Homélie du dimanche 29 mai 2022, 7ème TP C, abbé THEBAUT

égalitarisme céleste

j’apporte avec moi le salaire
que je vais donner à chacun selon ce qu’il a fait.
 

Cette parole de Jésus que Jean de Patmos nous transmet comme une révélation semble contredire la fameuse parabole des ouvriers de la dernière heure Mt20  
*****************
Dans la parabole matthéenne, le propriétaire de la vigne, image divine, déclare :
Il me plaît de donner à ce dernier venu autant qu’à toi :[15] n’ai-je pas le droit de disposer de mes biens comme il me plaît ? Ou faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon ?  

Autrement dit, au ciel, indépendamment du travail effectué, indépendamment de la vie menée, nous serons tous traités dans la plus parfaite égalité du fait de l’égale bonté de Dieu envers chacun et non pas de nos mérites propres.  

Quant à ceux qui vivraient cela comme une injustice, seul leur ressentiment les priverait de jouir égalitairement du bonheur parfait :
Mt 20.16 Voilà comment les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers.”
——————
Image du gâteau d’anniversaire : c’est mon anniversaire donc mon gâteau je refuse de partager…
Triste de manger tout seul (puis malade) / Boude et refuse carrément de manger
**************
La vision de Jean de Patmos semble cependant décrire une rémunération selon la justice dite distributive : « à chacun selon ce qu’il a fait », égalitarisme relatif.  

Autrement dit, faisons le bien ici-bas afin que d’avoir une bonne situation au ciel, voire même, sacrifions-nous en ce monde qui passe afin d’obtenir une récompense relative plus grande dans l’éternité.  

On risque alors d’entrer avec Dieu dans une relation équivoque, intéressée et marchande du donnant-donnant.   Comme si on faisait un cadeau pour la fête de mère par exemple non pas par amour mais uniquement pour avoir plus d’argent de poche par la suite…  

Mais à bien y regarder, ce n’est pas au final ce que dit l’Apocalypse :
Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement.  

Il s’agit simplement de le désirer, de le vouloir pour tout avoir gratuitement, gracieusement, par-delà même les mérites.
—————————
Le pire des péchés, le péché impardonnable, serait alors l’acédie, l’absence de désir qui empêche d’avancer vers la vie.
D’où le cri du cœur de Dieu, l’Esprit Saint, et de l’Eglise son épouse :
L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! »
*****************
Au ciel quelle récompense ?  égalitarisme absolu ou égalitarisme relatif ?  

En fait, la notion même de récompense s’inscrit dans une conception matérialiste des choses ce qui est sans doute assez inadapté à la réalité de ce que peut être la vie éternelle auprès de Dieu.
Vis-à-vis de l’amour absolu et infini de Dieu pour chacun d’entre nous, plus rien n’est comparable ou mesurable. Que pourrait signifier l’égalité entre nous alors même que nous serons devenus semblables à Dieu ?
– Amen ! Viens, Seigneur Jésus !