homélie du dimanche 20 juin 2021, 12ème TO B, abbé THEBAUT

fête des marins : perdus ?

« Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »  

Dieu est-il donc indifférent à nos misères, à nos soucis, à nos drames ?
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Alors que la barque est agitée par les flots et la tempête, alors que la mer, image de la mort dans le judaïsme, est prête à les engloutir, Jésus est comme absent, il dort.  

Face aux tempêtes de la vie, dans les catastrophes, les naufrages, les pandémies, les guerres, les famines… l’athée peut avec délectation nous apostropher :  

Ps 42,11 Où est-il, ton Dieu ?  

Et reconnaissons-le, ce cri du cœur envers et contre Dieu nous habite aussi parfois.  

Où es-tu Seigneur ?
A quoi bon t’aimer et t’adorer si tu n’es pas là lorsque j’en ai besoin ?
A quoi est-ce que tu sers ?  
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De nombreux marins à l’heure de sombrer ont dû se poser ce genre de questions.
Jésus lui-même a connu cette angoisse existentielle sur la croix :  

Mc 15,34 “Elôï, Elôï, lema sabachthani”, ce qui se traduit : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?”  
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Car en ce monde, et particulièrement face à la mort, l’homme semble désespérément seul.
Dieu ne se promène plus avec nous dans le jardin comme en Eden.
L’homme est ici-bas comme livré à lui-même, seul en apparence pour affronter le Léviathan et le mal, seul face à la mort.

  Et pourtant, et même s’il fait déjà nuit, Jésus nous dit comme à ses disciples
« Passons sur l’autre rive. »

« Passons », et non pas « passez ». Nous ne sommes pas seuls.
Dieu n’est pas un passager clandestin dans l’odyssée de nos vies, il est là, présent, exposé sur le coussin. Même s’il ne prend pas sa part à la manœuvre, Dieu est là à bord avec nous.
« Passons sur l’autre rive. »
Rester sur le rivage sans risquer la traversée, c’est passer à côté de la vie pour au final pourrir au port. Ce qui donne du prix à notre vie en ce monde, c’est qu’elle s’arrêtera forcément un jour, c’est qu’elle peut être perdue, c’est qu’elle peut être donnée.  
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Les marins pêcheurs vivent cela d’un manière toute particulière :
– Leur travail en mer les fait vivre eux et leur famille mais peut aussi les tuer
– Leur vie risquée à la pêche permet à beaucoup de manger et de vivre  
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« Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »  

Quelques soient les tempêtes, nous savons que Jésus est toujours avec nous.
Où que nous soyons, nous ne sommes donc jamais perdus, nous savons toujours où nous sommes : nous sommes auprès de Lui puisqu’il est auprès de nous.