Homélie du dimanche 28 août 2022, 22ème TO C, abbé THEBAUT

humilité palpable

Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable,
[.]     Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle.


Or Jésus, c’est justement Dieu qui a assumé la matérialité de sa création ;
Jésus, c’est Dieu dans la réalité palpable ! c’est à n’y plus rien comprendre…
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Jésus est mort et ressuscité en avril 30.
D’auteurs inconnus, quoique longtemps attribuée par pseudonymie à l’apôtre Paul, la lettre aux Hébreux, daterait quant à elle des années 80.   Autant dire que ni pour les auteurs de la lettre ni pour ces destinataires, Jésus n’était une réalité palpable : a priori aucun d’eux ne l’a vu vivant. Idem pour nous, destinataires actuels de cette lettre : lorsque nous sommes venus vers Jésus nous ne sommes pas venus vers une réalité palpable.  

C’est d’ailleurs ce qui nous différencie principalement des apôtres et ce qui fait qu’ils n’aient pas eu de successeurs en tant que tels mis à part Matthias le remplaçant de Judas.  
Ac 1 Qu’un autre reçoive sa charge.[21] “Il faut donc que, de ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, [22] en commençant au baptême de Jean jusqu’au jour où il nous fut enlevé, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection.”  
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Non seulement Jésus n’est pas pour nous une réalité palpable, mais encore Dieu a voulu qu’il ressuscitât avec son corps de chair, et donc sans laisser aucune relique palpable directe de lui.  

Nous sommes comme dans une enquête policière sans preuve matérielle directe… ce qui n’empêche pas d’avoir une intime conviction.  
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Une intime conviction.
Nous ne sommes plus dans l’ordre du palpable, dans le domaine de la science et des preuves, mais dans le registre de la foi.  

C’est peut-être pour cela, que Jésus nous invite à l’humilité.
La foi n’est pas une récompense, n’est pas le résultat d’un travail ou d’un exploit, la foi n’est pas le fruit du mérite ; la foi est un don gratuit de Dieu.
Nul ne peut, nul ne devrait s’enorgueillir de sa foi.
Le croyant ne peut qu’humblement en rendre grâce et prier qu’elle lui soit conservée.
Ainsi, tout en témoignant de sa foi, il ne peut qu’humblement accepter que d’aucun n’y croie pas.
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— Jehanne, êtes-vous en état de grâce ? demande un assesseur.
— Si j’y suis, Dieu m’y garde ; si je n’y suis, Dieu m’y mette
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La foi n’est pas du domaine de la réalité palpable mais croire ne peut que se traduire concrètement et de manière palpable dans la manière de vivre du croyant.
La question n’étant pas de savoir si cela le rend meilleur ou plus grand que le non croyant.
Il s’agit simplement de vivre dans la vérité, or « seule l’humilité est capable de vérité. »   Alexandre Schmemann, Le grand Carême, p. 38