Le Pape nous invite ce mois-ci à prier pour les personnes qui vivent en marge de la société. L’éventail de ces personnes est large. Tous les pauvres, les migrants, les malades, les personnes âgées ou celles au parcours de vie brisée ne sont pas nécessairement en marge. Parmi eux, il y en a. C’est vers ces personnes que nous nous tournons. Concrètement, chacun peut regarder dans son entourage quelles sont celles concernées, et voir comment sa prière peut se faire inventive.
Les sociétés dans lesquelles nous vivons sont aussi questionnées. Comment sont-elles construites pour permettre à chacun d’avoir une vraie place ? Nous le savons, l’être humain est fragile et cherche à ne pas se retrouver à la marge ou, pire, exclu. Ce mouvement spontané, pétri de peur, induit la loi du plus fort. Elle porte en elle un principe d’exclusion. L’attention première à la personne fragile ou en difficulté est le contrepoison sans lequel il n’y a pas de progrès social ni de société juste.
Les institutions peuvent mettre en place des dispositifs pour aider ceux qui se retrouvent en difficulté. Cette générosité, nécessaire, doit aussi s’interroger. Vise-t-elle une réelle intégration, une réciprocité dans les relations, est-elle respectueuse de la dignité des personnes ? Penser à leur place ne respecte pas la réciprocité. Les associer à trouver des solutions est nécessaire.
Les conditions de vie inhumaines font penser à des situations extrêmes où la vie est menacée à court ou moyen terme. Elles sont nombreuses dans le monde. Notre prière s’inscrit sur ce paysage de fond, qui donne la mesure des enjeux. Ce que nous pouvons faire, ici, chacun à notre mesure, a d’autant plus de prix. Les sociétés sont faites d’individus. C’est à partir d’eux que le changement est possible. Que le Seigneur nous donne un cœur sage et fort pour l’accomplir.
Daniel Régent sj
directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France