homélie du dimanche 12 décembre 2021, 3ème de l’Avent C, abbé THEBAUT

individuel et collectif

les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? »  

Question à la fois proche et différente de celles posées dans les 3 Evangiles synoptiques à Jésus :
Mt19.16 un (jeune) homme s’approcha et lui dit : “Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle ?”
Mc 10.17 (un homme) “Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?”
Lc10.25 (un légiste)  « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?”  

Distinction quant à l’aspect individuel ou collectif ainsi que quant à la finalité du faire.
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les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? »  

Même s’il parle en tant que prophète des temps derniers, Jean le Baptiste ne se distingue guère de nombreux prophètes l’ayant précédé et appelant leurs concitoyens à la conversion. Conversion au Seigneur Dieu certes, mais conversion devant s’exprimer avant tout par un retour à la Loi ou plutôt à l’esprit de la Loi en particulier dans la lutte contre les inégalités sociales.  

Exemple avec le prophète Amos
Am2,5-6  j’enverrai le feu dans Juda [.] Parce qu’ils vendent le juste à prix d’argent et le pauvre pour une paire de sandales ;  

Avec JB comme avec les prophètes de l’AT, sauf exception,
* Le malheur est individualisé : le pauvre, l’étranger la veuve etc.
* Tandis que le péché est collectif : les foules, les riches etc.
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Il s’agit de l’alliance d’un peuple avec son Dieu, dans le concret de son vécu social présent et avec des conséquences pour sa vie présente (paix et opulence ou guerre et famine…).
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“Maître, que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle ?”  

Avec Jésus, la question du faire moral devient personnelle de même son enjeu de salut par ailleurs éternel et non plus limité au bien être terrestre.  

Tandis que JB invitait à un simple partage équitable des biens « avec celui qui n’en a pas » (au singulier)
Jésus pousse l’exigence jusqu’au don de tout aux pauvres (au pluriel).
Mt 19,21  vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres
Mc10.21  ce que tu as, vends-le et donne-le aux pauvres
Avec Jésus, on ne peut jamais se dire quitte du bien que l’on a pu faire ( c’est bon, j’ai fait ma part !) car la lutte contre les iniquités ne doit pas avoir de cesse tant que des iniquités demeurent (sachant par ailleurs que « Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous » Mc 14.7)  

Avec Jésus,
*Le malheur est collectif au sens que le malheur d’un seul nous touche tous
* Tandis que le bien est individualisé en ce sens que je ne peux pas me défausser sur le collectif du bien que moi je pourrais faire
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Il ne s’agit plus de l’alliance d’un peuple avec Dieu, mais d’un choix personnel à vivre avec Dieu, choix qui s’exprime dans l’amour concret du frère et s’épanouira dans la vie éternelle.  
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Un pauvre ou des pauvres ? Péché collectif ou bien individualisé ?  

Il ne faudrait sans doute pas trop forcer le trait et ne pas opposer les choses.

En Jésus, l’unique sont transfigurées toutes les iniquités ;
Quant à nos mérites ou torts personnels, ils deviennent nôtres dans l’unique Eglise.  
Ac 2.37 Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié.”[37] D’entendre cela, ils eurent le cœur transpercé, et ils dirent à Pierre et aux apôtres : “Frères, que devons-nous faire ?”