En ce mois de janvier, le pape François appelle à prier pour que les éducateurs soient des témoins crédibles, en enseignant la fraternité plutôt que la compétition et en aidant tout particulièrement les jeunes les plus vulnérables.
Beau et vaste chantier que l’intention proposée par le pape ce mois-ci de prier pour les éducateurs. Ce seul mot traverse les réalités sociales et humaines. Il n’y a pas besoin d’être enseignant, professeur, éducateur spécialisé, parent pour se sentir concerné. Chacun dans son métier, son activité associative, ses loisirs, peut se trouver en position d’éducateur ; il transmet à d’autres une compétence, une sagesse, un encouragement, un émerveillement, une ouverture transcendante au beau, au bon, au bien qui stimule la vie autour de soi.
Pour le pape, l’éducateur est d’abord un témoin crédible qui a expérimenté en vérité ce qu’il transmet. Ainsi, il ne s’arrête pas aux compétences techniques nécessaires, il vise plus haut, un bien plus universel : comment une relation entretenue avec des gens, un objet, un art, toute activité intellectuelle ou manuelle, peut être source de fraternité, de joie partagée, de créativité. Les concours et les compétitions qui stimulent la performance, l’excellence, peuvent aussi être au service d’une estime mutuelle, s’ils ne sont pas dans la perspective essentielle de dominer ou d’humilier.
Chacun dans son métier, son activité associative, ses loisirs
L’attention aux jeunes les plus vulnérables est donnée comme un repère pour vérifier la qualité de l’attitude éducative. L’éducateur peut chercher sa propre satisfaction en s’occupant des ‘meilleurs’ qui renverront une image gratifiante du travail accompli. Les plus faibles décodent cette attitude comme un rejet vis à vis d’eux. Que pourront-ils apporter à cette œuvre collective qui demande de la réciprocité ?
Parfois, ce sera un simple sourire au milieu des épreuves. Cadeau admirable.
Le chantier est immense. Chacun, pourvu qu’il se connaisse un peu lui-même, sait les puissances ténébreuses qui peuvent l’habiter. Un mot dur, une attitude blessante sont si vite partis !
Par ailleurs, dans notre monde qui se laisse entraîner à promouvoir les valeurs individualistes, la tâche des éducateurs devient parfois impossible. Comment partager des valeurs collectives, si chacun revendique les siennes propres ?
En priant pour les éducateurs, nous prions aussi pour nous-mêmes, pour qu’à notre place nous participions à ce beau travail au service du bien vivre ensemble.
Daniel Régent sj, directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape en France