Comme vous le savez, notre paroisse est placée sous le patronage de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus. ; Son nom complet de religieuse est Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. On l’appelle aussi « la petite Thérèse » pour la différencier de Ste Thérèse d’Avila qui fut une référence pour elle.
Aujourd’hui Sainte-Thérèse est connue et vénérée dans le monde entier. On trouve sa statue dans de nombreuses églises. Le pape PIE X a parlé d’elle comme la « plus grande sainte des temps modernes ». Nous verrons pourquoi.
Si la paroisse porte son nom, c’est parce que pendant une trentaine d’année, les prêtres présents sur cette paroisse étaient des missionnaires de la Plaine. Cette congrégation existe toujours ; elle a été fondée par un prêtre Vendéen, particulièrement marqué par la spiritualité de Sainte-Thérèse. C’est pour cette raison que cette congrégation est thérésienne. Il existe aussi, depuis les années 1990, une association de laïcs, la Fraternité Missionnaire de la Plaine et de Sainte-Thérèse, présente en Vendée et en Charente-Maritime, dans laquelle je suis engagée depuis une dizaine d’années, et depuis deux ans, j’exerce la mission de responsable diocésaine pour cette Fraternité. (52 membres répartis en 8 fraternité locales).
C’est pour cette raison que le père Rémi m’a demandé de vous parler aujourd’hui de la prière à la manière de Sainte-Thérèse.
Avant d’entrer dans sa spiritualité, quelques mots sur sa vie. Thérèse est née à Alençon le 2 janvier 1873, morte à Lisieux le 30 septembre 1897. Thérèse est née dans une famille très croyante et aimante. Elle est la dernière d’une fratrie de 9 enfants dont 4 sont décédés en bas âge. Il reste 5 filles : Pauline, Marie, Céline, Léonie et Thérèse. Ses parents, Louis et Zélie Martin forment un couple très uni, ils éduquent leurs filles dans l’amour de Dieu et du prochain. Pour toute la famille, la prière et l’Eucharistie font partie du quotidien. C’est toujours Dieu premier servi.
Louis et Zélie MARTIN ont été canonisés en 2015 par le pape François. Leurs 5 filles sont devenues religieuses.
Sainte-Thérèse avait des talents littéraires, et à la fin de sa vie, une de ses sœurs lui avait demandé d’écrire ses souvenirs. Tous ses écrits ont été regroupés après sa mort sous le nom de « histoire d’une âme ». Son témoignage spirituel est écrit dans 3 manuscrits répertoriés en A, B, C, correspondant à ses années de vie religieuse. Elle commence son écrit par le titre « histoire printanière d’une petite fleur blanche ». J’en citerai quelques extraits. Elle a écrit aussi des pièces de théâtre, notamment sur Sainte Jeanne d’Arc, des prières, sous forme de poèmes, comme « aimer c’est tout donner ». Ces poèmes ont d’ailleurs été mis en musique.
C’est grâce à tous ces écrits que nous pouvons aujourd’hui nous appuyer sur sa spiritualité.
Dans cette vie de famille heureuse, une première épreuve survient lorsque Zélie Martin, la mère de famille tombe malade et meurt d’un cancer à l’âge de 46 ans alors que Thérèse n’a que 4 ans. Sa sœur Pauline qu’elle nommera sa « petite maman » va prendre soin d’elle. Thérèse était très choyée par ses sœurs. Or 5 ans plus tard cette deuxième maman, Pauline, entre au carmel. Un déchirement de plus pour Thérèse qui a beaucoup de mal à surmonter cette nouvelle séparation. Pendant les années qui suivent, Thérèse va vivre une période qu’elle décrit comme la plus triste de son existence. Elle pleure beaucoup, elle est sensible à l’excès, elle fait des colères. Pour autant, elle est toujours proche du Seigneur en qui elle se confie. Elle se souvient de sa première communion en disant « Ah qu’il fut doux le premier baiser de Jésus à mon âme ! Ce fut un baiser d’amour. Je me sentais aimée, et je disais aussi, je vous aime, je me donne à vous pour toujours ».
