Voici une petite fille de 12 ans très malade qui est en fin de vie… et son papa, un chef de synagogue dont le nom est Jaïre. La maladie de cette petite fille met toute la famille dans l’angoisse : médicalement, il n’y a pas d’issue à cette maladie autre que la mort. Cette expérience de la souffrance au cœur de nos familles, nous la connaissons bien. Nous courons nous aussi, auprès de toutes sortes de gens, chercher une guérison ; nous courons chercher un peu d’espoir auprès de ceux dont nous avons pu entendre parler et qui peuvent peut-être nous sortir de nos ornières.
Jaïre, le père de cette petite fille, s’est décidé à aller rencontrer Jésus. Il ne voyait plus d’autres solutions…mais ce qui est remarquable dans cette histoire, c’est que cet homme a toujours gardé un espoir de mieux être pour sa fille, sinon il ne se serait pas déplacé. Nous aussi, dans des situations un peu semblables, il nous arrive de toujours continuer à espérer, sans savoir nous l’expliquer, et avec les malades, nous luttons contre la maladie. Finalement, n’est-ce pas cette lutte pour la vie, qui nous conduit à la résurrection : « C’est ta foi qui t’a sauvée ».
Prière : « Seigneur, au cœur de nos souffrances extrêmes, nous n’avons, parfois, plus envie de prier et nous sommes souvent découragés, viens au devant de notre faiblesse et donne-nous la force de croire encore à la vie, à l’exemple de Jaïre. »
Ce chef de la synagogue, en venant rencontrer Jésus, nous apprend aussi que nous ne pouvons pas nous relever tout seul. Il lui a fallu donner sa confiance à Jésus pour retrouver une autre vie, pour lui et pour sa fille. Non, nous ne pouvons pas avancer seuls sur le chemin de la vie ou de notre résurrection. Aussi, Dieu lui-même par son Fils Jésus, est venu à notre rencontre : il a pris notre humanité pour la vivre avec nous et marcher à nos côtés. Cette proximité de Dieu avec l’homme est la source d’une véritable confiance en la vie. Pour Jaïre, Jésus est accessible et l’espoir du bonheur aussi, même s’il faut sortir de chez soi et parcourir une longue distance pour le rencontrer. Jésus est toujours accessible… !
A son tour Jésus vient à la rencontre de cette famille durement éprouvée ; il vient jusqu’au cœur de la maisonnée prendre la main de la petite fille. Nous voyons là la main de Dieu au secours de la détresse humaine, la main de Dieu qui relève l’humanité anéantie par le mal et la souffrance. Et puis nous entendons Jésus prononcer cette parole : « Donnez lui à manger ! », ce qui veut dire : Vous qui êtes là, continuez de faire ce que je viens de vivre avec elle… selon vos possibilités à vous…c’est à vous maintenant de prendre le relais pour qu’elle trouve la force de vivre… c’est à vous de conforter vos frères, faites tout ce qui est en votre pouvoir pour que vos frères et sœurs puissent vivre…Une parole de Jésus qui est d’une étonnante actualité au regard de tout ce dont nous sommes témoins aujourd’hui à travers les médias. Nous avons à prendre notre part, à notre mesure, au salut de nos frères et sœurs en humanité, même si c’est Dieu qui nous sauve. « Donnez-lui à manger » = « Faites ce qui est en votre pouvoir ! »
Nous pouvons penser aussi : Pourquoi Jésus ne guérit-il qu’une seule personne ? Pourquoi ne fait-il pas la même chose pour nous tous aujourd’hui ? Pourquoi ne guérit-il pas tous les malades ? C’est vrai, Jésus a posé des gestes ponctuels et limités, mais qui sont des signes ; ces quelques guérisons vécues par Jésus, sont des signes qui nous disent que Dieu est bien présent à toute l’humanité ; et ce sont des signes qui nous montre l’horizon de notre propre résurrection. En prenant la main de cette petite fille de 12 ans, c’est la main de toute l’humanité qu’il prend pour l’appeler à la Vie. Aussi, chacun(e) de nous nous pouvons reconnaître notre bras dans celui de cette petite fille de douze ans, un bras inanimé, blessé, meurtri : Seigneur, viens au secours de notre faiblesse pour nous appeler à la Vie même au cœur de la mort. Et fais que nous puissions entendre ta parole : « donnez-lui à manger », « donnez lui un peu d’amour et de respect de sa dignité humaine ». Louis Morandeau