homélie du 13 février 2022, 6ème TO C, dimanche de la santé, abbé THEBAUT

heureux

« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
    Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Etc.  

Cet Evangile est révoltant ! il donne envie de partager le malheur des riches et des repus.  
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1èrement le constat : des pauvres d’un côté et des riches de l’autre ; des affamés et des repus ; des gens qui pleurent versus des gens qui rient…  

Ce constat socioéconomique d’il y a 2000 ans est toujours d’actualité voire même plus que jamais d’actualité puisque proportionnellement jamais autant de richesses n’ont été concentrées entre si peu de mains.  

2ndement le projet : « les lendemains qui chantent »
«le royaume de Dieu est à vous.
vous serez rassasiés.
vous rirez. Etc.  

On dirait une liste de promesses électorales auxquelles plus personne ne croit vraiment.
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Les seuls à avoir essayé de l’appliquer furent les révolutionnaires communistes et ils ont échoués car qui dit révolution revient finalement remplacer une classe opprimante par une autre.
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Cela ne veut pas dire qu’il ne faille rien faire et attendre passivement l’au-delà avec son lot de récompense ou de punition.  

Il faut à la fois savoir relativiser nos souffrances et nos joies en ce monde et, à la fois, tout faire pour lutter contre les abus, les injustices et les malheurs en ce monde… tout en sachant qu’on  y arrivera pas. Du moins selon Jésus d’après les autres 3 autres évangélistes : Mt26.11 ; Mc 14.7 ; Jn 12.8 « Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous »  

C’est là l’expression même du paradoxe de notre vie, de la Vie. Nous sommes faits pour le ciel : la vie éternelle avec Dieu et comme Dieu et pourtant il nous a créés en ce monde : terreux, mortels, imparfaits et faillibles.  

Ou encore l’expression tout à fait paradoxale de notre foi : Nous devons faire tout le bien possible pour être sauvés en sachant que de toute façon Dieu nous a déjà par avance pardonnés et sauvés en JC.  

Ainsi faire le bien peut sembler inutile et vain en ce monde mais paradoxalement la victoire est déjà dans la lutte.
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Je vous avoue que je veux croire que cela puisse s’appliquer aussi à la crise écologique que nous connaissons. En effet j’ai l’impression que cela fait 50ans qu’on nous annonce à échéance de 10 ans le point de non retour… et que nous continuons cependant chacun à faire des petits gestes écolo en eux-mêmes insignifiants quoique surement essentiels.
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« Heureux » !
Les béatitudes lucaniennes ont leur pendant de « malheur ».
Et si finalement la clef du vrai bonheur pour notre monde était ailleurs ?
« Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre. »    Ste Thérèse de l’Enfant Jésus