L’AVENT, se préparer à la venue du SEIGNEUR

Se préparer à la venue du Seigneur

            Quand, après les nombreuses semaines qui suivent la Pentecôte, nous chantons les premières vêpres du dimanche de l’Avent, nous nous rendons immédiatement compte de la différence. Auparavant la Liturgie était simple, calme; maintenant elle est poétique, débordante de sentiment. Le premier chant: “En ce jour la douceur coulera” nous dit expressément que nous entrons dans un temps plein d’espérance joyeuse, un temps d’attente, d’aspirations et de joie.

            Qu’est précisément pour nous l’Avent?Après ce que nous venons de dire, la chose est claire :c’est une préparation à la venue de grâce du Seigneur. Le martyrologe romain annonce pour le premier dimanche de l’Avent : “Le premier dimanche du temps de préparation à la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ“.

            L’Avent est donc nettement un temps de désir, d’aspirations, d’attente. Pour que la nourriture soit profitable, il faut que le corps ait la sensation de la faim. Dieu non plus ne veut pas imposer sa grâce à des âmes rassasiées. “Ceux qui ont faim, il les remplit de biens; quant aux riches, il les renvoie les mains vides“. C’est là une des plus anciennes lois du royaume de Dieu. C’est pourquoi, pendant quatre semaines, l’Église nous fait ressentir la faim spirituelle, le besoin de Rédemption, afin de nous rendre dignes de recevoir la grâce de la Rédemption. Nous nous demandons comment éveille-t-elle en nous ce sentiment de faim spirituelle ? Elle le fait avec une grande maîtrise. Elle nous représente dramatiquement le premier avènement du Christ et, dans ce drame sacré, elle nous fait partager la faim spirituelle, l’ardent désir des plus nobles et des meilleurs hommes qui ont attendu la merveilleuse méthode éducative dont Dieu s’est servi pour préparer l’humanité à la venue du Rédempteur.

            Cette préparation divine a été triple. Toute l’histoire sainte, l’Ancien Testament nous conduit comme un éducateur vers le Christ. Quand la plénitude des temps fut arrivée, Dieu envoya un précurseur spécial; sa personne, sa vie annonçaient l’avènement du Christ. Enfin Dieu bâtit pour son Fils un temple de pierres précieuses: le corps et l’âme de la Mère de Dieu. Cette triple préparation à la venue du Christ doit nous instruire, nous aussi, à attendre, l’avènement de grâce du Christ. Nous comprenons maintenant pourquoi ces trois éléments occupent une place si large dans l’Avent : l’Ancien Testament, Saint Jean-Baptiste et la Sainte Vierge Marie.

1) Le porte-parole et l’interprète de l’Ancien Testament est le prophète Isaïe. Il incarne à la fois la préparation de Dieu et les désirs de l’humanité.

            Ce serait une méditation intéressante (on pourrait la faire les soirs d’Avent) de parcourir tout l’Ancien Testament et d’y rechercher les prophéties messianiques. On verrait comment, après s’être présentées en quelques traits obscurs, elles deviennent sans cesse plus précises, plus claires, plus vivantes. C’est ainsi que Dieu faisait l’éducation de l’humanité pour la conduire vers le Rédempteur. On passe ainsi du Protévangile (aux portes du paradis terrestre) à travers Noé, Abraham, la bénédiction de Jacob, Moïse, David, Salomon, jusqu’aux Prophètes dont Isaïe est le prince. Notre Mère l’Église a fait de cette révélation graduelle de Dieu un principe de sa liturgie. Et nous le voyons particulièrement dans l’Avent.

            Isaïe nous présente aussi les nobles fruits de l’Ancien Testament. Il est le représentant de tous les justes qui, avec toute l’ardeur de leur âme, ont imploré le Rédempteur. Il doit évoquer dans notre âme cette ardeur de désirs. C’est pourquoi son imploration: “Cieux, répandez votre rosée; nuées, laissez tomber le juste (le Rédempteur); que la terre s’ouvre et fasse germer le Sauveur“, est devenue la prière d’Avent la plus connue de la chrétienté.

2) Quel est le rôle que joue saint Jean-Baptiste dans l’Avent?Sa vie, sa parole, sa personne sont une préparation à la venue du Christ. Dieu en a fait le précurseur, le héraut du premier avènement du Christ; l’Église en fait le héraut et le précurseur de l’avènement du Christ par la grâce. Quand il parut jadis, il prêcha au peuple juif la pénitence et la conversion: “Convertissez-vous, le royaume de Dieu est proche“. Il nous prêche la même chose aujourd’hui. Nous pouvons le dire, c’est le Baptiste qui a fait de l’Avent un temps de pénitence. Sa parole: “Préparez les voies du Seigneur, rendez droits ses sentier; toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline sera abaissée; ce qui est courbe sera redressé“, cette parole est pour nous une exhortation à un véritable renouvellement de vie.

