« DE MEME QUE LE SERPENT DE BRONZE FUT ELEVE…. » Jean 3, 14-21

Ce qui ressort de ces trois textes que nous venons d’entendre aujourd’hui, c’est l’Amour de Dieu pour sa création, pour l’humanité, pour chaque être humain en particulier et pour chacun(e) de nous, par delà toutes nos infidélités et nos trahisons. Cependant, nous constatons  que,  lorsque nous sommes au fond du gouffre, nous avons beaucoup de peine à reconnaître que Dieu nous aime d’un amour inconditionnel et unique jusqu’au don de sa vie pour nous sauver.

« De même que le serpent de bronze fut élevé sur un poteau par Moïse dans le désert, de même faut-il que le Fils de l’homme soit élevé pour que tout homme puisse être sauvé… » Au temps de Moïse, il y avait de très nombreux serpents dans le sable, qui par leurs morsures fatales avaient décimé les rangs de ce peuple en route vers la Terre Promise. Les serpents qui étaient cachés dans les sables du désert, étaient devenus une calamité comme nos maladies d’aujourd’hui. Alors, pour conjurer le mauvais sort, on avait élevé sur un poteau un serpent de bronze. En le regardant, on reprenait espoir, car il semblait dire que les serpents n’auront pas le dernier mot sur la mort. Si un serpent sur un poteau peut redonner une lueur de vie et d’espoir, à plus forte raison la croix du Jésus redonnera-t-elle la vie à celui qui se tourne vers lui, car ce n’est plus un simple serpent qui est mis sur un poteau, mais le Fils de Dieu lui-même : en Jésus, c’est le péché qui est fixé à la croix, nous dit Saint Paul, pour que tout être vivant puisse ressusciter en lui. La croix est devenue le signe de l’amour inconditionnel de Dieu pour l’humanité.

Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, mais la vivre avec nous pour nous sortir de l’ornière. Il regarde avec beaucoup d’amour sa création où les hommes, au nom de leur liberté, prennent des chemins sans issues. La seule limite à la puissance de Dieu, c’est la liberté qu’il a donné à  l’homme. Et cette liberté nous conduit parfois à choisir les ténèbres, comme nous venons de l’entendre dans l’Evangile d’aujourd’hui, à vivre très loin de la source de vie qui est Dieu lui-même.. alors, c’est l’angoisse, la souffrance, la nuit profonde…Que deviendrait un rayon de soleil s’il reniait la source de son existence qu’est le soleil lui-même ? Ne deviendrait-il pas ténèbres ? Que deviendrait une rivière si elle se coupait de sa source ? Ne deviendrait-elle pas un chemin à peine carrossable ? Que deviendraient l’humanité et la création si elles se coupaient de Dieu, source de toute vie ? Or, dans son Evangile, Jean nous dit que même au cœur de leurs plus hautes trahisons, Dieu n’abandonne  jamais ses enfants….il va jusqu’à mourir au milieu d’eux sur une croix pour les appeler au salut : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». Dieu qui n’est qu’amour, ne peut pas nous laisser seul dans nos péchés…

Dieu entend notre cri, notre révolte, notre colère devant la souffrance. Il les écoute avec beaucoup de respect et beaucoup d’amour. Vous vous souvenez de ce petit texte d’un poète brésilien, qu’on lisait partout à un moment donné : « A la fin de sa vie, un homme regarda en arrière et vit que tout le long du chemin, il y avait quatre empruntes de pas sur le sable, les siennes et celles de Dieu. Mais dans les moments difficiles, il n’y en avait plus que deux. Très surpris, et même peiné, il dit à Dieu : « Je crois que c’est justement dans les moments difficiles que tu m’as laissé seul… » – « Mais non ! lui répondit Dieu, dans les moments difficiles, il y avait seulement les traces de mes pas à moi, parce qu’alors, je te portais dans mes bras… »

Souvenez-vous : au moment le plus dur de son arrestation, Jésus, Fils de Dieu,  a demandé à ses disciples de veiller avec lui, car sa souffrance intérieure le rongeait trop profondément… Dans les moments difficiles, que nous soyons homme ou Fils de Dieu, nous avons besoin de la présence de l’autre, de son affection… Dans nos moments de grandes souffrances, nous avons besoin de la présence de Dieu : demandons-lui  la force de regarder vers lui, demandons-lui pour nous cette force de lever les yeux, mais aussi pour ceux qui ne le peuvent pas.                                                                            Louis Morandeau