Homélie du dimanche 23 octobre 2022, 30ème TO C, dimanche de la Mission, abbé THEBAUT

Mon Dieu, je te rends grâce

‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes
– ils sont voleurs, injustes, adultères –,

Cette prière du pharisien on ne l’entend plus guère, non que globalement l’on ne se croit pas meilleurs que les autres mais simplement parce que nous avons assez largement perdus le sens même du péché. Cette prière du pharisien ne nous est pas pour autant totalement étrangère : nous en avons simplement autre une version.
******************
Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes
– ils sont voleurs, injustes, adultères –,


Cette prière du pharisien n’est que rarement la nôtre.
D’une part nous avons conscience de n’être pas parfaits, et sommes conscients que les circonstances auraient pu nous faire basculer un jour…
D’autre part nous avons un peu perdu le sens du péché.  

« Qui vole un œuf vole un bœuf » disait-on autrefois, mettant ainsi tous les vols sur un pied d’égalité, envoyant alors Jean VALJEAN en prison ou en enfer pour un simple crouton de pain.
A l’inverse, aujourd’hui, on a tendance à décomplexer le vol : voler un voleur -frauder une assurance- ce n’est pas vraiment du vol, pas plus que s’arranger avec sa feuille d’impôt ; et d’ailleurs ce n’est rien comparé à ce que détournent les GAFAM…  

On pourrait généraliser avec l’injustice, l’adultère et tout le reste.  

Conscients de notre imperfection et sous prétexte de ne pas se prétendre meilleurs que les autres, on a souvent renoncé à devenir tout simplement et humblement meilleur soi-même.
——————
‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas pire que les autres.
Prière du renoncement, prière du désabusé, prière du perdant.
****************
Autre version.
‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme tant d’autres hommes et femmes
-pauvres, malades, affrontés à la guerre, seuls –  

Certes, il est bon de se réjouir de ce que l’on a mais peut-on s’en réjouir vraiment quand d’autres en sont privés ?  

Puis-je vivre paisiblement ma foi quand tant de personnes n’ont pas la liberté d’entendre la Bonne Nouvelle en JC et encore moins la liberté d’en vivre ?  
Oui et non mais OUI quand même.
————————
Par-delà les apparences, notre joie profonde repose sur la certitude que Dieu nous a déjà tous sauvés en JC !  ‘
Mon Dieu, je te rends grâce parce que tu nous as sauvés
********************
‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que tu nous as sauvés  

Et la prière du publicain alors?
Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’  
Cette prière est belle certes mais elle est un peu dépassée car elle date d’avant la bascule théologique de la mort et de la résurrection de Jésus.
Nous n’avons plus à demander la faveur du salut ou du pardon mais à l’accueillir, l’annoncer et en vivre dans l’Esprit Saint.