Dans ce passage de l’Evangile de Marc, il est question surtout de croissance, de vie qui ne cesse de se développer.
Si je relis d’abord la parabole du grain de blé, je remarque que le règne de Dieu est comparable à l’activité du paysan : c’est l’homme qui est mis en avant (Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ… et qui plus tard récolte son grain). L’agriculteur est actif au départ, au moment des semailles, en tant que semeur, et puis il est actif à la fin comme moissonneur de la récolte. Entre les deux le paysan est inactif, et pourtant la graine ne cesse de se développer sous la forme d’une tige : c’est la terre qui devient active, mais on n’en parle pas dans ce texte ; c’est à la terre de travailler, et la terre, ici, c’est l’humanité qui est désormais la terre de Dieu. En effet, le semeur-moissonneur représente Dieu lui-même ou aussi Jésus lors de son activité terrestre et lors de sa venue pour la moisson à la fin des temps : la durée de son inactivité apparente est celle de l’histoire humaine. Il peut sembler aux hommes que Dieu est absent pendant tout ce temps de la germination et du mûrissement, qu’il est inactif, puisqu’on ne le voit pas agir directement. Pourtant la semence de la Bonne Nouvelle jetée en terre par Jésus et confiée à son Eglise fait son chemin dans le monde et dans les cœurs. L’humanité et nos cœurs sont la terre de Dieu. Ce temps de l’inactivité apparente de Dieu entre les semailles et la récolte est le temps de la confiance faite aux hommes. Sachons rendre grâce de l’immense confiance que Dieu nous fait pour construire un monde de justice et de paix. Et à nous les chrétiens en particulier, il nous confie une mission, celle de continuer à faire grandir son règne d’amour au cœur de notre monde. Oui, nous sommes la terre de Dieu ; sachons la faire fructifier au sein de nos maisons et de tous nos lieux de vie. Le temps de la germination et du mûrissement, c’est le temps où Dieu nous fait confiance en nous permettant de vivre dans la plus grande liberté.
Et si maintenant, nous regardons la minuscule graine de moutarde : Dans cette parabole, ce n’est plus l’homme qui est au centre, c’est la graine. Cette parabole de Jésus oppose le commencement à la fin. Au début la graine est « la plus petite de toutes les semences du monde » ; à la fin elle est devenue la plus grande des plantes potagères où viennent se nicher tous les oiseaux du ciel. Ici encore, la petitesse des commencements avec Jésus ne doit pas faire désespérer du résultat final ; la Bonne Nouvelle jetée en terre de Palestine, verra au cours de l’histoire, tous les peuples atteints par l’Evangile. N’oublions pas non plus la petitesse des commencements de tous nos engagements, que ce soit dans nos vies humaines, chrétiennes, dans le mariage, etc…engagements qui deviennent don de vie… Cette parabole nous invite à la foi en la vie, à la foi en l’autre, à la foi en l’avenir, à ne jamais désespérer des nos petites, toutes petites actions des commencements ou des premiers pas. Aussi, comme la graine de moutarde est une réalité bien concrète malgré sa petitesse, le Royaume de Dieu qui est peut-être encore tout petit et fondu dans le monde, est une réalité bien concrète au cœur de ce monde parfois difficile à vivre.
Le règne de Dieu vient irrésistiblement ; ne pas confondre le Royaume de Dieu et l’Eglise : le Royaume de Dieu, c’est partout où se vivent l’amour, la paix, la justice, la fraternité…et l’Eglise en est le signe, le sacrement, la Parole même de Dieu au cœur de ce monde que Dieu aime. Mais ce royaume de Dieu ne se fera pas sans le concours des hommes qui ont à travailler pour que « ton règne vienne ».
Aussi, ce sont des paraboles qui nous invitent à la patience : ce n’est pas en tirant sur la plante qu’on la fera pousser plus vite. Il faut le temps de la maturation…Faisons en sorte que la parole de Dieu s’enracine vraiment dans le monde… et permettons-lui de mûrir dans nos cœurs.
Louis Morandeau