“homélie” du dimanche 10 octobre 2021, 28ème TO B, abbé THEBAUT

célibat et pédophilie

Frères et sœurs,
d’abord et avant tout, j’exprime encore mon horreur face à tous ces crimes pédophiles qui viennent d’être révélés dans notre Eglise, et ma profonde douleur envers toutes les victimes directes et indirectes.
Exceptionnellement et dans ce contexte, mon homélie n’en sera pas vraiment une mais le partage d’une réflexion qui n’engage que moi, suite à une question que m’a posée en off mardi soir la journaliste TV: à savoir la question du célibat dans l’Eglise catholique.  

Je commencerai par un retour sur les chiffres extrapolés par la CIASE sur 70ans pour la France.
* 5,5 millions de mineurs abusés dont environ 4% soit 216 000 par des ecclésiastiques, religieux ou religieuses et 330 000 en ajoutant les laïcs travaillant pour l’Eglise.
* Presque 3% de prêtres pédophiles sur cette période en France.  
3% c’est beaucoup d’où de légitimes interrogations comme celle de la journaliste quant au célibat ecclésiastique.  

Je me suis posé à moi-même cette question et, sans être aucunement qualifié en psychologie, essayé d’y répondre un tant soit peu.
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1er point :J’ai rencontré des personnes ayant des attirances ou prégnances sexuelles non conformes avec la morale, la loi ou la religion. C’est généralement une grande souffrance pour ces personnes.
* Certaines s’y abandonnent +/- en cachette, parfois à l’étranger
* Certaines se forcent à entrer dans le moule d’une sexualité normative : mariage etc en espérant contrôler leurs autres pulsions.
* D’autres enfin se sentent astreints à la chasteté et au célibat.  

Parmi ces derniers, les croyants se résolvant à un tel célibat, en viennent assez naturellement à vouloir lui donner un sens : « quitte à être célibataire, autant devenir prêtre, religieux, religieuse ». Et certains le deviennent.  

Malheureusement, rien n’est plus illusoire que croire contrôler définitivement sa libido : quelque soit son état de vie, en matière sexuelle, il n’existe pas d’équilibre définitif.
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1er aspect donc : une tendance, pour les déviants sexuels croyants, à vouloir consacrer leur célibat.
Au risque malheureusement trop souvent avéré, de ne pas réussir à le vivre chastement par la suite.
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2nd point : le célibat ecclésiastique en lui-même.
Je ne suis pas psychologue, cependant, il me semble que lorsqu’une personne envisage de se donner au Seigneur dans le célibat, elle décide alors, consciemment ou non, de s’interdire à regarder les autres comme objets de désir sexuel.
Conséquemment, son attirance affective ou sexuelle risque de rester plus ou moins bloqué sur l’âge du désir de se consacrer à Dieu dans le célibat.  
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On peut espérer, que ce risque induit par le choix précoce du célibat consacré aille désormais en s’atténuant du fait de la disparition des petits-séminaires et du report de l’âge moyen des vocations.
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Si Jésus dit « viens, suis-moi. » à l’homme de l’Evangile d’aujourd’hui,
Ce même Jésus refuse d’accorder en Mc 5.18 à un autre de l’accompagner.
Par-delà la question du célibat, ce discernement que fait Jésus, à nous aussi de le faire, en particulier en Eglise dans l’appel ou non des futurs prêtres, religieux et religieuses.
La question posée lors de l’ordination « savez-vous s’il a les aptitudes requises ? » n’est pas qu’une formule théorique mais doit être l’expression d’un véritable travail de discernement collectif.  

J’ai prié, et le discernement m’a été donné.
J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi.