L’établissement bénéficie de généreux bienfaiteurs ; des hommes de foi de grande valeur contribuent à la constitution d’une bibliothèque de 6000 volumes où prédominent les matières enseignées : l’histoire, la littérature et la théologie. La qualité de l’enseignement y est reconnue par tous, elle est placée sous la responsabilité successives des Vicaires Généraux l’Abbé Richard et ensuite l’Abbé Rainguet.
C’est sous l’administration de ce dernier qu’est instituée « l’Académie de Notre Dame de Saintonge » dont le but est de motiver les meilleurs élèves de l’établissement. Son fonctionnement a pour modèle celui de l’Académie Française. Depuis toujours il existait des concours littéraires, des journaux de classe et des compositions françaises ; les meilleurs productions étaient lues au réfectoire ou au cours des petites manifestations solennelles. Après la rentrée de 1854 et pendant dix huit années, Rainguet institue le règlement suivant : les 12 meilleurs élèves des premières classes présentent chacun trois travaux ayant pour thème la langue latine, la littérature et les sciences. Un bureau « d’académiciens » élus à bulletins secrets chaque trimestre et se dotant d’un président est tenu de juger les travaux présentés. Les meilleurs devoirs sont choisis pour être présentés en séance publique après un discours de réception et compliments du même style dignes d’une solennité empruntée à la « grande » Académie.
Après avoir été professeur à l’Institution diocésaine de Pons, Augustin Ringuet devint Vicaire Général du diocèse et Supérieur du Petit Séminaire de Montlieu de 1837 à 1871, à l’exception d’un retrait volontaire de trois années, allant de 1844 à 1847. Chargé par l’Evêché de créer un séminaire, il fut à l’origine des importants travaux liés à la construction de l’édifice.
Le 24 juin 1855, il organisa à Montlieu une grande journée pour la translation des reliques de Saint Ixile, jeune martyr de 13 ans dont le corps avait été découvert dans les catacombes de Rome en 1834.
La fête rassembla 10 000 personnes. Par la suite, saint Ixile devint le saint patron du Petit Séminaire et fêté chaque année par une grande procession, le premier dimanche de juillet, précédant les vacances scolaires. Le souvenir d’Ixile se perpétua longtemps car on donna ce prénom à de nombreux bébés de la région.
Augustin Rainguet fut aussi un écrivain et un poète. Il publia en 1861, une tragédie surnommée « Ixile ». Elle fut interprétée par ses élèves mais aussi dans de nombreux séminaires. Il écrivit d’autres pièces de théâtre comme « Idylles saintongeaises » et « Sainte Eustelle » dont l’interprétation était un véritable cours de diction de la langue française. Pédagogue hors pair, il encourageait ses professeurs à enseigner des disciplines peu connues à l’époque comme l’archéologie, l’astronomie ou la géologie. Enfin Ringuet contribua à la sauvegarde et à l’illustration du saintongeais en montant des spectacles en patois après avoir recueilli les mots et les expressions dans les villages des alentours auprès des habitants de la campagne.
Il était le frère de Pierre Damien Rainguet, notaire érudit de Saint-Fort, auteur en1864 des « Etudes littéraires et scientifiques sur l’arrondissement de Jonzac, Charente Inférieure.», œuvre parfois contestée , pour certains passages, par quelques écrivains contemporains.
Sources :
. Dictionnaire biographique des Charentes, éd. Le Croix Vif, 2005, p. 1087
. Lucien AUGIER, Montlieu et son canton du X° au XX° siècle, Année du Patrimoine, 1980, p.18, 1980
. Bruno ALBERT, Les sept dernières paroles de Roc, S.E.F.C.O n° 246, jan-fév ? 2005, p .58
Il va de soi qu’ensuite les meilleurs élèves sont élus à « l’Académie Notre Dame » et que le Président de cette « institution » est considéré comme l’élite de sa promotion.
Parmi les noms des présidents cités, nous retrouvons sans surprise celui de Pierre Théodore Fraineau, mais aussi celui de son cousin Léon Fraineau – attestant déjà toutes les qualités d’un garçon de grande valeur. Ses condisciples disent de lui qu’il avait l’esprit fin et enjoué, son amabilité, ses goûts artistiques déjà prononcés lui gagnèrent rapidement de l’estime et l’affection de tous. Il mettait de l’entrain dans les milieux où il se trouvait, comme acteur il jouait avec art et succès. Tous ses condisciples se souviennent de l’édifiant souvenir qu’il a laissé. Ainsi son passage est remarqué tant le jeune élève inspire le respect à ceux qui le côtoient.
