LE RETOUR D’UNE MISSION DE PAIX

18 juillet 2021 – 16ème dimanche du Temps Ordinaire

Mc 6, 30-34

LE RETOUR D’UNE MISSION DE PAIX

            L’histoire sainte nous apprend que le peuple d’Israël a cheminé des siècles durant à la découverte progressive de Dieu. Comme chacun de nous dans sa recherche individuelle, le peuple de Dieu a reçu la révélation divine, par touches successives et parfois apparemment contradictoires. Dieu se révèle à la fois exigeant, sévère et même menaçant, et à la fois bon et miséricordieux.

            Si les juifs peuvent à s’émerveiller de la grâce dont ils sont l’objet, St Paul montre  qu’il en est encore autrement et bien davantage pour les païens. Dieu veut la paix, la réconciliation, c’est-à-dire l’amitié retrouvée avec Dieu et entre les hommes. Mais plus que réconcilier, Dieu veut encore rassembler, réunir tous les peuples.

            Dans la seconde lecture St Paul nous dit que grâce au Christ tous les murs de séparation s’écroulent. En sa personne, «le Christ a tué la haine sur la croix pour que nous vivions en paix». «Nous sommes appelés à une seule espérance, car il y a un seul Corps et un seul Esprit… un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous…» (Éph. 4, 4).

            Pour décrire la séparation, la discrimination et la haine omniprésentes dans notre monde, l’Apôtre utilise l’image du mur, faisant référence aux nombreux murs qui séparaient les différents groupes dans le temple de Jérusalem : «Le Christ a fait tomber le mur qui les séparait, le mur de la haine».

            Dans le Temple, il y avait : le mur qui interdisait, sous peine de mort, l’entrée à tous les non-Juifs ; le mur qui limitait les allées et venues des femmes ; le mur qui empêchait les laïcs de se rendre dans la section réservée aux prêtres ; le mur qui défendait aux prêtres d’aller là où seul le grand prêtre pouvait aller ! Par tous ces murs, les gens étaient séparés les uns des autres comme le sont aujourd’hui encore les états d’Israël et de Palestine, délimités par de hauts murs, des tours de gardes et une haine implacable. Eh bien, le Christ est Celui qui nous propose une œuvre universelle de réconciliation avec Dieu et avec les autres : «Il est venu annoncer la Bonne Nouvelle de la paix» ; la paix pour ceux qui étaient loin, la paix pour ceux qui étaient proches. 

            Nous vivons dans un monde plein de division. Il y a d’un côté les pays riches et de l’autre les pays pauvres ; les secteurs de grandes richesses et les secteurs de taudis ; les régions de grande abondance et les régions de famine et de misère ; les pays en guerre et les pays en paix. On érige partout le mur de la discrimination raciale, le mur de la religion, le mur de l’idéologie, de la culture, de la vertu. On élève des murs pour se protéger des immigrés, des sans-logis, etc., etc.

            Tous ces murs créent un univers d’incompréhension, de méfiance et de haine. Ils provoquent des luttes mortelles, causant des milliers de morts et des millions de déplacés. Les exemples ne manquent pas : en Israël, un véritable mur sépare les Juifs des Palestiniens ; en Bosnie, les musulmans des chrétiens ; au Ruanda, les Tutsis des Utus ; en Irak, les Sunnis des Shiites et des Kurdes …

            Dans les pays démocratiques, les murs existent entre les différents partis politiques, entre les religions, entre les personnes de différentes couleurs, entre les citoyens de vieille souche et les immigrés. La liste de ces murs semble s’allonger tous les jours. Lorsqu’il y a un mur de séparation, l’intolérance s’installe, les déclarations agressives se multiplient, la violence et la haine prennent toute la place. L’être humain semble avoir été créé pour ériger des murs plutôt que de construire des ponts. Devant ces situations désastreuses, St Paul, pour qui le Christ est le modèle parfait, nous dit : «Vous avez revêtu l’homme nouveau … Là il n’y a ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni hommes ni femmes, esclaves ou homme libre ; il n’y a que le Christ, qui est tout et en tous

            Dans notre monde d’inégalité et d’injustice, le Christ nous invite à la paix et à la réconciliation : «Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils ou fille de Dieu !» (Mt 5, 9). Le Christ nous réconcilie avec Dieu notre Père, avec nous-mêmes et avec les autres, en nous pardonnant et en nous intégrant à sa grande famille. C’est là le sens de notre belle prière, le Notre Père. Nous sommes tous appelés à devenir frères et sœurs. Cela devrait faire crouler tous les murs de séparation qui existent entre nous.

            Le dimanche, jour du Seigneur, nous permet de laisser tomber notre tension et de détruire les murs qui nous séparent. Nous rencontrons le Seigneur, recevons son pardon, et pardonnons ceux et celles qui nous ont offensés. La caractéristique principale de tout chrétien, c’est d’être un artisan de paix, un rassembleur, un agent d’union. C’est pourquoi Jésus envoie ses disciples en mission ; rassembler plutôt que disperser et séparer, tout faire pour éviter que les factions se forment, que la jalousie ou l’ambition viennent miner les fondements mêmes de la communauté !

            Le compliment le plus beau que l’on puisse faire à quelqu’un c’est qu’il est un rassembleur, une personne de paix. Jésus envoya ses disciples deux par deux pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, un Royaume de paix, de compréhension et d’amour …

            «Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils et filles de Dieu».