LA GRÂCE DE NOËL
Après cette période très tourmentée, arrivée à l’âge de 14 ans, Thérèse vit une véritable conversion dans la nuit de Noël 1886. Elle raconte dans le manuscrit A :
Il fallut que le Bon Dieu fasse un petit miracle pour me faire grandir en un moment et ce miracle il le fit au jour inoubliable de Noël ; en cette nuit lumineuse qui éclaire les délices de la Trinité Sainte, Jésus, le doux petit Enfant d’une heure, changea la nuit de mon âme en torrents de lumière… En cette nuit où Il se fit faible et souffrant pour mon amour, Il me rendit forte et courageuse, Il me revêtit de ses armes et depuis cette nuit bénie, je ne fus vaincue en aucun combat, mais au contraire je marchai de victoires en victoires et commençai pour ainsi dire, « une course de géant !… »
Ce fut le 25 décembre 1886 que je reçus la grâce de sortir de l’enfance, en un mot la grâce de ma complète conversion. Nous revenions de la messe de minuit où j’avais eu le bonheur de recevoir le Dieu fort et puissant. En arrivant aux Buissonnets je me réjouissais d’aller prendre mes souliers dans la cheminée, cet antique usage nous avait causé tant de joie pendant notre enfance que Céline voulait continuer à me traiter comme un bébé puisque j’étais la plus petite de la famille… Papa aimait à voir mon bonheur, à entendre mes cris de joie en tirant chaque surprise des souliers enchantés, et la gaîté de mon Roi chéri augmentait beaucoup mon bonheur, mais Jésus voulant me montrer que je devais me défaire des défauts de l’enfance m’en retira aussi les innocentes joies ; il permit que Papa, fatigué de la messe de minuit, éprouvât de l’ennui en voyant mes souliers dans la cheminée et qu’il dît ces paroles qui me percèrent le cœur : « Enfin, heureusement que c’est la dernière année !… » Je montais alors l’escalier pour aller défaire mon chapeau, Céline connaissant ma sensibilité et voyant des larmes briller dans mes yeux eut aussi bien envie d’en verser, car elle m’aimait beaucoup et comprenait mon chagrin : « O Thérèse ! me dit-elle, ne descends pas, cela te ferait trop de peine de regarder tout de suite dans tes souliers. » Mais Thérèse n’était plus la même, Jésus avait changé son cœur ! Refoulant mes larmes, je descendis rapidement l’escalier et comprimant les battements de mon cœur, je pris mes souliers et les posant devant Papa, je tirai joyeusement tous les objets, ayant l’air heureuse comme une reine. Papa riait, il était aussi redevenu joyeux et Céline croyait rêver !… Heureusement c’était une douce réalité, la petite Thérèse avait retrouvé la force d’âme qu’elle avait perdue à 4 ans et demi et c’était pour toujours qu’elle devait la conserver !… En cette nuit de lumière commença la troisième période de ma vie, la plus belle de toutes, la plus remplie des grâces du Ciel…
PRIER POUR LES PECHEURS
En lisant le journal, Thérèse apprend qu’un criminel, Pranzini, condamné à mort, et qui n’exprime aucun regret, doit être guillotiné dans quelques jours. Elle prie de toutes ses forces et demande à faire dire une messe. Le lendemain de l’exécution, elle lira dans les journaux que l’homme a saisi le crucifix qui lui était tendu et a embrassé par trois fois les plaies du Christ. En apprenant cela, Thérèse n’aura de cesse de prier pour le salut des pécheurs et parlera de Pranzini comme de son « premier enfant ».
Arrivée à ses 15 ans, Thérèse demande à son père à entrer au carmel pour «aimer Jésus et le faire aimer ». Elle n’a que 15 ans et l’âge requis par les autorités religieuses est 17 ans. Par sa ténacité et sa détermination, (elle va voir le pape en personne), elle entrera au carmel à 15 ans et 3 mois. C’est là qu’elle commence à écrire son manuscrit A, pour, dit-elle, « chanter les miséricordes du Seigneur ».
PRIER POUR LES PRETRES
Thérèse est marquée, lors de son voyage à Rome, par tous les prêtres qu’elle rencontre. Elle considère leur fragilité et décide de prier tout particulièrement pour les prêtres. Elle entretient une correspondance avec deux missionnaires et un séminariste, qu’elle soutient par sa prière.
Peu après son entrée au carmel, son père tombe malade, il perd la tête, il va être placé en établissement psychiatrique pendant 3 ans. Il décède en 1894. Céline, qui était restée auprès de son père, entre alors au carmel. 4 filles Martin se retrouvent ainsi au carmel de Lisieux.
