EN MARCHE VERS PAQUES

Le Carême est une longue marche de quarante jours, qui nous fait revivre la marche du peuple de Dieu vers la Terre promise pendant quarante années et le séjour de Jésus au désert pendant quarante jours et quarante nuits.

Les randonneurs qui sillonnent les routes de nos campagnes ne se mettent en route que s’ils connais­sent la destination dès leur départ. Les pèlerins gravissent toutes les marches au Mont-Saint-Michel, parce qu’ils savent que la porte de la merveilleuse abbaye est ouverte.

Les chrétiens, pendant le Ca­rême, se mettent en route car ils préparent leur coeur à célébrer le cœur de leur foi à Pâques : la mort et la résurrection de Jésus.

L’itinéraire commence au désert avec Jésus. Il nous conduit sur la montagne avec les disciples, où Jésus leur révèle sa condition glo­rieuse pour les aider à dépasser le scandale de la croix. Il culmine sur le Golgotha, le lieu de la cru­cifixion où Jésus est élevé de terre et attire tous les hommes à lui.

Le mercredi des cendres, jour de l’ouverture du Carême, la Parole de Dieu éclaire notre route et nous donne les consignes de marche : le jeûne, pour nous délivrer de notre appétit de consommation et retrouver l’es­sentiel; la prière, pour découvrir «que l’homme ne vit pas que de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu»; l’aumône, qui nous sort de nous-mêmes pour compatir à la souffrance de l’autre qui nous est proche en France, ou lointain dans les pays les plus pauvres.

La marche sera plus aisée si nous apprenons à conjuguer ensemble trois verbes: prier, jeûner et parta­ger, qui se retrouvent dans les trois grandes religions monothéistes.

Nous ne vivons pas cette mar­che en solitaires, mais en Église. Comme l’exprime un chant de ce temps liturgique, nous marcherons d’abord avec Jésus: «Seigneur, avec toi nous irons au désert pour prier. »

Nous marcherons avec les caté­chumènes, adultes et jeunes, qui, le premier dimanche de carême, sont appelés par l’évêque aux sacrements de Pâques qui font les chrétiens: baptême, confirmation, eucharistie.

Nous marcherons avec tout le peuple de Dieu. Nous monterons avec Jésus vers Jérusalem, appre­nant de lui comment donner sa vie par amour.

Les chrétiens sont invités à redécouvrir le Carême, non pas uniquement comme une démarche individuelle, mais une démarche de foi communautaire. Cette année, dans la ligne des deux Encycliques du pape François « Laudato si » et « Fratelli Tutti (Tous frères) », nous sommes invités à changer notre regard et notre cœur à l’égard de la Création et à l’égard de tout être humain sur la terre (Tous frères et sœurs car nous habitons la même maison, la Terre): toute la Création est née et vit du même Amour (Dieu).  Cette marche vers Pâques se vit à travers différentes propositions dans les paroisses : célébration d’entrée en Carême, engagements au partage, célébration du sacrement du pardon… etc. N’avons-nous pas à redécouvrir ce sacrement du pardon comme un retour aux sources de la foi, un renouvellement d’Alliance. Notre péché nous est révélé par l’amour de Dieu pour nous. Nous nous reconnaissons personnel­lement pécheurs parce qu’aimés par lui. Retrouvant notre dignité baptismale, nous retrouvons toute notre place dans l’Église et dans la Vie de Dieu.

Alors, avec les baptisés de Pâques, lors de la Vigile pascale, nous pour­rons laisser le vieil homme mourir avec Jésus pour ressusciter avec lui et témoigner de celui qui nous a fait passer des ténèbres à son ad­mirable lumière. Nos chemins de­viendront des chemins d’Emmaüs, où Jésus ressuscité marchera avec nous.

Bonne route vers Pâques.

Louis Morandeau