3) Il y a une manifestation particulière de la bonté et de l’amabilité de Dieu dans le fait qu’il a rendu l’oeuvre de la Rédemption si humainement proche de nous:le Rédempteur devait devenir un Enfant des hommes, se soumettre au cours de la nature, être conçu et enfanté. Ceci nous montre la condescendance de Dieu dans l’oeuvre de notre salut; il ne voulait pas nous apparaître comme le Dieu terrible; il voulait être un véritable Emmanuel (Dieu avec nous).

            Aussi il a introduit une noble figure de femme dans le plan de la Rédemption; elle devait y coopérer. Tout cela est si aimable et si touchant que la chrétienté ne peut détacher son regard de ce souvenir. Elle ne cesse de voir la Mère avec son divin Enfant. On comprend, donc, pourquoi l’Église nous fait marcher à travers l’Avent en compagnie de Marie et nous fait puiser nos méditations dans le cœur de Marie. Si l’Avent est en premier lieu une préparation à la venue du Christ par la grâce, quel plus beau modèle pouvons-nous trouver que Marie qui reçut corporellement le Christ, lui donna asile et eut le droit d’être appelée sa vraie Mère? Oui,le mystère, de la maternité divine, le plus sublime symbole de l’habitation de Dieu en nous, doit trouver une large place dans l’Avent. C’est pourquoi nous entendons sans cesse retentir la cloche de l’Ave.

            C’est là un triple accord merveilleux : Isaïe, Jean Baptiste, Marie, une harmonie dont chaque son est d’une mélodie rare: saints désirs, pénitence, union à Dieu. Voilà ce que doit être pour nous l’Avent.

            L’Avent se partage en deux grandes parties:

a) la première comprend les deux premières semaines de l’Avent. Pendant ces deux semaines, l’invitatoire salue le “Roi qui va venir“.

b) à partir du troisième dimanche, l’Église accentue son attente: “Le Seigneur est tout près“.

            a) Dans la première partie, les deux dimanches représentent deux étapes.

– le premier dimanche nous apporte le message: «Le Roi vient»;

– la seconde annonce est faite avec plus de précision: «Il vient vers Jérusalem» (c’est-à-dire dans l’Église).

            b) La seconde partie commence immédiatement avec un chant de joie:

– “Réjouissez-vous dans le Seigneur; je vous le dis de nouveau, réjouissez-vous car le Seigneur est proche“. C’est la première étape.

– La seconde est constituée par les Quatre-Temps qui nous apportent un nouveau message: Le Seigneur vient comme Homme. Nous entendons la préhistoire de sa naissance.

– Une troisième étape est constituée par les antiennes O. Ce sont les jours de l’attente la plus pressante de l’Avent.

Au soir de la vigile de Noël, enfin, nous nous tenons devant les portes qui s’ouvrent etdonnent au monde le Sauveur.

Dieu a révélé le Rédempteur d’une manière progressive et l’Église l’imite dans sa Liturgie. C’est ainsi également que les choses se passent dans la vie de notre âme. Dans notre âme aussi, la lumière du Christ se fait de plus en plus claire jusqu’à ce que nous ayons atteint notre maturité et que nous puissions voir la face rayonnante du Rédempteur, à l’heure de notre mort.

REGLES LITURGIQUES DU TEMPS DE L’AVENT

La Messe dominicale

Les quatre dimanches de l’Avent, il n’est permis de célébrer aucune autre messe (sauf au soir du 24 décembre) que celle du dimanche en question, avec ses propres oraisons et lectures.

Le Missel commence par le propre du premier Dimanche de l’Avent, nous rappelant ainsi que nous commençons une nouvelle année liturgique, avec une nouvelle lettre pour indiquer l’année dans le lectionnaire du dimanche, et une invitation implicite à revoir les quelques points où un certain relâchement se serait peut-être introduit dans nos pratiques liturgiques :

* Gloria in excelsis est omis tous les dimanches de l’Avent, mais on chante ou récite le Credo.

* dans le Missel français, une des invitations à la Prière des fidèles est spécifique aux Messes de l’Avent, mais son usage reste facultatif;

* la «Préface de l’Avent I» sert jusqu’au 16 décembre inclus, tandis que la «Préface de l’Avent II» sert à partir du 17, aussi bien le dimanche qu’en semaine aux messes de l’Avent

*le Missel inclut une bénédiction solennelle pour le temps de l’Avent, que le célébrant peut donner à son gré. Dans ce cas le diacre la précède par la monition.

Le troisième dimanche de l’Avent, on peut employer la couleur rose pour les ornements.

* Les lectures, Psaumes responsorials et Évangiles sont spécifiques à chaque année (par conséquent, attention à la préparation du premier dimanche de la nouvelle année).

* Les versets de l’alléluia donnés par le Lectionnaire sont communs aux trois ans, mais ne sont pas toujours tirés du Graduel.

* Dans les églises qui attirent de nombreux servants, il est loisible de réduire le nombre de céroféraires qui entourent la consécration les dimanches de l’Avent, mais sans les supprimer complètement.

* De même, en de nombreux lieux, on utilise des vaisseaux sacrés moins précieux que pendant l’année, sauf au troisième dimanche.

