AIMEZ VOUS LES UNS LES AUTRES COMME JE VOUS AI AIMES Jean 15, 9-17

Ce texte d’aujourd’hui est la suite du Testament que Jésus a donné à l’humanité avant de repartir vers son Père. … des paroles qui sont faites pour être lues après la mort d’une personne.

A la fin de sa vie humaine parmi nous, Jésus nous a laissé trois paroles fortes qui fondent notre vie chrétienne : « Je vous lave les pieds… c’est un exemple que je vous donne pour que vous fassiez de même » –  « Prenez, mangez et buvez en tous, ceci est mon corps et mon sang…Vous ferez cela en mémoire de moi » – « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Trois recommandations différentes, mais elles sont étroitement liées ; aussi elles fondent une même mission…et toutes les trois sont une invitation à continuer l’action de Jésus après son départ, chacune à leur manière. La présence réelle du Christ dans le monde se vivra désormais de ces trois manières ensemble : par le service de l’autre à la suite du lavement des pieds, par la fraction du pain en mémoire du Ressuscité, mais aussi dans l’amour des autres vécu jour après jour. L’amour des autres devient ainsi Signe de la présence réelle  de Dieu au cœur du monde…. Et cet amour de l’autre devient un critère pour vivre en chrétien, un repère aussi fort que la pratique de l’Eucharistie.

Désormais, l’action du chrétien se vérifiera dans son engagement au service des grandes tâches du monde comme dans la plus petite de ses actions quotidiennes : l’amour des autres commence par la recherche de la justice, la construction de la paix, le respect de la dignité de l’homme, l’accueil de la différence de la personne qui vit à mes côtés. Il ne faut pas oublier que Jésus a institué l’Eucharistie en même temps qu’il invite fortement à vivre de l’amour de la personne proche de moi : les deux sont étroitement liés. L’Eucharistie sans l’amour des autres, et l’Amour des autres sans l’Eucharistie ne pourront plus être, isolément,  les Signes du Christ Ressuscité. La présence réelle du Christ devra se vivre désormais à la fois dans nos rassemblements eucharistiques et à la fois au cœur de nos relations humaines. Etre chrétien, ce n’est pas une croyance, c’est une Vie.

A regarder de près la vie de l’univers et de toute l’humanité, nous constatons que c’est quand même l’amour qui est la réalité le plus vécue au quotidien dans le cœur de chaque être humain, qu’il soit croyant ou non, jaune, blanc ou noir. C’est vrai, cet amour n’est pas toujours bien vécu : les ruptures, les égoïsmes, les haines, les jalousies étouffent parfois nos désirs de plénitude de vie et font souvent plus de bruit que tous nos amours cachés. Aujourd’hui, avec beaucoup de forces, Jésus nous appelle à demeurer dans son amour. C’est un appel à grandir dans notre foi en Dieu, mais aussi à grandir en humanité, car l’amour n’est pas réservé aux seuls chrétiens…. Il est le fondement de toute vie humaine. Et c’est l’amour qui nous fait le plus ressembler à Dieu qui, Lui, n’est qu’amour. L’amour des autres est la base incontournable pour établir un « vivre ensemble » que ce soit pour l’élaboration d’une constitution civile d’un, d’un projet de vie ou de charte qui engagent l’avenir de nos pays et des personnes. Oui, seul l’amour des autres nous fera faire un pas, par delà nos divergences, vers un vivre ensemble de paix et de justice, quelles que soient les orientations prises. Nous les chrétiens, nous avons la mission d’être ensemble signes de cet Amour au cœur du monde qui ne sait plus bien comment aimer vraiment.

Laissons résonner en nous, ce matin, cette parole de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
« Vous êtes le Corps du Christ… Alors qu’avez vous fait de lui ? »

P. Louis Morandeau