Le résultat des élections européennes est un symptôme de plus d’une société inquiète, douloureuse, divisée. La dissolution de l’Assemblée nationale a placé notre pays dans un trouble inattendu. Comme tous nos concitoyens, nous, catholiques, avons à exercer notre responsabilité démocratique.
Comme chrétiens, cependant, nous avons une vive conscience que les élections législatives ne résoudront pas tout. C’est dans l’espérance du Règne de Dieu inauguré par le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus que nous voulons être des citoyens responsables et apporter notre contribution à la qualité de la vie démocratique et sociale de notre pays.
Le malaise social que nous constatons a certes partie liée à des décisions politiques, mais il est plus profond. Il tient aussi à l’individualisme et à l’égoïsme dans lesquels nos sociétés se laissent entraîner depuis des décennies, à la dissolution des liens sociaux, à la fragilisation des familles, à la pression de la consommation, à l’affaiblissement de notre sens du respect de la vie humaine, à l’effacement de Dieu dans la conscience commune. Les parlementaires et les responsables politiques ne peuvent pas tout. Ils ont à chercher le meilleur pour nous tous, pour l’unité, la prospérité et le rayonnement de notre pays dans un monde en profonde mutation. Ils ne peuvent agir qu’en fonction de la détermination de tous à agir pour le bien commun.
Demain, le 8 juillet, quels qu’auront été nos choix électoraux, nous tous Français, nous aurons encore et toujours à respecter nos concitoyens qui auront d’autres opinions que les nôtres et à œuvrer ensemble à la continuité et à l’amélioration de notre vie sociale commune. Nous aurons encore à vouloir que notre pays honore ses engagements et serve la paix et la justice dans le monde. Nous aurons toujours à nous garder de la violence, à veiller à ne pas diffuser la colère et la haine, à ne pas nous résigner à l’injustice mais à lutter pour la justice par les moyens de la vérité et de la fraternité. Demain, chacun devra toujours s’inquiéter de ceux qui vont moins bien que lui.
Nous, catholiques, nous le ferons en puisant dans la grâce de Dieu et dans notre foi en son salut, pour surmonter peurs, colères, angoisses et pour être des « artisans de paix » et des acteurs de l’amitié sociale. Nous pourrons nous appuyer sur la communion qu’est notre Église.
Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France
Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, Vice-président de la Conférence des évêques de France
Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours, Vice-président de la Conférence des évêques de France
S. Em. le Cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille
Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris
Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen
Mgr Sylvain Bataille, évêque de Saint-Étienne
Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges
Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre
C’est pourquoi, évêques du Conseil permanent, nous formulons la prière suivante
et nous la proposons aux fidèles qui voudront bien s’y associer.
« Dieu de vérité et de bonté, en ces temps de décisions fortes pour notre pays la France,
aide-nous à discerner correctement ce qui est juste.
Renouvelle en nous, chaque matin, le goût de servir, pour que nous accomplissions nos tâches avec cœur
et garde-nous de mépriser quelque être humain que ce soit.
Viens, Esprit-Saint, éclairer ceux et celles qui seront choisis comme députés ou auront à gouverner notre pays.
Qu’ils puissent ensemble chercher le meilleur pour nous tous. Imprime en eux un grand sens du service du bien commun.
Sainte Vierge Marie, sainte Jeanne d’Arc, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronnes de la France, veillez sur notre pays.
Qu’il soit une terre de liberté, de justice, de fraternité et se tienne à la hauteur de son rôle dans l’histoire.
Aidez-nous à y être, à notre modeste place mais selon toute notre responsabilité, des disciples de l’Évangile.
Amen. »