Il ne faut pas oublier que ces diminutions se font pour donner un plus grand éclat à nos pauvres efforts à Noël, et non pour entourer le Saint Sacrifice d’une ambiance lugubre ou minable dans l’intervalle.

Les Féries jusqu’au 16 décembre

– Les lectures de la Messe ne varient pas avec l’année paire ou impaire;

– Les Messes votives ou «pour les intentions ou circonstances diverses» ne peuvent être célébrées que si, au jugement du recteur ou du célébrant, un besoin ou un avantage pastoral véritable le demande;

– La messe quotidienne pour les défunts est interdite mais les messes des obsèques et rituelles (du mariage, etc.) sont permises.

– Plusieurs mémoires et mémoires facultatives tombent pendant cette première partie de l’Avent.

– En de nombreuses églises on renonce à utiliser les lectures des saints et leurs préfaces à la Messe, et des Communs des saints à l’office, en célébrant ces mémoires.

– À partir du 16 décembre, la récitation publique d’une neuvaine préparatoire à la célébration de la Nativité du Seigneur est organisée en plusieurs lieux, soit avant ou après la Messe ou les Vêpres, soit au cours de l’Adoration eucharistique.

  Les féries à partir du 17 décembre   Pendant les huit jours qui précèdent Noël, les Féries l’emportent sur les mémoires des saints. Il n’y a aucune mémoire obligatoire en ces jours dans le calendrier général (ni, en principe, dans les calendriers particuliers, car il n’y a aucune prévision pour les célébrer).   Les quelques mémoires facultatives qui tombent dans ces jours ne peuvent être célébrées que de la manière suivante :
– à la Messe: on peut prendre la Collecte du saint à la place de celle de la Férie; toutes les autres parties de la Messe étant de la Férie ;
– à l’Office des lectures: après la lecture patristique avec son répons-tous deux de la Férie-on peut ajouter la lecture hagiographique du saint avec son répons, puis terminer aussitôt avec l’oraison du saint;
– aux Laudes et aux Vêpres : après l’oraison conclusive de l’office de la férie, on peut ajouter l’antienne (propre ou du commun) et l’oraison du saint.
  Aucune fête ni solennité ne tombe en ces jours dans le calendrier général. Les Messes votives et «pour intentions et circonstances diverses» sont interdites sans l’accord de l’ordinaire. La Messe quotidienne pour les défunts est interdite, mais les messes des obsèques et les messes rituelles (du mariage, etc.) restent permises.   Les Messes et lectures de ces Féries se présentent sous leur date dans le Missel et le Lectionnaire, vers la fin de l’Avent. Une ou deux de ces messes ne serviront pas chaque année à cause du quatrième dimanche.
Les textes des antiennes « O » retenues par le rite romain
17 décO Sapientia, quæ ex ore Altissimi prodisti, attingens a fine usque ad finem, fortitersuaviterdisponensque omnia: veni ad docendum nos viamprudentiæ.O Sagesse, sortie de la bouche du Très-Haut, qui enveloppez toutes choses d’un pôle à l’autre et les disposez avec force et douceur, venez nous enseigner le chemin de la prudence.
18 décO Adonai, et Dux domus Israel, qui Moysi in igneflammæ rubi apparuisti, et ei in Sina legemdedisti : veni ad redimendum nos in bracchioextento.O Adonaï, guide du peuple d’Israël, qui êtes apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent, et lui avez donné vos commandements sur le mont Sinaï, armez votre bras, et venez nous sauver.
19 décO RadixIesse, qui stas in signumpopulorum, super quemcontinebuntregesossuum, quemgentesdeprecabuntur : veni ad liberandum nos, iam noli tardare.O Fils de la race de Jessé, signe dresse devant les peuples, vous devant qui les souverains resteront silencieux, vous que les peuples appelleront au secours, délivrez-nous, venez, ne tardez plus !
20 décO Clavis David, et sceptrumdomusIsrael ; qui aperis, et nemoclaudit ; claudis, et nemoaperit : veni, et educvinctum de domo carceris, sedentem in tenebris et umbramortis.O Clef de la cité de David, sceptre du royaume d’Israël, vous ouvrez, et personne alors ne peut fermer ; vous fermez, et personne ne peut ouvrir ; venez, faites sortir du cachot le prisonnier établi dans les ténèbres et la nuit de la mort.
21 décO Oriens, splendorlucisæternæ, et sol iustitiæ : veni, et illumina sedentes in tenebris et umbramortis.O Orient, splendeur de la Lumière éternelle, Soleil de justice, venez, illuminez ceux qui sont assis dans les ténèbres et la nuit de la mort.
22 décO Rex gentium, et desideratusearum, lapisqueangularis, qui facisutraque unum : veni, et salva hominem, quem de limoformasti.O Roi des nations, objet de leur désir, clef de voûte qui unissez les peuples opposés, venez sauver l’homme que vous avez façonné d’argile.
23 décO Emmanuel, Rex et legifernoster, exspectatiogentium, et Salvator earum : veni ad salvandum nos, Domine, Deus noster.O Emmanuel, notre roi et législateur, que tous les peuples attendent comme leur Sauveur, venez nous sauver, Seigneur notre Dieu !