Au fil de tous ces évènements, le chemin spirituel de Thérèse s’enrichit et mûrit. Dans son manuscrit B, elle écrit :
Extrait du manuscrit B : « Ô Jésus mon amour… ma vocation enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour ! Oui, j’ai trouvé ma place dans l’Eglise et cette place, Ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée…dans le Cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour …ainsi je serai tout ! Ainsi mon rêve sera réalisé !!! »
LA PETITE VOIE : l’ascenseur de la confiance
Thérèse est toujours en recherche, elle lit attentivement la bible. Un jour, elle découvre « la petite voie » ou voie d’enfance spirituelle :
J’ai toujours désiré d’être une sainte, mais hélas ! J’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints, qu’il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne qui se perd dans les cieux et un grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants. Au lieu de me décourager, je me suis dit : Le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables ; je puis donc, malgré ma petitesse, aspirer à la sainteté. Me grandir, c’est impossible. Je dois donc me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections
“Je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle. Nous sommes dans un siècle d’inventions, maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi, je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir, et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de la Sagesse Éternelle : Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi.(livre des Proverbes 9,4) Alors je suis venue, devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu ! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel, j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé : – Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! (Isaïe 66,13) Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. Ô mon Dieu, vous avez dépassé mon attente et moi je veux chanter vos miséricordes. » Manuscrit C
LA PRIERE
Thérèse explique sa façon de prier. Une prière simple, qui peut nous servir de modèle, ses expériences, pour certaines, nous sont familières. Elle vit l’aridité de la prière pendant sa retraite de profession, avant de prendre l’habit (manuscrit A)
Vraiment je suis loin d’être une sainte, rien que cela en est une preuve ; je devrais au lieu de me réjouir de ma sécheresse, l’attribuer à mon peu de ferveur et de fidélité, je devrais me désoler de dormir (depuis sept ans) pendant mes oraisons et mes actions de grâces ; eh bien, je ne me désole pas… je pense que les petits enfants plaisent autant à leurs parents lorsqu’ils dorment que lorsqu’ils sont éveillés, je pense que pour faire des opérations, les médecins endorment leurs malades. Enfin je pense que : “Le Seigneur voit notre fragilité, qu’Il se souvient que nous ne sommes que poussière.”
Qu’elle est donc grande la puissance de la Prière ! On dirait une reine ayant à chaque instant libre accès auprès du roi et pouvant obtenir tout ce qu’elle demande. Il n’est point nécessaire pour être exaucée de lire dans un livre une belle formule composée pour la circonstance ; s’il en était ainsi… hélas ! que je serais à plaindre !… En dehors de l’office Divin que je suis bien indigne de réciter, je n’ai pas le courage de m’astreindre à chercher dans les livres de belles prières, cela me fait mal à la tête, il y en a tant !. .. Et puis elles sont toutes plus belles les unes que les autres… Je ne saurais les réciter toutes et ne sachant laquelle choisir, je fais comme les enfants qui ne savent pas lire, je dis tout simplement au Bon Dieu ce que je veux lui dire, sans faire de belles phrases, et toujours Il me comprend… Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. Je ne voudrais pas cependant, ma Mère bien-aimée, que vous croyiez que les prières faites en commun au chœur, ou dans les ermitages, je les récite sans dévotion. Au contraire j’aime beaucoup les prières communes car Jésus a promis de se trouver au milieu de ceux qui s’assemblent en son nom (Mt 18,19-20) je sens alors que la ferveur de mes sœurs supplée à la mienne, mais toute seule (j’ai honte de l’avouer) la récitation du chapelet me coûte plus que de mettre un instrument de pénitence. Je sens que je le dis si mal ! J’ai beau m’efforcer de méditer les mystères du rosaire, je n’arrive pas à fixer mon esprit… Longtemps je me suis désolée de ce manque de dévotion qui m’étonnait, car j’aime tant la Sainte Vierge qu’il devrait m’être facile de faire en son honneur des prières qui lui sont agréables. Maintenant je me désole moins, je pense que la Reine des Cieux étant ma MÈRE, elle doit voir ma bonne volonté et qu’elle s’en contente.
Quelquefois, lorsque mon esprit est dans une si grande sécheresse qu’il m’est impossible d’en tirer une pensée pour m’unir au Bon Dieu, je récite très lentement un “Notre Père”( Mt 6,9-13) et puis la salutation angélique ; alors ces prières me ravissent, elles nourrissent mon âme bien plus que si je les avais récitées précipitamment une centaine de fois…( Lc 1,28 Mt 6,9-1.3)
La Sainte Vierge me montre qu’elle n’est pas fâchée contre moi, jamais elle ne manque de me protéger aussitôt que je l’invoque. S’il me survient une inquiétude, un embarras, bien vite je me tourne vers elle et toujours comme la plus tendre des Mères elle se charge de mes intérêts. Que de fois en parlant aux novices, il m’est arrivé de l’invoquer et de ressentir les bienfaits de sa maternelle protection ! … (manuscrit C)
A PROPOS DE LA CHARITE :
La vie au couvent n’est pas toujours facile avec ses sœurs. Thérèse raconte des anecdotes où elle s’est effacée pour le bien de ses sœurs, les aimant à la façon de Jésus. Voici quelques mots sur la charité telle qu’elle l’a vécue : extrait du manuscrit C :
« Mère bien-aimée, en méditant ces paroles de Jésus, j’ai compris combien mon amour pour mes sœurs était imparfait, j’ai vu que je ne les aimais pas comme le Bon Dieu les aime ? Ah ! je comprends maintenant que la charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s’étonner de leurs faiblesses, Oui je le sens, lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j’aime toutes mes sœurs. Lorsque je veux augmenter en moi cet amour, lorsque surtout le démon essaie de me mettre devant les yeux de l’âme les défauts de telle ou telle sœur qui m’est moins sympathique, je m’empresse de rechercher ses vertus,
Il se trouve dans la communauté une sœur qui a le talent de me déplaire en toutes choses, ses manières, ses paroles, son caractère me semblaient très désagréables. Cependant c’est une sainte religieuse qui doit être très agréable au bon Dieu, aussi ne voulant pas céder à l’antipathie naturelle que j’éprouvais, je me suis dit que la charité ne devait pas consister dans les sentiments, mais dans les œuvres ; alors je me suis appliquée à faire pour cette sœur ce que j’aurais fait pour la personne que j’aime le plus. »
En 1896, Thérèse tombe malade, elle commence à cracher du sang, premiers signes de la tuberculose. Elle entre alors dans l’épreuve de la foi.
