chasteté sacerdotale.
  • Dans l’Ancien Testament avoir “la ceinture aux reins” c’est être prêt, rassembler ses forces, être attentif.
    “Ceins-toi les reins, rassemble toute ta force” (Ne 2,2) dit le Seigneur. Ceux qui mangent la Pâque doivent
    avoir “les reins ceints” (Ex 12,11). Les reins étant le lieu de la force sexuelle, mettre la ceinture c’est vouloir
    consacrer toutes ses énergies au service de Dieu dans la pureté. “Ceins tes reins comme un brave!”, dit
    Dieu à Job (Jb 38,3; 40,7).
  • Le Christ de l’Apocalypse, comme le Grand-prêtre, porte une ceinture d’or autour des reins (cf. Ap 1,13).
    Saint Paul écrit aux Éphésiens: “Ayez la vérité pour ceinture” (Ep 6,14). La vérité, la justice et la pureté sont
    une force venue de Dieu “qui me ceint de force pour le combat” (Ps 18, 33.40). Saint Pierre l’apprend à ses
    dépens: lui, qui aurait voulu défendre le Christ et n’en a pas eu le courage s’entend dire: “Lorsque tu étais
    jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais; lorsque tu deviendras vieux, un Autre te
    ceindra et te conduira là où tu ne voudras pas aller. Il annonçait ainsi par quel genre de mort Pierre rendrait
    gloire à Dieu” (Jn 21,18). Cet “Autre” qui ceint les reins et permet de témoigner jusqu’au martyre, c’est
    l’Esprit Saint dont un des dons est la “force”, le courage de la fidélité.
  • Sous l’aube, il est de coutume de porter l’amict (du latin amicire qui signifie “couvrir”), dérivé d’un long
    vêtement romain qui couvrait la tête. Il s’agit d’un linge blanc rectangulaire à appliquer autour du cou quand
    l’aube ne couvre pas complètement l’habit commun du prêtre. C’est un vestige du capuchon monastique
    symbolisant le casque du salut qui défend contre les attaques du démon.
    L’étole
    L’étole, dans sa forme primitive, était une longue robe, garnie de deux bandes verticales, appelée clavi. Il
    n’en restera que ces deux bandes. Jusqu’au IXème siècle, elle porte le nom d’ orarium et consiste en un linge
    fin, utilisé par les personnes qui parlaient en public pour s’essuyer le visage. Elle devient plus tard l’insigne
    honorifique des ministres sacrés, porté autour du cou par les évêques et les prêtres, et en sautoir sur
    l’épaule gauche par les diacres.
    Sur l’aube, le prêtre revêt l’étole comme symbole du sacerdoce, joug de l’obéissance posé sur le cou du
    serviteur: “Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur et vous
    trouverez le repos de vos âmes; oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger” (Mt 11, 29-30) dit
    Jésus, reprenant les paroles de Sirac le Sage: “Mettez votre cou sous le joug, que vos âmes reçoivent
    l’instruction: elle est tout près […] pour procurer beaucoup de repos […]” (Si 51, 26-29). En revêtant l’étole,
    le prêtre se met totalement à disposition de son Maître, pour porter le fardeau du service apostolique.
    Dans l’allégorisme médiéval elle est symbole d’immortalité, comme en témoigne la prière du ministre qui la
    revêt : «Redonnez-moi Seigneur, l’étole (le vêtement) de l’immortalité, que j’ai perdue lors de la prévarication
    de mes premiers parents, et quoique je m’approche sans en être digne de votre Ministère Sacré, que je
    puisse pourtant jouir de la joie éternelle».
    La chasuble, la chape et la dalmatique
  • Le mot français chasuble vient du latin casula (“petite maison”), parce que «ce vêtement -dit saint Isidore
    de Séville- couvre complètement celui qui le porte, comme une petite maison». Après avoir été le vêtement
    de tous les Chrétiens, elle resta par excellence celui des clercs qui la portèrent indistinctement dans les
    fonctions liturgiques jusqu’au IXème siècle.

    La chasuble signifie la tunique royale et sacerdotale manifestant, par sa beauté, la dignité du sacerdoce du
    Christ. Cet ornement, reçu au jour de l’ordination sacerdotale, devait être réservé au prêtre, qui ne la porte
    que pour la célébration de la Messe. Aux lainages souples succédèrent, au IXème siècle, les somptueuses
    soieries byzantines; à l’ornementation sobre furent substitués les riches orfrois que remplacèrent à leur tour –
    à partir de la Renaissance- les lourdes broderies en bosse. Depuis l’après-guerre, on est revenu à la forme
    ample des origines.
    La chasuble figure le joug du Seigneur et la charité dont le prêtre doit être tout entier revêtu. Il est de
    tradition que le prêtre récite la prière suivante en la revêtant: “Seigneur, vous qui avez dit: mon joug est
    suave et mon fardeau léger, accordez-moi de le porter de manière à obtenir votre grâce”.
  • La chape a la même origine que la chasuble. Du latin cappa qui signifie “capuchon” ou “cape”, c’est une
    grande cape de cérémonie agrafée par-devant et portée par les officiants principalement lors des
    bénédictions solennelles, aux vêpres et aux laudes solennelles et lors des processions du Saint-Sacrement.
    Elle n’a aucune signification symbolique.
  • La dalmatique, du latin ecclésiastique dalmatica, qui signifie “blouse en laine de Dalmatie”, est une sorte
    de chasuble en forme de croix avec des manches courtes. Elle est portée par les diacres lorsqu’ils
    remplissent les fonctions sacrées. Son usage liturgique, dérivé d’un vêtement civil romain, remonte au IVéme
    siècle. À l’origine ce vêtement, symbolisant la joie, était blanc; ensuite il prendra la couleur de la chasuble.
    Les prescriptions liturgiques n’ont d’autre fin que d’aider nos liturgies de la terre à anticiper la Liturgie
    céleste. Dieu n’y est pas indifférent: dans le livre du Lévitique (livre inspiré de la Bible) l’on détaille le
    déroulement des cérémonies, les vêtements et les objets liturgiques du culte juif avec une précision qui ferait
    rougir ceux qui trouvent excessif le soin donné au culte chrétien.