homélie du dimanche 5 décembre 2021, 2ème de l’Avent C, abbé THEBAUT

où et quand

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,
Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe,
la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.
 

Nous sommes au chap. 3 de l’Evangile de JC selon Luc, et l’évangéliste nous dresse comme un tableau historique précis de la situation.
Pourquoi attendre le chap.3 pour cela ?
****************  
Le début de l’évangile selon Luc contient une brève notation chronologique concernant les nativités de JB et de Jésus :
Lc 1,5 au temps d’Hérode, roi de Judée
En admettant qu’il s’agisse du roi Hérode le grand, la période ainsi désignée reste relativement vague, Hérode le Grand ayant régné de -37 à -4 avant JC ( ce qui ferait naître au mieux Jésus vers -6 avant lui-même du fait d’une erreur dans l’établissement de notre calendrier).  

Le côté incertain du moment nous invite, bien que Luc affirme s’être « soigneusement informé de tout à partir des origines » Lc 1.3  à une certaine prudence quant à la factualité de la petite enfance de Jésus telle que racontée plutôt que rapportée par Luc.  

On pourrait dire que l’on en est encore dans la protohistoire de Jésus, dans le récit mythologique de ses origines humaines, dans la légende de sa petite enfance. Il ne s’agit pas de prendre les événements à la lettre tels que décrit mais d’en extraire la portée symbolique, le sens métaphysique.
———————–   
C’est ici plus ou moins la même démarche que celle que nous devons avoir avec tous les récits pré-historiques dans la Bible, disons +/- tous les récits avant Abraham…  
*****************
Par les nombreux repères chronologiques du chap.3, Luc nous indique entrer dans une présentation plus historique des vies de JB et de Jésus : ce ne sont pas des personnages légendaires et intemporels, ils ont vécu de manière établie et assurée à une époque précise et dans un territoire déterminé.  

Le ministère public, la vie, la mort, la résurrection de Jésus ne sont pas des abstractions philosophiques et le salut qu’il nous a acquis est donc bien réel.  

D’où l’importance pour notre foi de l’ancrage historique de la révélation évangélique,
« a souffert sous Ponce Pilate »   symbole des apôtres
« Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, » symbole de Nicée.
————— 
Il me semble que c’est aussi par respect de cet enracinement historique que l’on ne célèbre l’eucharistie qu’avec du pain de blé et du vin ; et que les prêtres y agissant in persona christi ne sont choisi que parmi les hommes  (certaines Eglises orientales allant jusqu’à leur imposer la barbe pour ressembler physiquement à Jésus).
***********
Lire la Bible, y compris le Nouveau Testament, impose un travail de discernement pour distinguer ce qui est de l’ordre de la symbolique de ce qui est de l’ordre de l’historique ;
Vivre selon l’Evangile impose de discerner entre ce qui est accidentel i.e. lié à une époque ou une situation géographique donné, de ce qui est essentiel, universel et intemporel.  

Que l’Esprit Saint nous aide, individuellement et en Eglise, à ce nécessaire travail de discernement.