Le père Robert Jacquinot de Besange naît à Saintes en 1878, dans une famille d’origine lorraine.
Pendant sa jeunesse, un accident lui fait perdre un bras.
Il rentre chez les jésuites en 1894, en Angleterre (les jésuites ayant été expulsés de France), et devient missionnaire en Chine en 1913. Il y est vicaire en paroisse, et professeur à l’université Aurore de Shanghai, fondée par les jésuites. Sa vie est soudainement bouleversée par la guerre sino-japonaise qui éclate en 1937. A l’automne, les bombardements japonais ravagent Shanghai et font des milliers de blessés, militaires et civils.
Le Père Jacquinot parvient à mettre en place une commission de médiation entre les deux camps, qui permettent d’obtenir une trêve de 4 heures, pendant laquelle les blessés et les civils pris au milieu de la bataille peuvent être évacués. Il poursuit ses efforts diplomatiques et obtient l’instauration d’une zone de sécurité démilitarisée dans la vieille ville de Shanghai. C’est ce qu’on appellera le « modèle Jacquinot » : un espace démilitarisé, en plein cœur du conflit, qui permet la protection des civils. Jusqu’à la fin des hostilités, en 1945, la zone Jacquinot fut respectée par toutes les parties. Les autorités chinoises reconnaissent aujourd’hui que l’œuvre du Père Jacquinot a permis de sauver la vie de 300 000 à 500 000 civils. Cette prouesse lui vaut d’être l’une des rares personnes mentionnées plus tard dans les Conventions de Genève.
Quelques années plus tard, envoyé par le Saint-Siège pour aider les réfugiés de guerre, il poursuit sa mission d’artisan de paix dans l’Europe embrasée par la Seconde Guerre Mondiale. Il meurt en 1946 à Berlin aux prises à nouveau avec la question des sans-abris.
La longue et fructueuse itinérance du Père Robert Jacquinot peut nous inspirer pour la mission aujourd’hui :
Sa vie nous montre que l’éducation, l’enseignement scolaire et universitaire sont des champs missionnaires essentiels pour le renouveau spirituel et la conversion de notre monde. La transmission est mission ! Ne craignons pas de nous engager professionnellement ou bénévolement dans ces secteurs clefs de mission ! « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité » enseignait saint Jean-Paul II.
« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9).
L’aventure de Robert Jacquinot nous révèle que la paix signe la présence de Dieu. Don de Dieu, fruit du dialogue et de la collaboration, la paix demeure dans les cœurs, dans les relations entre les personnes, entre les peuples et les nations. Ainsi la paix est à la fois moyen et finalité de l’évangélisation.
Le « modèle Jacquinot » nous montre que la mission est un engagement non seulement au service des personnes, mais aussi au niveau politique et international. Les catholiques ont un rôle à jouer, une véritable mission, dans les relations internationales.