Homélie du mercredi 2 novembre 2022, commémoration des fidèles défunts : abbé THEBAUT

ici et maintenant

Parmi les propositions liturgiques pour aujourd’hui dans le lectionnaire des funérailles, j’ai choisi cet Evangile chez st Matthieu un peu comme une réponse aux textes des Béatitudes mathéennes d’hier, fête de la Toussaint.   
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Les béatitudes en Mt5:
« Heureux les pauvres de cœur,
    Heureux ceux qui pleurent,
    Heureux les doux,
    Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
    Heureux les miséricordieux,
    Heureux les cœurs purs,
    Heureux les artisans de paix,
    Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
    Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,

Aujourd’hui en Mt15 :
j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ;
j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ;
j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;
  j’étais nu, et vous m’avez habillé ;
j’étais malade, et vous m’avez visité ;
j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’
 

Autant les Béatitudes peuvent paraître dérangeantes en semblant repousser au ciel toutes les consolations ;
Autant l’Evangile d’aujourd’hui nous réconfortent en actualisant les secours apportés à ceux qui en ont besoin, besoin ici et maintenant.  

La Bonne Nouvelle ne peut se contenter d’être de l’ordre des promesses et des vœux pieux.
Si Dieu veut notre bonheur demain alors il le veut aussi dès aujourd’hui.  
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Réjouis-toi de souffrir maintenant, une récompense te sera donnée au ciel ; Mange ta soupe cela te fera grandir ; demain on rase gratis…  
Les promesses ne sont la plupart du temps que des mensonges différés.  

Dieu ne nous promet pas la vie éternelle : il nous l’a déjà donnée en JC ; la vie éternelle est pour nous déjà commencée, il n’y a que sa forme qui changera à notre décès.  
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Retour au texte : quadruple répétition en apparence d’une même litanie.
Mais en apparence seulement car si l’on compare la réponse des justes et celles de maudits, la différence est évidente.  
Les maudits agglomèrent les souffrances, les globalisent et ainsi les déshumanisent.
Seigneur, quand t’avons-nous vu
avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison,
sans nous mettre à ton service ?’
 

Généraliser, rassembler, globaliser, toutes les souffrances est la meilleure excuse pour renoncer à en combattre au moins une ; ne pas pouvoir tout faire devient l’excuse pour ne rien faire ; ne pas pouvoir venir en aide à tous justifie alors de n’aider personne.  

Avoir une vision globale ou à long terme ne doit jamais faire oublier la personne qui souffre et meurt ici et maintenant.  —————–
Nous l’expérimentons tous à un moment ou un autre, dès que l’on fait des règles, des lois, des barèmes ou des quotas : leur application stricte est forcément injuste ou inhumaine à la marge et parfois au-delà.
On a besoin de règles certes mais il faut savoir y faire des exceptions par humanité, pour rester humain.
Mc 2.27 Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat ;  
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‘Venez, les bénis de mon Père,
recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde
 

N’attendons pas la mort pour vivre, n’attendons pas d’être passés et trépassés pour venir vers le Père
Et, puisqu’ici-bas nous ne le voyons pas de nos yeux de chair sachons le reconnaître en toute chair humaine :  

‘Amen, je vous le dis :
chaque fois que vous l’avez fait
à l’un de ces plus petits de mes frères,
c’est à moi que vous l’avez fait.’