Homélie du 6ème dimanche de Pâques A, 14 mai 2023, abbé THEBAUT 

souffrir en faisant le bien

mieux vaudrait souffrir en faisant le bien,
si c’était la volonté de Dieu,
plutôt qu’en faisant le mal.
 

Phrase un peu alambiquée de St-Pierre et qui mérite d’être clarifiée : qu’est-ce que la volonté de Dieu ? et la souffrance a-t-elle un sens ?
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mieux vaudrait souffrir en faisant le bien,
si c’était la volonté de Dieu,
plutôt qu’en faisant le mal.
 

si c’était la volonté de Dieu,   
La volonté de Dieu ne saurait être que nous souffrions !
Sa volonté c’est que nous fassions le bien même si, malheureusement, cela entraine parfois une part de souffrance directe (travail, effort, privation etc.) ou indirecte (vengeance, punition, persécution etc.)
Il s’agit toujours de faire le bien même s’il en résulte un mal pour nous.  
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Cela peut aller des petites choses jusqu’aux plus grandes :
– Défendre des juifs sous l’occupation nazie au risque d’être arrêté par la gestapo.
– Refuser d’acheter un produit fabriqué au mépris des droits de l’humain ou de l’environnement quitte à s’en priver…
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mieux vaudrait souffrir en faisant le bien,
si c’était la volonté de Dieu,
plutôt qu’en faisant le mal.
 

La volonté de Dieu ne saurait être que nous souffrions !
La seule souffrance véritablement salvatrice fut celle du Christ Jésus pour notre salut ; et encore, notre salut ne vient-il pas de la souffrance du Christ elle-même mais de l’amour jusqu’au bout, sans limite et inconditionnel, qu’elle exprime.
Nos souffrances ne servent donc à rien d’un point de vue salvifique, même si elles peuvent être porteuses de sens lorsque nous les vivons en union spirituelle avec le Christ. Du moins celles, les souffrances, que nous ne pouvons éviter.  
Pour les autres, nous avons le droit, et peut-être le devoir, de les éviter, de les combattre, de les soigner.
Jésus nous en a donné l’exemple en guérissant de nombreux malades.
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La médecine moderne nous procure pour ce faire des  moyens nouveaux y compris ultimement par les soins palliatifs.
Ces soins palliatifs à la douleur sont légitimes même s’ils précipitent la mort dans la mesure où ce n’est pas la mort qui est directement visée mais l’arrêt de la souffrance.  

On ne peut pas tuer quelqu’un pour qu’il ne souffre plus : il n’est jamais permis de faire un mal même en vue d’un bien ; mais il est légitime de stopper sa douleur même si cela implique sa mort : il est toujours bon de faire le bien même s’il en résulte un mal…  

La nuance entre ces 2 positions est ici peut-être plus d’ordre théorique et moral que pratique ; d’où les difficultés à légiférer en ce domaine et l’absolue nécessité d’une possible objection de conscience pour les praticiens.
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il a été mis à mort dans la chair ;
mais vivifié dans l’Esprit
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Nous mourrons tous un jour dans la chair. Espérons que cela soit avec le moins de souffrance possible.
Et demandons surtout à être vivifiés dans l’Esprit dès à présent dans la chair passible et pour l’éternité dans nos corps de ressuscités.