homélie du dimanche 28 novembre 2021, 1er de l’Avent C, abbé THEBAUT

cœur à cœurs

Paul prie pour les Thessaloniciens, afin que Dieu « affermisse vos cœurs »
Jésus, lui, nous dit «  Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse »
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que Dieu « affermisse vos cœurs » i.e les rende plus fermes, plus solides, plus durs.  

Mais que Dieu « affermisse vos cœurs », les rende plus solides, plus durs 
Cela ne serait-il pas en contradiction avec la prophétie d’Ezéchiel 36.26 :
« j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. » ?
Et par ailleurs, le prophète Isaïe reproche à ses contemporains d’être des  « hommes au cœur dur, vous qui êtes loin de la justice ». Is46.12  

Les cœurs durs que reprochent les prophètes, ce sont des cœurs insensibles, ne se laissant pas touchés, pas blessés par la souffrance et la misère des autres.  
Les cœurs fermes ou durs dont parle Paul, ce sont des personnes fortes et assurées face à leurs propres épreuves, leurs souffrances, les persécutions qu’elles subissent au nom de leur foi.  

Il faut avoir un cœur de chair, un cœur faible et sensible envers les autres et un cœur ferme et fort pour nous-mêmes.
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Dans nos pays moins chauds que la Judée, plutôt que de parler de « cœurs de pierre » on dirait peut-être plus  volontiers « des cœurs de glace » ce qui laisserait comme une lueur d’espoir puisqu’on peut faire fondre la glace mais l’espoir existe aussi pour « les cœurs de pierre » car c’est avec les pierres les plus dures que l’on fait les plus belles sculptures.
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Après la fermeté ou dureté des cœurs, regardons ce qui Jésus quant à leur lourdeur.
«  Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse »  

Si avoir le cœur léger implique une notion d’insouciance et de tranquillité d’esprit, alors, par opposition, avoir le cœur lourd, serait être soucieux et anxieux.
«  Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : demain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine » dit Jésus en Mt6.34.  

Cependant, cela ne correspond pas totalement au contexte du péricope évangélique d’aujourd’hui.
Tenez-vous sur vos gardes,de crainte que votre cœur ne s’alourdisse
dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie,
 

Certes, Jésus parle des « soucis de la vie » mais il parle aussi de l’ivresse et des beuveries autrement dit du divertissement (au sens pascalien) parmi les causes de lourdeur pour le cœur.
En fait, Jésus parle de tout ce qui pourrait nous distraire des autres, nous rendre oublieux des autres ; tout ce qui pourrait rendre notre cœur lourd au point d’en être inamovible, incapable de tout mouvement du cœur, impuissant à tout élan d’amour.
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Il ne s’agit pas d’avoir le cœur lourd mais d’avoir un cœur vaste et débordant d’amour.  
 « que le Seigneur vous donne,
entre vous et à l’égard de tous les hommes,
un amour de plus en plus intense et débordant »
dit Paul aux Thessaloniciens.  
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Nous entrons dans le temps de l’Avent, préparation à la Nativité de Jésus.
Contemplons le cœur de Marie sa mère, tantôt ferme et léger, tantôt lourd et transpercé…  

Quand le ciel a répandu
Sa rosée de lumière,
Pour que germe en toi Jésus
Dont tu serais la mère,
Saurons-nous jamais le cri
Qui monta de ton cœur ?
Saurons-nous jamais le cri
Qui monta de ton cœur ?
Quand l’amour est né de toi
Sur la paille et le givre
Et que les soldats du roi
Ont voulu le poursuivre
Saurons-nous jamais le cri
Qui monta de ton cœur ?
Saurons-nous jamais le cri
Qui monta de ton cœur ?
Apprends-nous, Marie,
A porter la vie du Seigneur.
Apprends-nous le oui de ton cœur.