« Vivre en ressuscités »

Editorial du numéro de Mai 2023 du journal paroissial “Au Fil de l’Antenne“.

Au moment d’écrire cet éditorial, nous sommes au début de la Semaine sainte qui va nous conduire à Pâques et j’ai du mal à me projeter sur le mois de mai… Veuillez m’en excuser.

Cette semaine nous allons revivre en Eglise la Passion de Jésus, qui se conclut par sa mort sur la croix, et sa Résurrection. Durant la veillée pascale, la nuit de samedi à dimanche, deux personnes adultes seront baptisées dans notre paroisse (ils seront une trentaine en Charente maritime et environ 4 000 en France). En 2023, entre 25 et 30 enfants pourraient être baptisées dans notre paroisse.

Le geste le plus important dans un baptême est le moment où on verse un peu d’eau sur la tête du baptisé[1]. L’eau est symbole de vie : sans eau, il n’y a pas de vie, ni pour la terre, ni pour les plantes, ni pour les animaux, ni pour les hommes. Et l’eau du baptême est symbole de vie éternelle. Cette importance de l’eau, ici-même dans notre canton rural, nous est rappelée par les épisodes de sécheresse que nous avons vécus cet été et même au cours de l’hiver. Les pluies, depuis plusieurs jours, sont les bienvenues et Alice me disaient la semaine dernière que les nappes se sont bien rechargées. On comprend aussi l’importance des stratégies de gestion de l’eau : quelles que soient nos positions, nous sommes interrogés par la problématique des « réserves de substitution » ou « bassines ».

Le signe de la croix tracée sur le front du baptisé, en signe d’accueil dans la communauté d’Eglise, nous rappelle, bien entendu, celle de Jésus. Cette croix signe nos vies humaines de son empreinte. Elle est le symbole de nos épreuves : les souffrances physiques ou morales, les maladies, les séparations, les deuils, les échecs … Au plan individuel, comme au plan collectif : les guerres, en Europe comme dans bien des parties du monde, les migrants morts en Méditerranée ou rejetés dans nos pays, le niveau de vie mensuel des 10 % les plus pauvres qui stagne depuis le début des années 2000… La croix, c’est aussi la souffrance des personnes exclues ou abusées, dans l’Eglise ou ailleurs. Mais la croix est aussi le symbole de nos dons de soi, où, comme le Christ sur la croix[2], nous donnons notre vie pour ceux dont nous avons la responsabilité.

Au cours du baptême, les baptisés vont recevoir un cierge, allumé au « cierge pascal », symbole du Christ ressuscité qui est au cœur de la foi de l’Eglise. Par sa résurrection, le Christ nous montre que la vie est plus forte que la mort et nous invite à vivre en acteurs de cette vie en nous « ouvrant » au souffle de vie (page 2), en aimant nos ennemis (p. 3), en accompagnant les personnes à tous les stades de la maladie et en fin de vie (pages 4 et suivantes) … 

Cette séquence de la semaine pascale concerne bien nos vies, personnelles et ensemble, et nous sommes invités dès à présent à vivre en ressuscités…

Guy Auburtin, curé de la paroisse du Pays de Matha


[1] Le mot baptême vient d’un mot grec (βαπτίζω , baptízô) qui signifie plonger dans l’eau. Aux premiers temps de l’Eglise, on baptisait par immersion : le baptisé était plongé dans l’eau et la tête maintenue sous l’eau, revivant ainsi ce qu’écrit saint Paul « nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. » (Epitre aux Romains 6,3-4)

[2] « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » (Jean 10,18)