homélie du dimanche 26 septembre 2021, 26ème TO B, abbé THEBAUT

journée mondiale du migrant et du réfugié

Nous sommes invités ce dimanche à marquer d’une manière particulière la journée Mondiale du Migrant et du Réfugié.  

J’aurais sans doute pu avec beaucoup d’acrobaties utiliser en ce sens les textes bibliques de la liturgie de ce dimanche :
* Faire un parallèle entre « Eldad et Médad » et les exclus de notre occident économiquement développé cherchant à s’y intégrer
Ou encore
* Utiliser la lettre de Jacques pour nous donner des scrupules de riches envers ceux des pays pauvres
Voire même avec beaucoup d’imagination
* sortir de son contexte le « Ne l’en empêchez pas » de Jésus en l’appliquant à la thématique du migrant et du réfugié.

  Seulement voilà : la Parole de Dieu ne doit pas être utilisée ! on n’a pas à lui faire dire ce que l’on voudrait mais à l’accueillir honnêtement pour ce qu’elle est.
En cela d’ailleurs, elle est un peu comme le migrant et le réfugié.
*************** 
La Parole de Dieu est sacrée.
On la reçoit comme un don de Dieu malgré ses défauts, ses lourdeurs, ses anachronismes, toutes ses limites dues à ses rédacteurs humains quoique inspirés.
On la prend dans son entier, en essayant de ne pas la caricaturer par un élément particulier de tel ou tel texte qui la compose.
On l’accepte telle quelle est, sans chercher à la modifier mais en essayant toujours plus de la comprendre et de découvrir en quoi elle nous modifie nous-mêmes.
Nul ne devrait ignorer la Bible et nul ne devrait être empêché de témoigner de La Parole de Dieu.
Elle a des droits et tous les humains y ont droit.  
————-
Aucune restriction à l’annonce de la Bonne Nouvelle ou évangélisation ne saurait être légitime.
La laïcité doit garantir la libre expression des religions ou de leur négation, dans l’espace public.
*****************
Toute personne est sacrée.
Chacun devrait avoir le droit de vivre dignement dans la paix et la sécurité ; toute personne devrait avoir le droit de se déplacer librement et même de migrer, que ce soit pour son plaisir, son bien-être, son mieux-être et évidemment pour sa survie.
On ne choisit pas forcément l’immigrant et on ne saurait sélectionner les réfugiés : ce ne sont pas toujours des cadeaux mais nous sommes donnés les uns aux autres avec nos défauts, nos limites, nos faiblesses et n’en doutons pas aussi nos richesses parfois cachées.
L’immigrant se doit de respecter le pays qui l’accueille, ses habitants et leurs coutumes légitimes ; le pays hôte se doit de respecter la différence de l’arrivant, ses us, son histoire, ses croyances.
Migrant et hôte ne doivent pas chercher à transformer l’autre mais accepter et même choisir de se laisser transformer mutuellement l’un l’autre.
————- 
Comme chrétiens, nous ne pouvons pas nous contenter d’accepter comme immigrants seulement de « bons chrétiens ».
D’une part cela serait contraire à l’Evangile puisque Jésus a rencontré et guéri aussi des païens, 
mais encore cela reviendrait finalement à la fois à vider les pays d’origine migratoire de tout chrétien et à la fois à priver peut-être l’immigrant païen ou autrement croyant de rencontrer Jésus Christ à notre contact !
*********** 
La Bible a été +/-  traduite dans toutes les langues.
Chaque traduction est à la fois une perte et un gain, chaque langue ayant ses limites et son génie propres.

Quand un passage des Ecritures me semble par trop obscur je compare diverses traductions et éventuellement me replonge dans le texte original en grec ou en hébreu pour y trouver un nouvel éclairage.  

La diversité des langues et des cultures n’est pas une malédiction mais une grâce, une chance donnée à la charité, à l’amour de l’autre et du Tout-Autre.  

[I Corinthiens 13] 1-2 Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, [.] je ne suis rien.