« Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent »(Jean 10, 11-18)

Chaque année, au quatrième dimanche de Pâques, l’Eglise nous interpelle sur nos différentes vocations, de laïcs, de baptisés, de prêtres, au sein de l’Eglise et au cœur du monde d’aujourd’hui…C’est notre baptême qui nous désigne comme « pasteur-e » ; oui, à notre baptême, nous avons tous et toutes été invité-es à répondre à cet appel du Christ : « Ne voudrais-tu pas, toi aussi, comme je l’ai fait, être l’apôtre de l’Amour du Père auprès de tes frères et sœurs en humanité…pour les conduire sur des chemins de paix? » Pour mieux nous faire comprendre aussi ce que le Christ attend de nous, l’Eglise nous donne ce très beau texte de Jean qui nous parle du pasteur et de ses brebis. Le pasteur, c’est un être humain, une brebis, c’est un animal : ils ne sont pas de la même chair comme le sont Adam et Eve, et pourtant, Jésus nous dit qu’il y a entre eux une relation extrêmement profonde : une relation qui nous fait penser à l’amour : entre le pasteur et les brebis, il y a une profonde communion ; aussi, nous percevons bien, chez le pasteur, le désir de n’oublier aucune brebis, de ne perdre personne, de n’exclure personne de l’amour du Père, quelles que soient les conditions de vie de chacun-e pour les conduire les unes après les autres vers le bonheur….Nous savons par expérience que c’est là une mission surhumaine, et qu’il nous faut beaucoup de forces intérieures pour vivre cette mission, qu’il nous faut avoir le sens de l’autre, et avoir le sens de Dieu, notre Père à tous. C’est ensemble, en communion les uns avec les autres que nous pourrons vivre cette mission extrêmement complexe auprès de nos frères et sœurs en humanité : c’est en Eglise que chacun, chacune de nous, unis par les liens de notre baptême, que nous deviendrons, au nom du Christ lui-même, les bergers de nos frères et sœurs en recherche de paix.

Le pasteur et les brebis ont chacun et chacune besoin l’un de l’autre : un pasteur ne peut pas exister sans ses brebis : un simple regard suffit pour être rassuré, une simple petite attention à l’autre redonne confiance… Chacun est habitué aux manières de faire de l’autre, parce que l’on a appris à s’écouter, à se comprendre par le vécu de chaque jour…Personne ne veut écraser l’autre, ou vivre sans lui, sans elle. Entre le Pasteur et la Brebis, règne une véritable confiance mutuelle : moi, en tant que brebis je peux compter sur mon berger et inversement… je suis accueilli-e tel-le que je suis, sans jamais qu’on me force la main, parce que chacun a pris le temps d’écouter l’autre… Avec toi, je me sens protégé-e…rassuré-e… ; je me sens en sécurité, aimé-e, même si tu es différent de moi en tout point….

La Brebis qui met sa confiance dans son Pasteur a besoin de sentir que tout ce que fait le pasteur, c’est par amour pour elle qu’il le fait et non pas par simple devoir, ou par intérêt, ou encore par conformité à une tradition. Faire confiance c’est croire en l’autre, c’est l’espérer… c’est le croire capable de faire un pas, de se mettre en route et de se dépasser. Pour un pasteur, c’est croire que les brebis, à leur place, ont aussi leur mot à dire…Pour une brebis, c’est croire que son pasteur est là pour elle et qu’il sait écouter. Cette confiance libère des peurs et des violences… et elle permet d’accueillir l’autre comme un frère ou une sœur qui ont leur propre place dans la création, qui ont leur histoire propre et leurs désirs. Chacun, chacune espère l’autre…et veut son bonheur…. Conduire l’autre sur de frais pâturages !

Dans notre vie quotidienne, nous les baptisés, nous sommes à la fois berger et brebis : nos deux états de vie et nos deux missions s’entremêlent. Deux missions qui se déploient par l’écoute, le respect de nos différences, l’accueil de l’autre en tant que frère et sœur dont je suis profondément solidaire.

Aidons-nous les uns les autres à vivre notre vocation de baptisés, c’est-à-dire notre vocation de brebis, notre vocation de pasteurs-es… en Eglise, mais aussi au cœur d’un monde très complexe et pourtant plein d’espérance !                                                                                               

Louis Morandeau