Cathédrale St Pierre (Rive Gauche)
“Il y a une chose que je sais : j’étais aveugle et maintenant je vois”
À travers de nombreuses images et symboles, saint Jean nous révèle l’identité de Jésus. Il est le vin nouveau des noces de Cana ; le bon pasteur qui guide ses brebis ; l’eau fraîche du puits de Sikar ; le pain partagé avec la foule au désert ; le nouveau temple de Dieu ; la lumière du monde ; le chemin, la vérité, la résurrection et la vie. On retrouve dans tous ces textes la proclamation pascale de la divinité de Jésus.
Le thème de la lumière apparaît à cinq reprises dans l’évangile de Jean et il affirme que Jésus est la Lumière du monde. L’épisode de la guérison de l’aveugle de naissance est une illustration de cette révélation évangélique.
Sur les 41 versets du récit d’aujourd’hui, deux seulement (vv. 6-7) concernent la guérison de l’aveugle proprement dite. Cela nous indique que l’intérêt de l’évangéliste ne porte pas sur le côté merveilleux et extraordinaire de la guérison, mais plutôt sur sa fonction de signe et de révélation. Saint Jean nous dit que «ces signes (ou miracles) ont été mis par écrit, pour que nous croyions que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant nous ayons la vie en son nom». (Jn 20, 31)
Dans l’art chrétien des catacombes, la scène de la guérison de l’aveugle de naissance apparaît six fois, et presque toujours comme illustration du baptême. À partir du IVe siècle, le texte d’aujourd’hui, avec celui de la rencontre de la Samaritaine (dimanche dernier) et celui de la résurrection de Lazare (dimanche prochain), préparaient les nouveaux chrétiens à recevoir le baptême pendant la Liturgie de la Vigile de Pâques. Cette nuit-là, les nouveaux baptisés remontaient de la cuve baptismale en chantant le Psaume 22 (Le Seigneur est mon berger), et recevaient le sacrement de confirmation et participaient à leur première Eucharistie. Le baptême était vu comme le début d’une relation avec Dieu, une source d’eau vive, une vie nouvelle. Il permettait de faire partie du Royaume de Dieu.
Ces textes des dimanches de Carême étaient une préparation pour les catéchumènes mais ils invitaient aussi tous les chrétiens à renouveler leurs promesses du baptême. La foi n’est jamais statique ; elle est un cheminement, une croissance, une maturation qui progresse tout au long de la vie et chaque année le temps du Carême devient une excellente occasion d’approfondir notre foi et de la rendre plus mature.
Le texte d’aujourd’hui raconte donc beaucoup plus qu’un miracle. La rencontre de Jésus et de l’aveugle de naissance survient peu de temps après que le Seigneur eut dit : «Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marche pas dans la obscurité, et il a la lumière de la vie». (Jean 8, 12) Le Christ a permis à l’aveugle de voir avec ses yeux mais surtout, Il lui a donné une nouvelle vision de la vie et du monde.
L’aveugle incapable de distinguer la lumière et les couleurs est l’image de tout être humain désorienté, qui cherche à voir et à comprendre. Nous sommes habitués à ne percevoir que l’extérieur des choses, l’aspect le plus superficiel. Notre culture affirme que les gens sont beaux en fonction de leur beauté physique, de leurs vêtements, de leurs belles maisons, de leurs autos de luxe, de leur position sociale, de leurs grandes richesses. Mais cela peut être un masque qui cache une réalité beaucoup plus angoissée et beaucoup plus vulgaire. Saint-Exupéry dans son livre Le petit prince disait : «On ne voit bien qu’avec le cœur».
Nos rencontres du dimanche nous permettent de voir avec le cœur, de voir le monde à travers les yeux de Dieu. En ces jours de confinement à cause d’une épidémie, Jésus nous invite à améliorer notre façon de voir les choses. Il nous propose une nouvelle vision de la vie de famille, de notre relation avec les autres, de notre capacité de pardonner, de notre fragilité humaine, de la maladie et de la mort. Il nous invite à voir tout cela avec les yeux de Dieu !
Cette nouvelle vision peut nous apporter la joie, la sérénité et la paix. Dieu est avec nous, Il nous accompagne et nous offre une solution d’amour aux problèmes quotidiens. C’est ce que dit Saint Paul : «Jadis vous étiez ténèbres mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur ; conduisons-vous en enfants de lumière ; car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité» (Éphésiens 5, 8-9).
Nous, les chrétiens, ne pouvons pas nous contenter d’être illuminés ; nous devons aussi être des «témoins de la lumière». (Jean 1,8) Dans le drame de Paul Claudel, Le Père humilié, la jeune fille aveugle disait à un chrétien : «Vous qui voyez, qu’avez-vous fait de la lumière ?». Aujourd’hui c’est l’occasion pour nous poser la question : Et nous, disciples de Christ, qu’est-ce que nous faisons de la lumière reçue ? Dieu soit loué.
P. Sergio Perez IVI, Curé de Saintes RG
Abbaye aux Dames (Rive droite)
Introduction : Jésus le Christ, Lumière intérieure, ne laisse pas les ténèbres me parler. Jésus le Christ, Lumière intérieure donne-moi d’accueillir ton amour.
Recouvrer la vue pour accueillir et contempler la lumière qu’est Jésus. Voilà le sens du message de ce jour. Chers amis, Dimanche passé, nous avions assisté à la sublime rencontre de Jésus avec la femme de Samarie. Jésus assoiffé et fatigué attendait au bord du puit de Jacob. Quelle leçon de fragilité ? Quelle leçon de vulnérabilité ? Vraiment, il y a des rencontres improbables qui changent radicalement le coup de nos vies. C’était l’effet de cette fabuleuse rencontre. Une rencontre qui nous invitait à plonger nos racines, nos vies dans la source profonde d’eau vive et intarissable qu’est Jésus pour ainsi mieux s’implanter, mieux fleurir et ne plus avoir soif.
