Homélie du dimanche 14 mars 2021, 4ème de carême B, abbé THEBAUT

à bas les idoles !

« De même que le serpent de bronze
fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
  

Pour les plus jeunes d’entre nous, il est peut-être bon de commencer par resituer dans son contexte cette histoire de serpent de bronze…
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Nous sommes donc dans le désert après la sortie d’Egypte qui elle aurait eu lieu vers 1450 BC. Loin de villes égyptiennes, le peuple découvre l’hostilité de la nature sauvage : beaucoup d’entre eux meurent de morsures de serpent.
Ils en viennent à se rappeler avec nostalgie la sécurité relative des cités égyptiennes _ en occultant leur condition d’esclaves d’alors _ et ils commencent à reprocher à Moïse et à Dieu de les avoir fait sortir d’Egypte afin qu’ils meurent dans le désert.
Alors Dieu dit à Moïse de façonner un serpent de bronze et de le mettre sur une hampe. Chaque fois qu’un Israélite était mordu, il n’avait qu’à regarder le serpent pour être rester en vie.  

Le parallèle que Jésus fait de lui-même, le Fils de l’homme, avec le serpent de bronze est assurément une annonce non seulement de sa mort sur la croix mais encore et surtout du salut qui en découlera pour les hommes.
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Notez qu’en hébreu, serpent de bronze se dit “serpent serpentin”. Symbole que l’on retrouvera dans le caducée des médecins.  
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Qu’est devenu par la suite ce précieux artéfact de guérison ?
Aurait-il disparu lors du pillage de Jérusalem par Nabucodonosor en 587 BC ? 

Les Babyloniens brûlèrent la Maison de Dieu,
détruisirent le rempart de Jérusalem,
incendièrent tous ses palais,
et réduisirent à rien tous leurs objets précieux.
  

En fait, le fameux Serpent de bronze n’existait déjà plus à cette époque.
Considérant qu’il était devenu l’objet d’un culte magique quasi païen du fait de l’automaticité de la guérison obtenu simplement en le regardant sans qu’il fût besoin de prier ni même de croire en Dieu ; honoré donc telle une idole, le roi Josias, grand roi réformateur de la foi d’Israël, le détruisit vers 640 BC.  

Cette dérive passée doit nous inviter à relire avec discernement notre relation à la Croix.
Refrain :Victoire, tu règneras ! Ô Croix, tu nous sauveras !  
Or ce n’est évidemment pas la croix en elle-même qui nous sauve mais le Christ qui nous sauve par elle. La Croix n’est symbole de vie que temps qu’elle est la croix de Jésus Christ.
Chant 1. Ô Croix dressée sur le monde Ô Croix de Jésus Christ ! (bis)
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Anecdote de François d’Assise devant le sultan.
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Quelles sont aujourd’hui nos idoles magiques ?
Foi aveugle dans la science, dans la médecine, dans le progrès.
Foi en la croissance, foi en la destinée intersidérale de l’homme…  

Toute cela est bien beau sans doute, mais nous ne devons mettre notre en foi qu’en Dieu. C’est lui et lui seul qui agit et qui nous sauve en Christ au moyen de tout le reste.