Homélie du dimanche 26 juin 2022, 13ème TO C, abbé THEBAUT

déterminisme

« Seigneur, veux-tu que nous ordonnions
qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? »
 

Les disciples Jacques et Jean se montrent sans doute un peu trop zélés pour Dieu et surtout promptes à agir au nom et à la place de Dieu.
Mais une autre perversion existe comme en miroir, celle de vouloir laisser Dieu agir à notre place.  
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« Seigneur, veux-tu que nous ordonnions
qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? »
 

Tout au long de notre histoire humaine, y compris au sein du christianisme, certains, généralement pleins de bonnes intentions, ont voulu parler, agir, pour, au nom et à la place de Dieu.  

Tant qu’il s’agit de faire le bien, combattre la misère, soigner les malades, favoriser l’éducation etc. alors AMEN alléluia !
L’Eglise s’est heureusement illustrée ainsi dans l’histoire, en particulier à travers ses saints, saintes et saints quels nous donne d’ailleurs en modèles.  

Mais à partir du moment où on prétend agir au nom de Dieu, tout devient alors un bien en vertu du but final recherché. Et malheureusement, alors même le mal absolu de la guerre se targue du titre de « guerre sainte » tandis que l’extermination des impies devient en apparence une œuvre pie, le bûcher un holocauste.  

Mais Jésus, se retournant, les réprimanda.  
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« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » aurait ainsi dit  Arnaud Amaury, légat du pape, lors de la croisade contre les hérétiques albigeois en 1209 !  
Les fanatiques musulmans ou hindous ne disent pas autre chose… Et l’on a longtemps béni, nous chrétiens,  non seulement les soldats partant en guerre mais aussi leurs armes…  

Et encore, je ne veux parler que de ceux qui croient faire la guerre au nom de Dieu et non pas des hypocrites qui utilisent Dieu pour justifier leurs guerres.  
Mais comment faire la différence entre Jeanne d’Arc écrivant sur sa bannière JHESUS, MARIA. et Sadam Hussain ajoutant sur le drapeau de l’Irak la formule Allahou Akbar ?  
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Glissement : Agir au nom et à la place de Dieu ; demander à Dieu de combattre pour et à travers nous ; laisser Dieu combattre à notre place.  

Laisser Dieu combattre à notre place, agir à notre place, choisir à notre place.
C’est à la fois  trouver une excuse facile à notre propre inaction ; et  faire de Dieu le grand responsable, pour ne pas dire le grand coupable du mal qui existe ne serait-ce que par son inaction apparente à Lui…  

Laisser Dieu combattre à notre place, agir à notre place, choisir à notre place. C’est aussi faire de Dieu le grand manitou qui contrôle la vie et la mort de tous et faire ainsi de l’humain une marionnette entre ses mains !  

Telle n’est pas notre foi ! tel n’est pas notre Dieu !
 
Frères,
    c’est pour que nous soyons libres
que le Christ nous a libérés.
 

Retomber dans un déterminisme ou un fatalisme dans lequel Dieu contrôlerait nos vies reviendrait à renier la victoire du Christ sur la mort, à renier notre foi en Jésus, Dieu Sauveur !  
Et d’ailleurs même le salut qu’il nous a offert en sa Pâques, nous sommes libres de l’accepter ou non car telle est la manière d’agir de Dieu avec nous.  
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Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau.
[.] Élie répondit : « Va-t’en, retourne là-bas !  Je n’ai rien fait. »
 
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Il n’y a que dans et par la foi que nous pouvons discerner l’œuvre de Dieu en ce monde et donc lui dire merci ou lui adresser nos prières de demandes.  
Nous devons agir en ce monde  comme si tout ne dépendait que de nous sans jamais cependant nous prendre pour Dieu  et tout en sachant que tout ne dépend que de Lui.  
L’équilibre à ce dilemme, équilibre instable comme tout équilibre dynamique, c’est dans l’Esprit saint qu’il nous est donné :

Je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint