DIMANCHEDE LA PAROLE DE DIEU 21 janvier 2024
POURQUOI LE SERVICE NATIONAL DES RELATIONS AVEC LE JUDAISME
VOUS PROPOSE-T-IL CE DOSSIER ?
Le Pape François a instué en 2019, par une letre apostolique en forme de motu proprio, un dimanche de la Parole, un dimanche qui doit être « enèrement consacré à la Parole de Dieu, pour comprendre l’inépuisable richesse qui provient de ce dialogue constant de Dieu avec son peuple ».
Ce dimanche a pour but de faire grandir chez tous l’assiduité familière avec les Écritures, Ancien et Nouveau Testament. Les croyants doivent « écouter la Parole du Seigneur tant dans la liturgie que dans la prière et la réflexion personnelle ».
Si le Pape a placé ce dimanche de la Parole dans le cadre de la semaine de l’unité des chrétiens, c’est pour manifester la dimension œcuménique de la Parole de Dieu. La Bible est le livre du peuple de Dieu tout entier. Comme l’écrit le pape François « célébrer le dimanche de la Parole de Dieu exprime une valeur œcuménique parce que l’Écriture Sainte indique à ceux qui se mettent à l’écoute le chemin à suivre pour parvenir à une unité authentique et solide ».
Comme le rappelle le pape François, au cours de cette semaine de l’unité des chrétiens, nous sommes invités à renforcer nos liens avec la communauté juive. Pour la plupart des chrétiens, la tradition juive a longtemps été inconnue. Or « les Saintes Écritures du peuple juif constituent une partie essentielle de la Bible chrétienne », et « sans l’Ancien Testament, le Nouveau Testament serait un livre indéchiffrable, une plante privée de ses racines et destinée à se dessécher » (Commission Pontificale Biblique : le peuple juif et ses saintes Ecritures dans la Bible chrétienne 2001).
Parler de l’Écriture Sainte c’est donc renvoyer à la Parole donnée dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament ; c’est souligner le lien profond entre les deux Testaments ; c’est mettre en relief la révélation de Dieu au peuple juif et, à travers lui, au peuple chrétien. « Quiconque rencontre Jésus-Christ rencontre le judaïsme » disait Jean-Paul II.
Comme l’expriment les 4 lectures du jour, la foi se fonde sur une Parole vivante, qui met en chemin, qui appelle à la conversion et qui fait vivre.
L’UNITÉ DE LA RÉVÉLATION
Tout au long de la Bible, la Parole révèle qui est Dieu : un Dieu d’amour à la recherche inlassable de l’homme : « Dans l’un et l’autre Testament, c’est le même Dieu qui entre en relation avec des hommes et les invite à vivre en communion avec lui ; Dieu unique et source d’unité ; Dieu créateur, […] Dieu libérateur surtout et sauveur, car les êtres humains, créés à son image, sont tombés par leurs fautes dans un esclavage misérable »1.
Dans l’Ancien Testament, la Parole est une voix
« Au commencement, […] Dieu dit… » (Gn 1).
- La Parole est créatrice, elle est à l’origine de l’univers. Le créé naît d’une parole : « Il parle et cela est, il commande et cela existe » (Ps 33, 9). Dans toute la création, l’humanité peut lire le message du Créateur (cf. Ps 19, 2-5).
- La Parole n’est pas seulement créatrice, elle est aussi salvatrice : Dieu vient à la rencontre de l’humanité, pour lui faire connaître son dessein de salut
« J’ai vu la misère de mon peuple… je connais ses souffrances » (Ex 3, 7).
Dans le Nouveau Testament, la Parole prend un visage
« Le Verbe se fit chair » (Jn 1, 14).
- Le Christ est le Verbe qui est avec Dieu et qui est Dieu (cf. Col 1, 15), mais il est aussi Jésus de Nazareth, fils de David.
- Par son incarnation en Jésus, Dieu se fait connaître : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9).
- Par la mort et la résurrection de son Christ, Dieu réalise son dessein de salut.
Toutefois, ce qui s’est déjà accompli dans le Christ doit encore s’accomplir en chaque chrétien, dans l’Église et dans le monde. Voilà pourquoi, comme les juifs, les chrétiens sont dans l’attente.
Il ne s’agit pas d’opposer l’Ancien Testament au Nouveau Testament : « Il s’agit de présenter l’unité de la Révélation biblique (AT et NT) et du dessein divin, avant de parler de chacun des événements de l’histoire, pour souligner que chaque événement ne prend sens que considéré dans la totalité de cette histoire, de la création à l’achèvement »2.
La Parole n’est pas accomplie : ce n’est qu’à la fin des temps que le Dieu Un et Unique réalisera pleinement son projet d’amour : unir tous ses enfants, c’est-à-dire l’humanité entière, en son Fils unique.
1 Le peuple juif et ses saintes Écritures, Commission biblique ponficale, 2001.
2 Notes pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l’Église catholique, 1985 ch. II, 2.
QUELQUES MOTS A EXPLICITER
JESUS
Le nom de Jésus, Yeshoua en hébreu, signifie « Dieu sauve »
JUIF
Le Nouveau Testament atteste que Jésus est juif. « Jésus était juif et l’est toujours resté1 » Rappelons que « juif » se dit en hébreu « Yehudi » et que ce mot est dérivé d’une racine qui signifie louer, rendre grâce. Les juifs sont les « louangeurs de Dieu »
SHEMA
Ce mot, qui signifie « écoute », est le premier mot de la profession de foi fondamentale du judaïsme :
« Ecoute, Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est Un » (Dt 6, 4). Il est au cœur de la prière que le fidèle juif doit dire matin et soir.
