homélie du dimanche 3 avril 2022, 5ème de Carême C, abbé THEBAUT

féminiser l’Eglise

« Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.  
Toute seule ?
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Dans l’adultère on n’est jamais seul.
Alors où est le partenaire adultérin de la femme de l’Evangile ?  

La question ne se pose pas vraiment à l’époque de Jésus et dans une société patriarcale.  

Et pourtant, a priori pour l’adultère, il faut être au moins 2 et alors, nous dit Jésus, les 2 sont adultères.  
Mc 10,11-12 “Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à son égard ;et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère.”
A partir du moment où une personne mariée trompe son ou sa conjointe, elle est adultère ainsi que son ou sa partenaire dans l’infidélité (étant entendu que le divorce éventuel de l’un ou l’autre étant nul et non advenu d’un point de vue religieux, cela ne changerait pas la qualification d’adultère quand bien même la faute en serait sans doute atténuée).
Cette conception symétrique de l’adultère est comme une invention du christianisme :  en JC, il y a égalité parfaite entre l’homme et la femme.  
Ga3  [27] Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : [28] il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus.
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Cependant, de même que l’esclavage a longtemps perduré dans le monde le monde chrétien, de même y  existe-t-il encore souvent des différences de traitements appliqués selon  l’origine de la personne ou sa religion et même en fonction de son sexe : notre société après 2000 ans de christianisme est encore largement patriarcale…
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A travers une démarche synodale mondiale, le pape François a invité l’Eglise, notre Eglise catholique romaine, à repenser sa manière d’être et de fonctionner.
Le souhait du pape François est de donner plus de place dans le gouvernement de l’Eglise aux laïcs, hommes et femmes.  

Ainsi, vient-il de promulguer pour le 5 juin prochain, une réforme de la Curie romaine transformant les « secrétairies » ou ministères d’état du Vatican toutes présidées par un Cardinal en dicastère pouvant être dirigé par des laïcs, hommes ou femmes.  
Cette laïcisation des instances de gouvernement de l’Eglise est à penser à tous les niveaux de notre vie ecclésiale : cela revient à séparer éventuellement la fonction de gouvernement de l’état clérical.
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Au niveau paroissial par exemple, certes, le Conseil paroissial (mais ce n’est qu’un conseil) comprend des laïcs tant hommes que femmes, mais  le curé, responsable du gouvernent de la paroisse, est toujours un prêtre. Or si l’ordination confère la capacité à célébrer validement les sacrements in persona christi, elle ne donne pas pour autant magiquement les qualités et les compétences nécessaires à l’administration d’une paroisse…
Peut-être faudrait-il réussir à distinguer l’art de célébrer de l’art de gouverner et ainsi tout à la fois décléricaliser le gouvernement de l’Eglise et le féminiser.
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Is 43 Le Seigneur dit :« Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ?  
Toute germination est une petite mort, un changement à la fois difficile et nécessaire.
Que l’Esprit saint nous guide là où il le veut pour la plus grande gloire de Dieu.