Au XIX° siècle, le Petit Séminaire de Montlieu a ainsi contribué à l’éducation de jeunes garçons, plusieurs sont devenus des élus – municipaux ou politiques- et des responsables économiques du Sud Saintonge. Parmi les élèves et enseignants qui ont fréquenté l’établissement, il convient de nommer les deux frères Rainguet dont l’un est l’auteur de l’ouvrage bien connu Etude historique de l’arrondissement de Jonzac en 1864 ; nous noterons aussi le Dr Vigean, érudit local, originaire de Montlieu, auteeur de nombreuses notes sur l’histoire de la région, et deux évêques dont l’un Mgr Julien-Laferrière est originaire d’une vieille famille jonzacaise. Une soixantaine d’élèves sont devenus prêtres.
Durant 72 ans, le Petit Séminaire de Montlieu fut fréquenté par environ 2000 élèves. Il ferma ses portes en 1906 à la suite du vote de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. A l’issue de cette date, les documents furent dispersés non sans regrets laissant le souvenir d’une éducation solide et sérieuse donnée à tous ceux qui eurent la chance de fréquenter l’établissement. En 1914, le Petit Séminaire fut transformé en Hospice Départemental pour les viellards et les personnes en difficulté. Le premier directeur de cette institution fut Eugène Poitevin, père du célèbre Goulebenèze. Aujourd’hui, une Maison de retraite, propriété du Conseil Général de la Charente Maritime, occupe les locaux.
C’est dans ce contexte tout à fait favorable que Pierre Théodore Fraineau s’engage sur la voie de l’apostolat lorsqu’il quitte le Petit Séminaire en 1865.
Reliques de Saint Ixille et leur venue à Montlieu
Le supérieur de l’ex-séminaire de Montlieu, Mr RAINGUET, voulait un patron-protecteur du Petit Séminaire : ce fut saint Isille, jeune martyr de 13 ans dont le corps, avec une fiole de sang, avait été découvert dans les catacombes de Rome, l’année même de la fondation du séminaire, en 1834. Ses reliques, d’abord déposées à Orignolles, furent accueillies avec solennité le 24 juin 1855 par une procession triomphale à travers les rues, fête inoubliable qui rassembla près de 10000 personnes. Le prédicateur en fut le père jésuite Nampon qui avait obtenu de Rome les reliques. Ensuite chaque année, le 2° dimanche de juillet (avant les vacances d’alors) jour de sa fête et non le 24 juin, une procession se déroulait à Montlieu en l’honneur du saint. La dernière permise eu lieu en 1906. L’année précédente, on avait fêté avec solennité le cinquantenaire de la réception des reliques. Les anciens élèves du séminaire firent encore la procession après la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, malgré les procès verbaux. Beaucoup d’enfants durant cette période reçurent Ixille comme prénom. Nous le trouvons sur le monument aux morts de La Garde. Le séminaire avait depuis 1857 sa maison de campagne, baptisée Mont-Ixille, à l’extrémité sud de Challaux.
Le Petit Séminaire est, aujourd’hui, devenu l’E.H P.A.D.
La Maison de Retraite de Montlieu-La-Garde était à l’origine une école de garçons presbytérale, fondée par l’abbé Chauvin en 1834. En 1847 elle devint “petit séminaire” du diocèse de La Rochelle jusqu’en 1906. En 1911, le conseil général de la “Charente Inférieure” décide de sa transformation en asile départemental de vieillards. En 1956, par décret, l’hospice devient un établissement public autonome.
Le 1″ janvier 1992, l’hospice est transformé en maison de retraite départementale “Le Roch”. Elle a ensuite fusionné avec la Maison de Retraite de Montendre le 1-janvier 1999, constituant ainsi l’E.P.D. “Les 2 Monts”. C’est un Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes depuis le 1-janvier 2004 (E.H.P.A.D.). L’établissement est habilité au titre de l’Aide Sociale et a conclu une convention avec le département et la D.D.A.S.S. qui l’autorise à accueillir des personnes âgées dépendantes.