Sachant qu’il lui reste peu de temps à vivre, elle dit « je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre ». Elle est de plus en plus unie à Jésus dans son épreuve.
Au moment de sa mort, elle dira « je ne meurs pas, j’entre dans la vie ».
Thérèse a été canonisée en 1925, déclarée patronne des missions en 1927 à l’égal de Saint-François Xavier, patronne secondaire de la France après Jeanne d’Arc en 1944 par le pape Pie XII, déclarée docteur de l’Eglise par Jean-Paul II en 1997.
Plus de 120 initiatives religieuses et culturelles dans le monde ont été organisés depuis cette date. Son œuvre majeure Histoire d’une âme a été traduite dans 80 pays. La portée universelle de son message de paix s’est notamment illustrée à travers les pérégrinations de ses reliques qui ont eu un impact historique dans certains pays, comme aux Philippines en 2000 où à la demande des autorités pénitentiaires, le message de Thérèse a été diffusé jusque dans le quartier des condamnés à mort. Aucune autre exécution n’a eu lieu après cet évènement. En Colombie en 2004 une initiative autour de Thérèse de Lisieux, avait pour objectif une “Mission de paix pour la Colombie” sous la protection de l’Armée, en plein conflit avec la guérilla des Farc.
Ce samedi 4 décembre après-midi, une cérémonie officielle se tient à Lisieux en présence notamment de la déléguée de la France auprès de l’Onu, du nonce apostolique en France, de l’observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Unesco et de plusieurs élus locaux. Tout au long des années 2022 et 2023, d’autres événements seront organisés pour honorer la figure et l’œuvre de Thérèse de Lisieux, à la fois localement, dans le Calvados, l’Orne, en région Normandie, à Paris au siège de l’Unesco, dans plusieurs villes de France ainsi qu’à l’étranger.
Lisieux est le deuxième lieu de pèlerinage en France après Lourdes.
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Dans notre monde en proie à tant de peurs et de suspicions, Thérèse ne cesse de nous exhorter à tout miser sur la confiance et la miséricorde. Elle remplace l’image du Dieu justicier, que l’on devait satisfaire par d’innombrables sacrifices et bonnes œuvres, par l’image d’un Dieu miséricordieux qui élève la petite âme par l’ascenseur de l’amour. La tentation est ainsi moins grande de nous justifier par nos bonnes actions, de penser acheter le salut par la perfection, de nous enorgueillir des dons reçus comme s’ils nous appartenaient. Aucune action ou forme extérieure ne peut définir la sainteté, si ce n’est l’amour miséricordieux et ce qui en résulte : l’abandon, la confiance.
La « petite voie » d’enfance spirituelle a libéré la sainteté des carcans de la perfection et de la justice, bien avant que le concile Vatican II proclame que tous et toutes sont appelés à la sainteté. Thérèse montre que la primauté n’est plus accordée aux efforts et aux vertus, mais à l’action permanente de Dieu en nous qui inspire à chacun le geste d’amour.
Sœur Marie de la Trinité, qui a vécu trois ans avec Thérèse au noviciat, donne un superbe résumé de la « petite voie bien droite » dans cette lettre à sœur Germaine, une jeune professe du carmel d’Angers :
“Je crois bien que c’est la première fois depuis que le monde est monde qu’on canonise une sainte qui n’a rien fait d’extraordinaire : ni extases, ni révélations, ni mortifications qui effraient les petites âmes comme les nôtres. Toute sa vie se résume en ce seul mot : elle a aimé le Bon Dieu dans toutes les petites actions ordinaires de la vie commune, les accomplissant avec une grande fidélité. Elle avait toujours une grande sérénité d’âme dans la souffrance comme dans la jouissance, parce qu’elle prenait toutes choses comme venant de la part du Bon Dieu”. (Sœur Marie de la Trinité, Une novice de sainte Thérèse, Cerf).
BOSSUET Dominique