Au-delà de la consécration et de la bénédiction des huiles, au-delà du renouvellement des engagements des prêtres, la messe chrismale est le signe donné aux hommes de l’unité de l’Eglise et de l’action permanente et décisive de l’Esprit Saint. Tous, nous avons été marqués par l’huile sainte, l’huile de la joie qui nous a constitués en un peuple saint et c’est ce peuple rassemblé qui reçoit l’annonce de son salut, de sa délivrance du péché et de la mort.
Consacrés par l’onction
A celui qui a été consacré par l’onction revient la mission “d’annoncer la bonne nouvelle aux humbles, de guérir le cœur brisé, de proclamer aux captifs la délivrance, aux prisonniers leur libération”, à l’imitation de ce que fit le Seigneur lui-même, envoyé sur cette terre pour porter la Bonne nouvelle aux hommes, en commençant par les plus pauvres, les plus humbles, les plus meurtris. Comment, en ce jour, ne pas tourner notre regard vers ceux qui aspirent à recevoir cette onction, les malades, les soignants, leurs familles, les catéchumènes qui demandent à l’Eglise, avec la grâce du baptême, l’espérance de la vie éternelle et la joie du salut, la foule des pécheurs que nous sommes, appelés au pardon ?
Ces huiles sont pour eux. Elles viendront leur offrir dans la foi et l’espérance toute la force que Dieu veut répandre sur son peuple pour le conduire jusqu’à l’accomplissement définitif des promesses. Oui, Dieu se donne aujourd’hui comme il s’est donné jadis par les prophètes, comme il s’est livré dans le Christ, comme il se donne pleinement dans les sacrements. Il se donne en vérité, en plénitude et parfaitement pour ceux qui se préparent à le recevoir et qui déjà se remettent en route, tournés vers leurs frères.
Annoncer le Royaume
Recevoir le don de Dieu, c’est recevoir avec la vie éternelle, le souci et l’amour du frère. Chers frères dans le sacerdoce, Dieu vous a choisis pour être “servants de Dieu”, comme le rappelle le prophète Isaïe. Votre mission, malgré les difficultés et parfois les souffrances, donne à votre vie de chaque jour la saveur de l’Evangile, la saveur de cette bonne nouvelle que vous êtes chargés de porter au monde, de partager aux hommes avec le Pain et le vin de la joie. Pour ceux qui sont les agents de la culture de la mort dans notre pays, la culture du déchet, comme le dit le pape François ; pour tous les tyrans de Birmanie et d’ailleurs, cette bonne nouvelle est signe de contradiction.
Les hommes et les femmes de ce temps ne se tromperont pas. Ils sauront détecter en vous l’authenticité de la foi qui vous fait vivre. A vous, les diacres, que l’Esprit Saint vous guide pour trouver des voies nouvelles pour le service des hommes. Ce monde a faim et soif de Dieu, il a faim et soif de justice, de partage et de fraternité, mais en cherchant tout cela, il peut s’égarer dans des chemins sans issues.
A vous, il appartient d’accompagner vos frères et sœurs et de les servir. A vous, religieux et religieuses, de témoigner de la beauté de la chasteté, de la pauvreté voulue dans la vie matérielle, de la fraternité, de l’ouverture à l’international ; à vous, laïcs en mission, et vous peuple des baptisés, sachez que Dieu compte sur vous pour que rayonnent son amour et la gratuité de ses dons. Pour cela il vous donne sans compter sa joie, son amour, son pardon et surtout il se donne lui-même afin que nous grandissions tous unis en humanité et en sainteté.
En étant à l’écoute de la terre et des pauvres
Le saint Père, dans l’encyclique Laudato Si (Loué sois-tu, Seigneur), nous invite à louer le Seigneur pour la nature qui est un don et qu’il ne s’agit pas de sauvegarder pour la transformer en parc naturel avec des allées bien taillées, mais dont il faut prendre soin, ce qui est plus exigeant. Le Pape nous invite à écouter le cri de la terre et la clameur des pauvres !
Prendre soin de la nature et de nos frères et sœurs afin que chacun trouve sa place, afin que chacun soit sauvé et pour cela, chers amis consacrés, Dieu a besoin de vous, pour que vous indiquiez le chemin qu’il trace. L’histoire nous apprend que dans le champ de la création, l’être humain produit, agit, mais que ses initiatives sont aussi source de dégradation de la nature et d’humiliation des autres. Toute l’aventure humaine pose la question du salut de l’homme et du soin ou du manque de soin de la création qui lui est confiée, comme elle l’est à un serviteur.
La crise écologique, la pandémie que nous subissons rendent plus urgentes ces questions. Les échanges que nous avons dans la cité et entre chrétiens, y compris dans notre diocèse, et la semaine dernière, entre évêques, sur le sujet de la création et de la production, nous montrent que seule une abondance de vie spirituelle peut nous permettre de vivre une sobriété matérielle et en cela la vie fraternelle sous toutes ses formes, notamment la vie religieuse nous indique un chemin à suivre. Seigneur, avec le psalmiste, nous te disons : «Tu es notre Dieu, notre père, notre roc, notre salut », nous savons que tu nous gardes ton amour et que ton alliance est fidèle !