Homélie du dimanche 14 aout 2022, 20ème TO C, abbé THEBAUT

feu et eau

« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
    Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !
 

Le feu et l’eau, 2 éléments supposément contraire pour symboliser le sens de la venue de Jésus en notre monde et sa mission ; mais que ce soit l’eau ou le feu, ces 2 éléments peuvent être à la fois purificateur ou dévastateur, source de vie ou de mort.  
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Le feu et l’eau.
Paradoxe de l’aventure de Dieu avec sa création : Dieu qui nous crée pour la vie éternelle avec Lui et qui nous fait cependant mortels et nous laisse en ce monde en apparence sans lui…
Paradoxe de notre éternité lumineuse déterminée par nos choix tâtonnant le temps de nos brèves existences charnelles.
Paradoxe du seul être par nature sans péché et qui meurt pour nos péchés.
Paradoxe d’un Dieu qui renonce à lui-même pour ne pas renoncer à nous.
Paradoxe du Dieu immortel qui meurt sur une croix et tue ainsi la mort elle-même.
Paradoxe d’un péché détruit, de la mort vaincue mais dont la guerre contre nous continue.
Etc.  
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En ce monde, notre foi est à jamais paradoxale, incertaine, mystérieuse, sacrée.
A chaque eucharistie, nous proclamons notre foi avec des symboles ecclésiaux dont la signification nous échappe en partie.
A chaque baptême, le célébrant demande « est-ce bien dans la foi d’Eglise que nous venons de proclamer que vous voulez être baptisé ? ». Foi de l’Eglise et non foi du baptisé ni de ses parents, parrain marraine ni même la foi balbutiante du prêtre ; foi de l’Eglise dont le Christ Jésus est lui-même la tête, la source vive et la flamme ardente.  
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Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !  
Ce baptême que Jésus doit recevoir, n’est pas une plongée dans l’eau mais une plongée dans la mort.
Lui qui a renoncé à sa condition divine pour s’immerger dans notre nature et notre condition humaine, a accepté, choisi, voulu, que cette immersion soit totale depuis son incarnation dans le sein de Marie jusqu’à l’épreuve de la mort.
Finalement, son baptême ne sera pas une immersion mais une mise en terre, une plongée de 3 jours dans la mort.

  Rm 6.3 baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés ?[4] Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle.
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On a fait de nos jours de la triple aspersion baptismale une référence à la Trinité sainte : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du St Esprit. »
Mais le sens fontal de la triple immersion baptismale c’est le rappel des 3 jours de Jésus dans la mort pour mieux accueillir sa résurrection.  
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Feu et eau.
Plus qu’un paradoxe, le baptême n’est ni un début ni une fin : puisse-t-il être en chacun une doxologie ! un hymne vivant à la gloire de Dieu.