En juin, le Pape nous invitera à prier « pour que la communauté internationale s’engage concrètement dans l’abolition de la torture et assure un soutien aux victimes ainsi qu’à leurs familles. »
Si le pape demande de prier pour l’abolition de la torture, c’est qu’elle se pratique. La convention de l’ONU de 1984 contre la torture a été ratifiée à ce jour par 173 États, mais il reste bien du chemin à faire, même dans les pays qui ont signé. Recourir à la torture piétine le respect fondamental de la personne, dégrade ceux qui la pratiquent et sème dans le monde le poison qui incite à la pratiquer en retour.
La torture est un mal intentionnel qui touche à l’intégrité physique, psychique, sociale et relationnelle des victimes. C’est un traumatisme qui a des effets graves sur leur avenir. Une douleur intense est infligée pour obtenir des renseignements, des « aveux », des avantages financiers, en humiliant, en brisant une résistance, en terrorisant. Elle est le fait d’individus, de groupes, – mafias, cartels de la drogue, organisations terroristes -, et même d’États. Elle s’organise avec des acteurs, des donneurs d’ordres et des complicités. Par exemple, des bandes peuvent y soumettre des migrants pour rançonner les familles rendues témoins par téléphone de leur calvaire. Ceci peut se faire avec la passivité complice d’États soucieux de limiter les migrations.
Face à cela, le pape tourne notre attention vers le plus universel : « la communauté internationale », et vers le plus concret : « les victimes et leurs familles ». Le terme « communauté internationale » fait penser à la concertation entre les pays et les continents au service de la paix, de la justice, du respect des droits de l’homme. Cette concertation est possible parce qu’il y a une conscience au cœur de l’homme qui appelle au bien en résistant à ce qui n’est pas digne. C’est cette force supérieure qu’il faut invoquer et mobiliser pour contrecarrer les forces inférieures au travail dans le monde et en chacun. Les traités historiques sont nécessaires mais pas suffisants pour parvenir à éradiquer la torture. Il faut une volonté de chaque jour. Se tourner vers les victimes et leurs familles, leur assurer soutien et compassion, agir auprès des États est le chemin concret pour dire non à la torture et parvenir ensemble à son abolition dans le monde.
Celui qui entre dans une église est accueilli par la représentation de Jésus en croix. L’artiste, selon sa sensibilité et l’époque, sculpte un torturé, un homme endormi, un pestiféré, un Vivant qui a traversé la mort. Pour les chrétiens, lever les yeux vers le crucifié, torturé, ressuscité est central. Il nous arrache à la fascination de la violence et de la mort.
Qu’au long de ce mois, le signe de la croix dispose notre cœur, dans la perspective du 26 juin, journée internationale pour l’abolition de la torture et de soutien aux victimes.
Daniel Régent sj.