« Prions pour que ceux qui risquent leur vie pour l’Évangile, dans différentes parties du monde, fécondent l’Église de leur courage et de leur élan missionnaire. »
Lors d’une visite dans un camp de réfugiés à Lesbos, un homme m’a dit : « Père, je suis musulman. Ma femme était chrétienne. Des terroristes sont arrivés dans notre pays. Après nous avoir regardés, ils nous ont demandé notre religion. Ils ont vu que ma femme portait un crucifix et lui ont demandé de le jeter par terre. Elle ne l’a pas fait et ils l’ont égorgée devant moi ». Ça s’est passé vraiment ! Je sais que cet homme n’éprouvait aucune rancune. Il se concentrait sur l’exemple d’amour de sa femme, un amour pour le Christ qui l’a amenée à accepter et à rester fidèle jusqu’à la mort. Frères et sœurs, il y aura toujours des martyrs parmi nous. C’est le signe que nous sommes sur le bon chemin. Quelqu’un qui s’y connaît m’a dit qu’il y a aujourd’hui plus de martyrs qu’au tout début du christianisme. Le courage des martyrs, leur témoignage, est une bénédiction pour tous.
Témoignage de foi, écrit sur le site Réseau Mondial de Prière du Pape
Qu’est-ce qu’un martyr, au sens chrétien du terme ? La question aujourd’hui se pose car ce mot est utilisé dans l’univers religieux dans un sens qui sème le trouble. Le martyr serait celui qui a le courage de sacrifier sa vie et celle des autres au nom de sa foi. Il est célébré dans son milieu comme un héros. Les mots martyr, courage, sacrifice, foi, héros, sont alors utilisés dans un sens qui défigure la pensée chrétienne. Le retournement est redoutable car il a l’apparence d’un plus.
Les chrétiens sont au service de la vie à la suite du Christ au milieu de leurs prochains. D’autres qui haïssent cette perspective se mettent au service de la mort, la leur et celle des autres pour défendre leurs valeurs. D’un côté une douceur qui ne cherche pas à se vanter ; de l’autre une force ivre de triomphe et de fascination. Si la différence saute aux yeux, il faut reconnaître que nul n’échappe, les chrétiens comme les autres, à la tentation d’utiliser la violence pour convaincre et gagner de la notoriété.
En Jésus-Christ et dans l’Évangile, les chrétiens découvrent un trésor de liberté, de pardon, de bienveillance dont ils vivent et qu’ils partagent à tous. Un élan missionnaire les porte. Cet élan peut faire peur. Le Christ a fait peur aux Juifs de sa génération et ceux-ci l’ont condamné avec l’accord des Romains. Les premiers chrétiens ont fait peur, et pour une part, ce sont les persécutions qui sont à l’origine de la dissémination du christianisme dans le bassin méditerranéen. Les moines de Tibhirine ont fait le choix de rester au milieu des populations algériennes malgré le danger pour leur vie. Celles-ci n’avaient nulle part où aller pour se protéger, et pour eux partir aurait été une rupture de solidarité. Le père Hamel n’a pas choisi de se mettre en danger. Il vivait simplement sa foi et a été tué alors qu’il célébrait l’eucharistie.
Être martyr n’est pas un choix personnel, ce serait une provocation et une complicité avec la mort. Cependant les chrétiens portent en eux, du fait du Seigneur Jésus et de tous les martyrs de tous les temps, la trace bienheureuse d’une vie vécue et donnée jusqu’au bout. La mort violente est alors le symbole contradictoire qui signe la victoire de la vie. « Le sang des martyrs est une semence de chrétiens » disait Tertullien au IIe siècle de l’Église.
Avec le Pape, nous prions pour tous les chrétiens dont l’existence est menacée, pour que la vie semée en chacun au baptême s’épanouisse jusqu’à son achèvement et se propage partout dans le monde.