Évêque de La Rochelle et Saintes, Mgr Georges Colomb publie son premier édito de l’année pastorale 2016 – 2017. Il revient sur le pèlerinage diocésain à Lourdes, le pèlerinage à l’île Madame, et annonce le lancement d’une Année de la Fraternité dans le cadre de la perspective Diocèse 2023.
Chers amis lecteurs,
Voici la fin de l’été et la rentrée qui s’annonce. Chacun a pu, selon ses loisirs et ses moyens, prendre un temps de pause, de repos, de retrouvailles familiales, amicales dans le diocèse ou à l’extérieur.
Pour notre Communauté diocésaine, je retiendrai malheureusement les décès survenus cet été des pères Bernard Colineau et Christian Garraud. Mais aussi deux événements marquants plus heureux, pas forcément reposants au plan physique mais reposants et nourrissants au plan spirituel : le pèlerinage à Lourdes et les Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie.
Tout pèlerinage est un déplacement d’un lieu que nous quittons vers un autre qui nous accueille.
Lourdes est un lieu magique comme diraient les jeunes de Cracovie. C’est simplement un lieu béni par Dieu, c’est le lieu de la rencontre entre Marie, l’humble servante de Seigneur et Bernadette Soubirous, l’humble bergère de Bartrès qui a grandi au lieu dit ” le Cachot” dans l’une des familles les plus pauvres de Lourdes.
C’est elle qui avec le courage d’une sainte a répondu à l’abbé Peyramale, au commissaire de police, c’est elle qui est allée jusqu’au bout en disant du message de la Vierge Marie “On ne m’a pas demandé de vous le faire croire on m’a demandé de vous le dire”.
Belle leçon de promotion sociale, pourrait-on dire aujourd’hui, parce que la plus pauvre d’une petite ville des Pyrénées devient une grande sainte.
Belle leçon missionnaire par l’intrépidité, le courage et la persévérance de Bernadette qui est restée humble et cachée jusqu’à la fin de sa vie à Nevers.
Le pèlerinage, cette année, fut frappé du sceau de la miséricorde. Toutes les générations réunies ont fait l’expérience du passage de la porte étroite dont nous parle saint Luc au chapitre 13 de son Évangile. S’alléger pour le pèlerinage, pour la marche, pour passer par la porte étroite, repartir plus léger et prêt pour recevoir, pour accueillir la miséricorde de Dieu, n’est-ce pas une belle préparation de la rentrée que nous allons vivre ensemble ?
Les Journées Mondiales de la Jeunesse rassemblèrent un effectif supérieur à 80 Charentais-Maritimes en deux lieux différents du 18 juillet au 1er août.
Accueilli pendant une semaine dans le diocèse de Lowiz, notre petit groupe bénéficia de l’hospitalité de nos amis polonais. Chaque participant en garde un souvenir émerveillé et n’est pas prêt de l’oublier.
Temps de prière, d’action de grâce, de partages, de visites de nos églises dans ce pays, de découvertes des grands témoins que furent saint Maximilien Kolbe, sainte Faustine, le Bienheureux Jerzy PopIelusko sur la tombe duquel nous sommes allés nous recueillir à Varsovie, après avoir visité le musée qui, de sa naissance à son martyre en 1984, nous parle de la beauté et de la sainteté de ce prêtre. Ce fut une invitation au recueillement et au questionnement pour chaque jeune.
Sur le chemin qui nous conduisait à Cracovie, l’étape à Jasna Gora s’imposait pour s’imprégner de l’histoire de ce lieu, symbole de la Pologne indépendante et libre.
La deuxième étape du pèlerinage à Cracovie fut marquée par la venue du Saint-Père, la profondeur des enseignements reçus, la beauté et le renouvellement des célébrations. Ce fut donc, pour chaque jeune, l’occasion de vivre la catholicité de notre Eglise.
Le Pape François n’a pas manqué d’interpeller chacun en disant :
– Chaussez les chaussures à crampons pour la mission
– Ne soyez pas la “génération canapé” qui s’amuse avec des jeux vidéos et laisse le soin à d’autres de préparer son avenir.
Les formules très parlantes du Pape porteront du fruit chez les jeunes qui ont pu nouer des amitiés durables avec les jeunes des autres pays et continents.
Les échanges leur ont permis de découvrir faiblesses et forces de notre Eglise et des Eglises sœurs et de se rendre compte que leur avenir est entre leurs mains, que l’avenir de l’Eglise dans notre diocèse est entre leurs mains avec la grâce de Dieu.
Cette belle expérience de fraternité vécue par les jeunes au plan intellectuel, spirituel et humain, est une bonne préparation pour eux à l’Année de la Fraternité dans laquelle nous allons entrer dans le cadre de la perspective “Diocèse 2023“.
Après l’Année de la Parole qui attira l’attention de tous sur la source de notre foi, de notre vie en l’Eglise, de notre engagement missionnaire et qui rassembla à l’Abbaye de Sablonceaux un millier de personnes, l’Année de la Fraternité nous permettra de réfléchir sur la dimension missionnaire de notre baptême.
Enfants d’un même Père, n’avons-nous pas à proposer un modèle de paternité à nos contemporains ?
La devise inscrite sur le fronton de nos mairies est-elle un slogan vide de sens, un objectif à atteindre ?
Pour nous, Chrétiens, notre richesse n’est-elle pas cachée dans ces deux mots “Père” et “Frère”: Père universel, frère universel ?
Quel type de fraternité voulons-nous montrer ? Voulons-nous vivre encore mieux ?
Comment cette fraternité est-elle mission ?
Nous allons vivre un temps fort de notre vie nationale en 2017 avec les choix que les Français seront invités à faire pour l’avenir de notre pays. Les débats sont nécessaires, les divergences d’opinion, les oppositions sont légitimes. Pouvons-nous les vivre dans le respect de l’autre qui n’est pas comme nous ? Le Seigneur n’a-t-il pas partagé la table d’un collecteur d’impôts qui travaillait pour l’occupant romain ?
Nous mesurons tous combien ce choix du thème de la Fraternité est riche et porteur de sens pour chacun d’entre nous, pour notre Eglise, pour la France.
L’équipe pilote nous aidera dans notre réflexion tout au long de l’année.
Prions par l’intercession des martyrs des pontons de Rochefort que nous avons fêtés le 23 août avec Mgr Papin, évêque de Nancy et Toul, lors du pèlerinage diocésain à l’île Madame. Que le don de leur vie soit semence de vocations sacerdotales pour notre diocèse. Que ceux qui ont voulu, après la Terreur, se consacrer à la reconstruction de notre pays en pardonnant à leurs bourreaux soient des exemples de force et d’humilité pour chacun, de réconciliation et de paix dans notre vieux et grand pays meurtri par les blessures de son histoire.
En paraphrasant la parole de saint Jean Paul II, nous pouvons adresser cette prière à Dieu : “France, fille aînée de l’Eglise : souviens-toi de ton baptême”.
+ Mgr Georges COLOMB
Évêque de La Rochelle et Saintes
Septembre 2016