Homélie du lundi 15 août 2022, abbé THEBAUT

Assomption de la Vierge

La plupart des statues de la Vierge Marie érigées dans notre archipel sont tournées vers la mer tandis que les croix sont quant à elles plutôt à l’intérieur des terres. Le sens profond de ces sanctuaires, dans notre univers maritime n’est pas le même ; Jésus et sa mère ne jouent pas le même rôle dans la dévotion populaire.
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Jésus est Dieu qui s’est fait homme, humain.
Vrai Dieu, il s’est fait vrai homme, il est entré dans sa propre création, il a assumé totalement notre nature et notre existence humaine.
Dieu s’est fait humain c’est donc via notre humanité que nous pourrons accueillir la ressemblance divine et éternelle avec Lui dont nous ne jouirons en plénitude que plus tard au ciel.
Ayant véritablement vécu son incarnation parmi nous, Dieu-Jésus affirme ainsi haut et clair que la vie présente, matérielle, selon la chair, est belle, sainte, importante et qu’elle mérite d’être pleinement vécue et défendue.  

La véritable éthique chrétienne ne consiste pas à renoncer à ce monde en vue du ciel mais à vivre pleinement en ce monde en citoyen du ciel.  « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »  
Dieu, par sa seule incarnation en Jésus, nous invite à vivre pleinement nos vies, à ne pas avoir peur de vivre…
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Cela est parfaitement symbolisé par le sanctuaire de l’île aux marins du mont-à-regrets, le calvaire dit « Duc in altum ».
Lc 5,4 dixit ad Simonem: ” Duc in altum et laxate retia vestra in capturam “.
il dit à Simon : ” Avance en eau profonde et jetez vos filets pour attraper du poisson. “  

Jésus est celui qui nous envoie au large, qui nous pousse à l‘aventure de la vie, qui nous encourage même à risquer nos vies pour vivre vraiment.  
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Marie n’est qu’une femme, qu’un être humain.
Mais elle a accepté de devenir la mère de Jésus.
Et Jésus, au moment de mourir, nous l’a donné comme mère, en a fait la mère de l’Eglise, la mère symbolique de tous les hommes.
Marie c’est notre humanité ayant su accueillir la divinité.  
Marie est l’image du sein maternel qui donne la vie, qui accueille et qui réconforte ; icone de la mère parfaite vers laquelle on se retourne quand tout va mal et dans les bras de laquelle on revient toujours.  

En célébrant l’Assomption de Marie, nous célébrons notre humanité toute entière glorifiée au ciel, nous anticipons notre propre divinisation céleste. En représentant Marie, notre mère, auprès de Dieu, nous nous préparons, en revenant vers elle à aller vers Lui, vers Dieu.
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En vérité, les statues de Marie de l’archipel ne sont pas tournées vers la mer, mais vers ceux qui risquaient et risquent encore leur vie sur la mer.
Marie est la figure de la mère, de l’épouse, qui prie pour que le marin rentre sain et sauf à la maison, y compris à la maison ultime, celle du ciel où elle nous attend depuis son assomption.
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Dieu-Jésus nous pousse au large, nous encourage à vivre pleinement notre humanité.
Parallèlement, avec Marie, il nous promet de revenir à bon port, d’atteindre les rivages éternels où nous sommes attendus.  

Je connais des bateaux qui restent dans le port
De peur que les courants les entraînent trop fort,

Je connais des bateaux qui s’en vont
Affronter le gros temps quand l’orage est sur eux,

Je connais des bateaux qui reviennent au port
Labourés de partout mais plus graves et plus forts.   Mannick