homélie du dimanche 9 janvier 2022, baptême de Jésus, abbé THEBAUT

consubstantiel au Père

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée 
pour le salut de tous les hommes. Tt 2,11


L’épiphanie du baptême de Jésus clos le temps de Noël et ouvre le temps dit ordinaire de la liturgie de notre Église.
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Le baptême de Jésus est certes une épiphanie, une manifestation de sa divinité et de l’être trinitaire de Dieu. Au baptême de Jésus, l’Esprit Saint descend sur Lui et la voix du Père le manifeste comme Fils.  
« Toi, tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie. »

Ou selon une variante de Luc, « “Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.” Citation du psaume 2,7.  

Cette formulation pouvant donner à penser que Jésus ne serait né à la divinité qu’au moment de son baptême (hérésie adoptianiste) , on comprend le choix de la nouvelle traduction liturgique pour la formulation moins problématique « en toi, je trouve ma joie. ».
Jésus est Fils du Père de toute éternité, comme le dit le CREDO, il est « né du Père avant tous les siècles » i.e. dans un rapport d’engendrement vis-à-vis du Père qui est hors du temps et de tout temps : le Fils est l’éternel engendré du Père.
Il ne s’agit dans engendrement dans le temps ou la matière : de ce point de vue là, Dieu n’engendre pas ! il s’agit seulement d’exprimer avec nos mots limités le lien éternel entre le Père et le Fils ; ils sont à la fois distincts et inséparables, comme dans un engendrement toujours d’actualité : “Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.”
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Distinction et unité se retrouvent aussi dans la relation du Père et du Fils avec le Saint Esprit, ce que la théologie va exprimer cette fois en termes de procession.  « il procède du Père et du Fils » .
Une procession pouvant atteindre sa finalité sans avoir pour autant quitté sa base.
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« Toi, tu es mon Fils bien-aimé »

Dans l’ordre de la génétique, les enfants sont évidemment de la même nature que leurs parents : nous sommes héréditairement des humains. Nous sommes de même nature bien qu’étant des individus totalement distincts.
Or en Dieu, s’il y a diversités de personnes, il n’y a pas pour autant 3 individus séparés. Certes on pourrait arguer qu’il est dans la nature de Dieu d’être unique et que donc dire du Père et du Fils qu’ils sont de même nature implique leur unité indéfectible.
Cependant, non seulement l’unicité de Dieu n’est peut-être pas totalement un acquis dans les mentalités (et pas seulement chez les indous) ; mais encore certains monothéistes expriment des réserves quant à notre propre monothéisme chrétien (par exemple certains musulmans).  
Dans ce contexte, il a été jugé préférable, dans la nouvelle traduction francophone du Missel, de remplacer dans le CREDO le « de même nature que le Père » par la translitération « consubstantiel au Père » puisque partager une même substance c’est forcément être 1.
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Cette formulation est plus correcte mais sa juste compréhension suppose un minimum de formation philosophique…
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Le CREDO manifeste notre foi mais cette épiphanie n’est pas de compréhension évidente.
On ne saurait, pour annoncer la foi, se contenter du seul CREDO, il faut diverses épiphanies pour notre foi : intellectuelle, pratique et « bonne nouvelle ».
C’est ce que nous offre la liturgie en nous proposant 3 épiphanies : la visite des mages, le baptême de Jésus, et dimanche prochain, les noces de Cana.
Jn2,11 C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.