Homélie du dimanche 12 février 2023, 6ème TO A, abbé THEBAUT

« Christ est ma loi »

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus non seulement nous parle de la Loi, qu’il n’est pas venir abolir mais accomplir, mais de plus il nous met ou remet les points sur i , en précisant certains péchés graves auxquels nous nous sommes parfois résignés : meurtres ( ce qui inclus celui des enfants à naître), adultères (avec ou sans divorce), parjures…  
Jésus va même au-delà du formalisme de la Loi juive en élargissant le meurtre à la colère, l’adultère à la convoitise etc.

     L’exigence morale de Jésus est si grande qu’elle en devient pour nous inaccessible.
Le risque, c’est alors que la foi devienne un carcan moral insupportable ou le lieu d’un relativisme moral absolu.
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Un carcan moral

Combien de génération de frustrés avons-nous créés au nom d’une morale soi-disant religieuse.  
« Attention Dieu te voit, Dieu d’observe, te juge et te condamne » !
Religion basée sur les interdits et la peur de l’enfer.  

Justice ne distinguant plus les personnes et leurs actes ;
Education du bâton et de carotte ;
Morale mettant au même niveau péchés graves (que l’on peut et que l’on devrait éviter toute sa vie) et péchés véniels autrement dit futiles, inévitables et excusables…  

Au nom de la vie parfaite et idéale, on en a oublié de vivre et, pire, empêché les autres de vivre !  
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Le rejet salutaire de ce carcan moral a malheureusement souvent entraîné aussi le rejet de la religion qui le portait.
Parmi les slogans de mai 1968 on trouvait :  « sans foi ni loi »  « ni Dieu ni maître »
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Le relativisme moral absolu

Ce n’est pas un phénomène nouveau dans notre Eglise : puisque le Christ Jésus nous a déjà tout pardonné et tous sauvés alors pourquoi ne pas en profiter ?
Comme le disaient les premiers chrétiens de Corinthe :  Tout m’est permis “
et certains d’entre eux ont été permissifs par-delà la licence, par-delà toute décence et jusqu’au scandale public.

D’où d’ailleurs le rappel à l’ordre moral de Paul.
1Co6.12 ” Tout m’est permis ” , mais tout ne convient pas. ” Tout m’est permis ” , mais moi je ne me laisserai asservir par rien.
  En effet, bien que rien ne saurait empêcher Dieu de nous aimer, certains comportements pourraient nous rendre malgré tout incapable de recevoir son amour. En péchant gravement, on risquerait de gâcher la grâce offerte, de n’être plus en mesure d’accueillir le salut donné en Christ Jésus.

D’où encore l’exhortation de Paul aux Galates : Ga 5.1 [1] C’est pour que nous soyons vraiment libres que Christ nous a libérés. Tenez donc ferme et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l’esclavage.
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Suite aux excès moralisateurs du passé, nous avons eu tendance, en Eglise, à éviter de trop parler de morale et de péché ; on ne parle d’ailleurs plus de sermon mais d’homélie ; mes homélies par exemple sont pour la plupart amorale mais est-ce une bonne chose dans une société peut-être toujours plus immorale…  
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je ne suis pas venu abolir (la Loi) , mais (l’) accomplir dit Jésus

La Loi pour nous n’est plus un catalogue moral d’interdit ou d’obligation, c’est une personne, c’est Jésus lui-même.

1Co 9.21 je ne suis pas sans loi de Dieu, puisque Christ est ma loi