«Il s’étonna de leur manque de foi »

Dimanche 4 juillet 2021 – 14e dimanche du Temps Ordinaire – Année B

Ez 2, 2-5; Ps 122;  2 Cor 12, 7-10; Mc 6, 1-6

«Il s’étonna de leur manque de foi »

La spiritualité de l’échec

            Les trois lectures de ce dimanche nous parlent de ce qu’on pourrait appeler la «spiritualité de l’échec» : le prophète Ézéchiel reçoit de Dieu l’ordre de rester debout face à un peuple qui refuse son message. St Paul  avoue avoir une «écharde dans la chair», ce qui pourrait être interprété comme un échec que l’apôtre a des difficultés à surmonter. De même Jésus essuie à son tour un cuisant échec dans son propre village. L’échec fait partie de notre vie, mais Dieu nous aime malgré nos échecs.

            «L’écharde» de St Paul est un bon exemple de tout ce qui ne réussit pas dans notre vie et de toutes nos faiblesses humaines. Dieu lui dit alors : «Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse». Le Seigneur n’a pas besoin de nos performances exceptionnelles. Il nous aime tels que nous sommes.         Paradoxalement, Dieu construit  sur nos pauvretés, même si la raison humaine prétend le contraire. Nous appartenons à une civilisation qui ne glorifie que le meilleur, le premier, le numéro un, soit en politique, en sport ou dans la vie professionnelle. C’est la loi du plus fort. L’évangile, par contre, est une Bonne Nouvelle pour tous, mais particulièrement pour ceux qui ne sont pas les meilleurs, qui éprouvent toutes sortes de difficultés : les malades, les faibles, les rejetés, les derniers, les exclus.

Notre réponse : foi et confiance en Dieu

            Nous subissons tous des échecs dans nos projets personnels, dans les études, le mariage, la carrière, l’éducation des enfants. Notre santé est précaire, nous avons des limites, des addictions, des maladies, des faiblesses. Et quelle est notre réaction face à ces échecs ?

            Voici la réponse digne d’un véritable disciple de Jésus : la FOI et la CONFIANCE en sa Sagesse et en son pouvoir. L’évangile d’aujourd’hui nous parle encore de foi. Dans le texte de ce dimanche nous entendons que Jésus «s’étonna de leur manque de foi».

            De qui s’agit-il ? Il s’agit des gens de sa région, de ceux qui devraient bien le connaître. «Il s’étonna de leur manque de foi. Il s’en étonna à tel point qu’il leur dit ces paroles si sévères : «Un prophète n’est méprisé QUE dans son pays, sa parenté et sa maison». Comme s’il n’y avait pas d’autre endroit où un prophète –quelqu’un qui vient parler de Dieu, de sa volonté, de son amour– soit méprisé.

Et 2000 ans plus tard ?

            Paroles dures celles de Jésus ; paroles qui s’adressent à sa famille, à ses proches. Et 2000 ans plus tard, sa famille, ses proches, c’est nous. C’est nous qui sommes ses frères et ses sœurs ; c’est nous qui sommes ses pères et ses mères ; c’est nous qui sommes ses enfants. Et 2000 ans plus tard, serait-il possible, encore une fois, que Jésus s’étonne de notre manque de foi ?

            C’est une bonne occasion pour nous poser quelques questions : Que se passe-t-il avec la foi que nous avons depuis si longtemps, que nous professons chaque dimanche ? Quel est le fruit de cette relation à Dieu que nous prétendons cultiver, jour après jour, dimanche après dimanche ? Nous avons entendu tout à l’heure le prophète Ézéchiel : «Fils d’homme, Je t’envoie vers les fils d’Israël -c’est-à-dire vers tous mes enfants- vers une nation rebelle, qui s’est révoltée contre moi. Les fils ont le visage dur et le cœur obstiné. C’est à eux que Je t’envoie ».

            Une autre question : parmi les enfants de Dieu (les baptisés), combien sont ceux qui ne savent même pas qu’ils sont enfants de Dieu ? Combien sont ceux pour qui est proclamée cette extraordinaire bonne nouvelle du Christ ressuscité, du Dieu qui nous rejoint, qui nous aime jusqu’à se donner soi-même complètement  et non pas seulement un jour passé -il y a 2000 ans sur la Croix- mais chaque jour dans l’Eucharistie ? Combien sont ceux qui ne le savent pas, combien sont ceux vers qui nous n’allons pas, parce que nous disons que cela ne sert à rien, qu’on ne nous écoute de toute façon pas, qu’il nous arrivera des choses pas très agréables ?

Le prophète dit la proximité de Dieu

            Peut-être que ces paroles du Prophète Ézéchiel -ou plutôt de Dieu chez le prophète Ézéchiel- nous concernent tout particulièrement : «Tu leur diras : ‘Ainsi parle le Seigneur Dieu’. Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, ils sauront qu’il y a un prophète au  milieu d’eux». Pour le moment, ils ne savent pas qu’il y a un prophète au milieu d’eux. Qui est ce prophète ? Ce prophète, c’est Jésus lui-même, Lui qui est prêtre, roi et prophète. Et un prophète, dans la Bible, ce n’est pas quelqu’un qui dit l’avenir ; un prophète c’est celui qui révèle et qui rappelle le plan de Dieu sur les hommes, qui dit que Dieu est proche, que Dieu aime chacun, particulièrement tous ceux qui sont loin de Lui.

            Tant de gens ne savent pas qu’il y a parmi nous, parmi tous les hommes, ce Prophète-là, qui est Dieu lui-même fait homme, devenu l’un de nous, qui se donne à chacun d’entre nous dans l’Eucharistie pour que nous devenions ces prophètes de la Bonne Nouvelle.

Il faut accepter tout

            Peut-être qu’en nous regardant nous-mêmes, nous trouvons des difficultés pour témoigner de notre foi dans ce monde. Oui, bien sûr, ce n’est pas facile. L’on entend souvent : «je ne sais pas parler, je ne sais que dire, je ne sais que faire, on ne m’écoutera jamais». Il faut se rappeler les paroles de Jésus à saint Paul : «Ma grâce te suffit car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse». Et saint Paul de continuer : «J’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes». Voilà le secret de la mission des « prophètes de la Bonne Nouvelle» : il faut tout accepter, parce qu’il y a encore dans ce monde des hommes et des femmes malheureux ; il faut  tout accepter pour dire ce bonheur d’un Dieu qui est si proche qui veut nous panser, nous  guérir et  nous relever.

            «J’accepte tout, dit saint Paul, lui qui est aussi prophète du Prophète Jésus. J’accepte tout …  Que ces paroles puissent, petit à petit, devenir les nôtres. « Il s’étonna de leur manque de foi » était-il dit de Jésus tout à l’heure dans l’Evangile, et saint Marc précisait qu’il n’avait pas vraiment pu faire des miracles dans cet endroit-là. Il n’y avait pas la foi. Pourtant il guérit quand-même quelques malades …

            Mes frères et sœurs, Jésus est prêt à faire des miracles, à guérir ne serait-ce que quelques malades, si nous acceptions de nous mettre à l’ouvrage et de faire que notre foi, reçue en don de Dieu, devienne une foi vivante, une foi au service de nos frères et sœurs qui ont tant besoin de la proximité de Dieu. Amen