Quant à ce quatrième dimanche de carême, nous sommes invités à recevoir la lumière divine qui irradie notre être, notre histoire, notre vie. Aujourd’hui, c’est dans un changement de décor que se réalise notre rencontre avec le Seigneur qui nous connaît depuis notre naissance. Il est avec nous et nous aime depuis le premier jour de notre venue au monde. Aujourd’hui, c’est le lieu d’une rencontre de retournement et de transformation des yeux de nos cœurs. Passer le désert de nos cécités pour nous introduire dans la lumière bienveillante de l’amour de Dieu. La grâce de Dieu se manifeste à profusion en nous aujourd’hui.
L’odeur du parfum à inhaler aujourd’hui, est la lumière jaillissante de Dieu de nos obscurités de nos ténèbres. Dieu vient faire briller les lumières de notre vie, les lumières de notre monde. Dieu vient nous libérer de nos peurs aujourd’hui.
Jésus nous plonge dans une guérison inhabituelle et délicate. Jésus fit de la boue avec la salive et lui appliqua sur les yeux. Pourquoi cette méthode ? En choisissant cette forme particulière de Guérison Jésus intègre notre humanité dans sa forme la plus profonde. Jésus nous montre également que pour croire en Lui et le confesser comme Seigneur et sauveur cela nécessite du temps et c’est un long processus. Aussi devons nous savoir que le chemin de foi rencontre toujours de l’hostilitilé. Il veut nous récréer à partir de notre humanité fragile. Notre naissance irréformable deviendra une histoire formidable avec Jésus. Le royaume est présent au milieu de nous et la nouveauté de notre vie devient une réalité. En utilisant la méthode de guérison qu’aurait employée selon l’histoire, l’empereur Vespasien vers l’an70, Jésus veut nous signifier qu’il y a plus grand que l’empereur ici et aujourd’hui. C’est une manière de nous inviter à entrer dans la présence du royaume de Dieu qui est présent au milieu de nous. Jésus apporte le royaume de Dieu dans notre histoire et particulièrement dans l’histoire de chaque personne aujourd’hui. Dieu nous intègre à nouveau dans la société, dans la communauté.
Oui chers amis, Jésus est notre lumière. Sans lui, il nous est difficile de voir clair, de comprendre clairement.
Aujourd’hui, c’est la lutte véritable entre les ténèbres et la lumière. C’est le triomphe de la vérité sur le mensonge, c’est le triomphe de la connaissance sur l’ignorance. Dieu veut nous faire advenir à quelque de nouveau. La clarté lumineuse vient entrer dans notre vie. La nouveauté vitale vient entrer dans notre histoire avec Jésus. A l’instar de ses disciples, Jésus nous fait entrer dans la pédagogie de l’appropriation de la grâce de Dieu. Les disciples ont besoin du temps pour entrer dans la lumière de la connaissance intime de Jésus. Et moi, comment prendrai-je aujourd’hui le temps pour mieux connaître Jésus ?
La vérité à chercher aujourd’hui est l’amour. La vérité à chercher aujourd’hui est la lumière du Christ. L’amour du Christ ne connaît pas de frontière. Jésus vient faire briller notre lumière. Il vient soigner ceux qui sont malades de jalousie et qui ne veulent pas voir les effets de la lumière qui brillent au milieu d’eux.
Aujourd’hui où notre planète est ébranlée, effondrée par le virus coronavirus,nous sommes invités à entendre la réponse de Jésus à ses disciples : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » Le Seigneur pleure d’amertume avec le monde entier. Dieu reste confiner aujourd’hui avec chacun de nous. Il ne peut jamais rester indifférent à la souffrance humaine. Aujourd’hui, Il est plus que jamais, proche de tous les malades. Il vient fortifier, encourager et remercier tous les soignants. Dieu vient éclairer les chercheurs dans la quête d’un vaccin efficace contre ce vilain mal. Soyons tous rassurés de la prière indéfectible de l’Église. Elle aussi ne nous abandonne point en ce moment de douleur et d’incertitude.
En ce Dimanche, nous sommes invités à méditer sur trois points. Avoir Dieu dans sa vie est une grande assurance pour surmonter les vicissitudes de la vie. Quel est mon regard sur le Christ aujourd’hui ? Sachons que quelles que soient nos peines, nos misères, nos cécités, Dieu a la réponse à tout. Il réside en nous et nous envoie nous laver dans nos piscines intérieures de Siloé afin de régénérer notre existence profonde.
Le peuple qui marche dans les ténèbres verra la lumière. Levons les yeux vers le Seigneur. Il vient faire toute chose nouvelle. Débarrassons-nous des fleurs qui se fanent en nos mains et avec confiance, allons vers le Seigneur qui vient recréer nos vies, nos histoires. Seigneur vient nous guider de l’ignorance à la connaissance, de la peur au courage, de la haine à l’amour.
Le principal but de notre vie est l’amour. L’amour chasse la peur et nous donne de rester dans l’action de grâce. Alors soyons reconnaissant et rendrons grâce à Dieu avec nos frères pour ses merveilles dans nos vies. Que l’Esprit-Saint nous procurer la lumière du cœur qui nous sort de l’enfermement des scribes et des pharisiens. Que nous proclamions les merveilles de Dieu comme cet aveugle de naissance et osons dire : J’étais aveugle, et à présent je vois. Amen.
Brice DEGBEY
Diacre