Or, en hébreu, shema ne veut pas seulement dire écouter, accueillir la Parole de Dieu, lui prêter une oreille attentive. Il veut dire aussi ouvrir son cœur, mettre en pratique, obéir.
Comme les prophètes d’Israël, Jésus lui- même reprendra cette injonction : « Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et l‘observent » (Luc 11, 28).
Le mot shema peut aussi signifier : discerner, comprendre (comme notre verbe « entendre »); c’est le sens que les commentateurs juifs lui donnent dans l’expression « nous ferons et nous entendrons » (Ex 24, 7), signifiant par-là que c’est en accomplissant la parole de Dieu que l’on peut en discerner toute la portée.
1 Notes pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l’Église catholique, 1985, Commission pontificale pour les relations avec le judaïsme
PRINCIPE DE RAPPROCHEMENT DES LECTURES
Le lectionnaire dominical
« Pour présenter aux fidèles avec plus de richesse la table de la Parole de Dieu, on ouvrira plus largement les trésors de la Bible pour que, en l’espace d’un nombre d’années déterminé, on lise au peuple la partie la plus importante des Saintes Écritures. » C’est par ces mots que le Concile insufflait le renouvellement des lectionnaires des messes dominicales et quotidiennes.
p Le premier principe a été d’opter pour une lecture semi-continue des trois Évangiles synoptiques. Matthieu, année A ; Marc, année B ; Luc, année C. Cette répartition permet non seulement d’avoir une vue d’ensemble de la vie de Jésus et de son ministère, mais aussi d’entrer dans la compréhension de la cohérence spirituelle et théologique d’un Évangile. À cette trame de fond se sont ajoutées une première lecture tirée de l’Ancien Testament, sauf au temps pascal où nous lisons les Actes des Apôtres – récit de la constitution de l’Église dans le dynamisme de la Résurrection –, et une seconde lecture tirée des écrits apostoliques.
p Si la seconde lecture est une lecture semi-continue d’une lettre de Paul, de Pierre, de Jacques, etc. il convenait de trouver une logique pour puiser dans la richesse de l’Ancien Testament. Ce fut le principe de rapprochement : qu’est-ce qui, dans l’Ancien Testament, contient en germe les gestes ou les paroles du Christ ?
Plusieurs types de rapprochement ont été envisagés
- La citation explicite d’un texte de l’Ancien Testament par Jésus.Par exemple, Matthieu cite la prophétie d’Isaïe au chapitre 9 : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » La première lecture est donc cette prophétie d’Isaïe (3e TO, année A). En réponse à la question du scribe : « Quel est le plus grand commandement ? », Jésus cite Dt 6 qui fait l’objet de la première lecture .(31e TO, année B).
- Une situation analogue.
Par exemple : les multiplications des pains par Élisée et par Jésus (17e TO, année B) ou la résurrection du fils d’une veuve par Élie et par Jésus (10e TO, année C).
- Le rapprochement par opposition.
Par exemple, la guérison d’un lépreux par Jésus, et en opposition, l’exclusion des lépreux de la communauté (6e TO, année B).
- Le principe le plus commun est la continuité d’un thème. Ainsi, l’appel de Samuel en 1 S 3 et l’appel des premiers disciples (2e TO année B). Et le dimanche suivant, l’appel à la conversion en Jonas 3 et l’appel à la conversion après l’arrestation de Jean Baptiste.
- L’accomplissement des Écritures.
Le dernier guide dans le choix de la première lecture et le plus fondamental, c’est l’accomplissement des Écritures. Nous entendons dans Isaïe le chant du Serviteur souffrant que Jésus présente à ses disciples comme l’annonce de sa Passion (29e TO, année B).
Ce principe de rapprochement manifeste d’une part l’unité des deux Testaments et, d’autre part, la centralité du Christ dans l’histoire du salut. Toute l’Écriture converge vers le Christ qui sauve l’humanité par son mystère pascal.
Ces principes concernent les dimanches du temps ordinaire. Il en va un peu différemment pour les temps privilégiés – Avent, Noël, Carême, Semaine sainte, Temps pascal – où la spécificité du temps guide le choix des lectures.
PROPOSITION DE NOTES DE LECTURE DES TEXTES DE CE DIMANCHE
Les textes du jour
Jon3,1-5.10
Ps 24 (25 en hébreu)
1 Cor 7,29-31 Mc 1, 14-20
La Parole de Dieu déclinée dans les 4 lectures du jour nous invite à nous mettre sans hésiter en chemin :
- C’est une Parole qui appelle :
« Lève-toi, va à Ninive » (Jon 3,2)
« Il est droit, Il est bon le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin » (Ps24,5)
« Venez à ma suite… » (Mc 1,14)
- c’est une Parole qui renouvelle : il y a urgence à se convertir
« Encore 40 jours et Ninive sera détruite » (Jon 3,5)
« le temps est limité » (1Cor7,29)
« Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc1,15)
3- c’est une Parole créatrice, suscitant une réponse libre et immédiate, une adhésion confiante à Dieu qui sauve
« aussitôt les gens de Ninive crurent en Dieu » (Jon3,5)
« enseigne-moi car tu es le Dieu qui nous sauve » (Ps 24,5)
« aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent (Mc1,18 et 20)
Conclusion
A la lecture de ces 4 textes, on voit qu’il y a urgence à se rendre disponible à la Parole de Dieu et à se laisser enseigner par elle