6 août : fête de la Transfiguration ; fête de l’Institut du Verbe Incarné

LA FÊTE DE LA TRANSFIGURATION DU SEIGNEUR

FETE DE L’EGLISE UNIVERSELLE

Le mystère de la Transfiguration se présente comme un mystère de lumière; mais plus largement c’est l’Incarnation tout entière qui, dès le premier moment de la conception du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie, est un mystère de lumière. 
Saint Jean ouvre son Prologue par la révélation solennelle du Verbe: «En Lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes; la Lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne L’ont pas arrêtée» (Jn 1,4-5). 
Saint Luc proclame la même Bonne Nouvelle par la voix de Zacharie qui nous annonce la visite «de l’Astre d’en haut, venu illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort» (Lc 1,79). La lumière révèle, elle fait entrer dans la visibilité les objets et les personnes qu’elle illumine, en les faisant apparaître à notre regard. 
Dans le mystère de l’Incarnation, Jésus, vrai Lumière, vient éclairer le monde, l’histoire, les hommes et les événements, pour les faire apparaître à nos yeux dans leur perspective d’éternité: «tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son Nom, Il leur a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu» (Jn 1,12), c’est-à-dire de devenir, à leur tour, des fils de lumière. 
Même la naissance du divin Enfant est annoncée par une lumière divine qui illumine au cœur de la nuit de Palestine : «les bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux furent enveloppés de la lumière de la gloire du Seigneur» (Lc 2,8-9). 
Cette même gloire lumineuse resplendit sur les Messagers de la Bonne Nouvelle de la Résurrection au matin de Pâques : «L’Ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. Il avait l’aspect de l’éclair et son vêtement était blanc comme la neige» (Mt 28,2-3). 
Aujourd’hui, sur le Thabor, ce ne sont pas des Anges qui reflètent la gloire du Très-Haut; c’est la très sainte Humanité de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui laisse transparaître quelques instants la gloire divine dont elle est saturée. Resplendissement de la gloire du Père, expression parfaite de son être, ce Fils est élevé bien au-dessus des Anges, car Il possède par héritage un nom bien plus grand que le leurs ; Lui qui, après avoir accompli la purification des péchés, “s’est assis à la droite de la Majesté divine au plus haut des cieux” (cf. He 1,1-3). 

Alors que le soleil estival réjouit notre cœur, la fête de la Transfiguration nous rappelle qu’il est un autre Soleil qui devrait bien davantage être pour nous source de joie, d’émerveillement et de reconnaissance. Un soleil qui ne nous est plus extérieur, réchauffant seulement notre corps, mais un soleil intérieur : c’est la présence lumineuse de Jésus qui par son Esprit habite au fond de nos cœurs. En effet, Dieu «Lui a tout soumis et, Le plaçant plus haut que tout, Il a fait de Lui la tête de l’Eglise qui est son corps, Lui que Dieu comble totalement de sa plénitude» (Eph 1, 22-23). «Autrefois nous n’étions que ténèbres, mais maintenant, dans le Seigneur, nous sommes devenus lumière» (Eph 5, 8). 
Certes, ce n’est qu’au-delà de la mort que nous serons rassasiés de la vision de cette présence divine ; sur cette terre la gloire de Dieu nous demeure voilée, nous invitant à une vie de foi. Mais la foi est déjà participation bien réelle à cette gloire. Ainsi, dès à présent, nous devons vivre «comme des fils de la lumière» (Ibid.) puisque nous le sommes. La foi est le seul chemin pour entrer dans la gloire ; or «nous n’avons que cette vie pour vivre de foi» (Ste Thérèse de l’Enfant Jésus). 
Trop de chrétiens n’ont qu’une vision déformée des choses de la foi. Ils sont tentés de ne voir, dans le Christ et l’Eglise que le seul aspect humain. Le mystère de la Transfiguration nous rappelle la condition divine du Christ, la condition définitive vers laquelle tend l’Eglise, et nous invite à considérer les réalités de la foi avec un regard illuminé par la même espérance : au terme d’une existence vécue en fils de Dieu, nous le connaîtrons tel qu’Il est. 

FETE DE LA FAMILLE DU VERBE INCARNE

Ce jour est aussi une grande fête pour notre famille religieuse : la Famille du Verbe Incarné. Le mystère de la Transfiguration, en effet, commémore le moment historique dans lequel le Christ, sans cacher sa nature humaine, a fait briller de façon si admirable la gloire de la divinité. Dans le Verbe Incarné, la divinité brille dans l’humanité, ou plutôt, la divinité assume l’humanité de Jésus et l’élève au-dessus de sa capacité. Ainsi, dans la Personne divine du Verbe, l’humanité est présentée au Père resplendissante de grâce. 
C’est précisément le modèle d’évangélisation de la culture humaine, ce qui est le but spécifique de notre Congrégation : «prolonger l’Incarnation du Verbe en tous les hommes, en tout l’homme, en toutes les manifestations de l’homme». (Constitutions). 
Et notre Document sur l’Evangélisation de la Culture, à la suite des enseignements de la Lettre Encyclique «Redemptoris Missio», nous rappelle : 

«L’évangélisation de la culture ou ‘inculturation’ signifie une intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme et (signifie aussi) l’enracinement du christianisme dans les diverses cultures […] Par l’inculturation l’Eglise incarne l’Evangile dans les différentes cultures et, en même temps, Elle introduit les peuples avec leurs cultures dans sa propre communauté (universelle); Elle leur transmet ses valeurs en assumant ce qui est bon dans ces cultures, en les renouvelant de l’intérieure». (RM. n. 52)

La culture d’un peuple s’exprime dans sa propre langue ; d’où l’importance d’apprendre la langue du peuple auquel un missionnaire est envoyé. Autrement, les vérités essentielles et éternelles resteront toujours à l’extérieur sans réussir à pénétrer l’histoire et la tradition de ce peuple. A ce propos, le Père spirituel de notre famille religieuse, Saint Jean Paul II, a enseigné clairement que «les missionnaires doivent apprendre la langue de la région où ils travaillent, connaître les expressions les plus significatives de cette culture, et découvrir ses valeurs à travers l’expérience directe […]». 
C’est seulement avec cette connaissance que les missionnaires pourront apporter aux peuples non-chrétiens un témoignage croyable et fructueux du mystère de l’Incarnation. C’est pour cela que le désir de notre fondateur (le P. Carlos Buela) a été qu’en ce jour, où notre Famille religieuse célèbre le but de son action pastorale, puisse se réaliser une polyglosis, c’est-à-dire, la lecture des textes littéraires ou l’interprétation de chants dans plusieurs langues, pour exprimer les richesses des différentes cultures. 
En fin, nous voudrions remercier le Bon Dieu pour tous les dons et bienfaits reçus de ses mains généreuses à travers notre Famille religieuse, et Lui demandons des grâces nécessaires pour être fidèles à la mission qu’Il nous a confiée. Amen.